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En cette soirée d’automne de l’année 2015, des supporters viennent soutenir leur équipe de football, des passants marchent dans les rues de Paris, des gens sont attablés dans des restaurants, d'autres assistent à un concert. La vie s’égrène ainsi en son habitude, comme il est d’habitude à Paris avec son concert de joie, de rires, de beautés, d’humanité, de divertissement, de plaisirs, d’amitiés, de loisirs. La vie en ce qu’elle porte de plus noble. Paris, n’est-elle pas ville lumière ? ville attachante, ville raisonnable, ville amicale, ville de rencontres, ville des mouvements perpétuels en sa chaleur humaine ?
Ceux qui viennent assister au match, ne se doutent pas que… Ceux qui sont attablés dans des restaurants dînent tout simplement et les jeunes qui assistent au spectacle dans la fameuse salle de concert du Bataclan sont heureux, parce qu’ils aiment la musique. C’est la fête, la fête quoi. La fête.
C’est alors que les bruits assourdissants d’explosions se font entendre, les balles crépitent, des gens hurlent, les passants courent, des jeunes tombent, des parisiens et des parisiennes meurent, sont blessés. Le sang, la douleur, l’horreur, le désespoir succèdent au bonheur. Paris est assiégé, Paris est attaqué, Paris est malmené, Paris souffre et pleure, comme en temps de guerre. Des fanatiques endoctrinés, des monstres viennent de semer la mort et la désolation. Paris éventré, en l'espace de trois heures. Mais, Paris ne tombera pas et se relèvera aussi vite, malgré la douleur.
Le 14 novembre, le procureur de la République de Paris, François Molins, tient une conférence de presse dans laquelle il livre le déroulé tragique des attentats :
21h20. Lors du match France-Allemagne au Stade de France, une première explosion a retenti rue Jules-Rimet à Saint-Denis, porte D. Deux corps ont été retrouvés. Le premier est celui du kamikaze portant un gilet explosif composé de «TATP, de piles, de boulons, et de boutons poussoirs». La seconde victime est un passant qui a été soufflé par l’explosion (1).
21h25. Au bar le Carillon et devant le restaurant le Petit Cambodge à l’angle de la rue Alibert et de la rue Bichat, des assaillants ont fait irruption armés de «fusils d’assaut de type kalachnikov». Ils étaient à bord d’un«véhicule noir pouvant être de marque Seat et de type Leon». Sur place, a été découvert une «centaine douilles de calibre 7-62». Le bilan est de 15 décès et de 10 victimes en «urgence absolue» (1).
21h30. Près du Stade de France, toujours rue Jules-Rimet, porte H, un kamikaze porteur d’un dispositif «identique à celui du premier kamikaze» a fait exploser son gilet, causant sa propre mort (1).
21h32. A l’angle de la rue de la Fontaine au Roi et de la rue du Faubourg-du-Temple, au bar la Bonne bière, des assaillants à bord d’un véhicule «de couleur noire et de marque Seat» tuent 5 personnes et en blessent 8 autres. Elles sont toujours dans une «urgence absolue». Là encore, une centaine de douilles de calibre 7-62mm est retrouvé (1).
21h36. Au 92, rue Charonne, au restaurant la belle équipe, des «individus à bord là encore d’une Seat de couleur noire» tirent plusieurs rafales causant la mort de 19 personnes. De nouveau, une centaine de douilles de calibre 7-62 est retrouvée (1).
21h40. Au bar le Comptoir Voltaire, au 23 boulevard Voltaire, un kamikaze actionne un «dispositif explosif identique» aux deux premiers kamikazes du Stade de France. Une personne est grièvement blessée, et d’autres «plus légèrement» (1).
21h40. Trois individus équipés d’armes de guerre, arrivent à la salle de concert le Bataclan à bord d’une Polo noire. «Ils entrent dans la salle et tirent en rafale en plein concert» avant de «prendre en otage les occupants dans la fosse». Selon le procureur de la République, «ils ont évoqué la Syrie et l’Irak». La BRI et le Raid donnent l’assaut à 00h20, au cours duquel trois terroristes se sont donné la mort en actionnant leur gilet d’explosifs, tandis qu’un autre a été tué par les forces de l’ordre bien qu’ayant aussi activé son gilet. Le bilan fait état de «89 morts et de très nombreux blessés» (1).
Le 13 novembre 2015, 130 personnes ont été tuées par des terroristes dans les rues, en terrasse ou en concert à Paris et Saint-Denis (2).
Ils/elles avaient un visage, un prénom, un nom, ils avaient une voix, ils avaient un rire et un sourire, ils avaient une vie.
Les monstres ont pris leur vie.
On ne peut s'empêcher de penser que, devant tant de barbarie et de monstruosité, nous devons, nous devrons rester ce que nous sommes : un peuple épris de liberté.
Ni oubli, ni pardon.
Notes :
1 : http://www.liberation.fr/
2 : Libération liste les noms et dresse un portrait de ces victimes. Les photos ne sont publiées qu'avec l'accord des proches http://www.liberation.fr/apps/