Tribune
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Publié le 20 Novembre 2014

Reconnaître l’État palestinien? Cela ne changerait rien aux données du conflit

Par Luc Rosenzweig, publié dans Causeur le 19 novembre 2014

Les parlementaires français veulent montrer leurs muscles, et donner l’impression qu’ils sont en mesure d’influer sur la marche du monde. C’est le sens et l’objectif des deux projets de résolution, l’un présenté par le groupe socialiste à l’Assemblée nationale, inscrit à l’ordre du jour de la séance du 28 novembre, l’autre par le groupe communiste au Sénat, qui sera discuté le 11 décembre au palais du Luxembourg.

Le premier n’est pas encore finalisé, car les discussions sont âpres au sein du PS sur la tonalité à donner à ce texte, en raison du souci d’attirer le vote favorable d’une partie de l’opposition de droite. Celui du Sénat est la reprise pure et simple des revendications formulées par l’Autorité palestinienne sur la scène internationale, et n’a donc aucune chance d’obtenir une majorité à la haute assemblée.

Ces initiatives s’inscrivent dans un mouvement général, où l’on a pu voir, ces dernières semaines, le gouvernement suédois reconnaître, par décret l’État palestinien, la Chambre des communes britannique approuver une résolution dans ce sens avec les seules voix travaillistes (la majorité conservatrice n’a pas pris par au vote), et l’approbation quasi unanime par le Congrès des Députés espagnols d’un texte si édulcoré qu’il n’engage aucunement le gouvernement de Madrid à cette reconnaissance avant qu’un accord soit intervenu entre les deux parties…

C’est dire si l’on est encore loin d’un consensus européen sur une question dont la complexité surpasse celle du montage d’un meuble Ikea, comme l’a malicieusement souligné Avigdor Lieberman, le chef de la diplomatie israélienne en réponse à l’initiative suédoise.

On comprend bien le raisonnement des partisans de cette reconnaissance : le blocage des pourparlers de paix est tel qu’un signe fort doit être lancé pour qu’Israéliens et Palestiniens se remettent sérieusement à discuter d’une solution dont tous les éléments, ou presque sont déjà sur la table, désignés par l’expression « les paramètres Clinton »1. L’urgence  d’une reprise des négociations serait d’autant plus grande que le niveau de violence sur le terrain s’accroît de jour en jour, et que la « confessionnalisation » du conflit, alimentée par la montée du jihadisme, et la radicalisation des groupes ultrareligieux Juifs en transforment la nature pour le rendre totalement insoluble… Lire la suite.

1. Les « paramètres Clinton » sont ceux établis au moment des négociations de Camp David, au cours de l’été 2000, prévoyant notamment la création d’un État palestinien sur la base de la ligne d’armistice de 1967, avec des échanges de territoires pour tenir compte des réalités sur le terrain. 

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