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Publié le 6 Février 2008

Dov Maimon rend hommage à l’Ambassadeur Jacques Huntzinger, défenseur du dialogue entre Chrétiens, Juifs et Musulmans

Question : Vous étiez ces derniers jours à Alexandrie, pour participer aux ateliers interculturels. De quoi s’agit-il ?


Dov Maimon : Ces ateliers « Euro méditerranée Golfe » rassemblent des intellectuels et des hommes politiques européens, arabes, et israéliens. Il s’agit d’essayer de développer une politique culturelle commune. Ils s’inscrivent donc complètement dans l’esprit du discours de Ryad, qui a été prononcé le 17 janvier 2008 par Nicolas Sarkozy, et de celui de Constantine, le 5 décembre 2007.
Ces ateliers constituent le volet culturel de la déclaration de Barcelone (1), à côté des questions économiques et politiques (2), parce que le rapprochement culturel fonde le soubassement des deux autres volets (économiques et politiques). Cet atelier constitue la troisième phase des rencontres qui ont eu lieu à Paris, du 13 au 15 septembre 2006 (3) et à Séville, en juin 2007 (4). Ils ont donné lieux à l’élaboration de projets concrets. En ce qui me concerne, j’ai été invité en tant qu’israélien par Suzanne Mubarak (l’épouse d’Hosni Mubarak) à assister et à participer à l’atelier des faits religieux. Le Grand Rabbin René Samuel Sirat assistait également à cet atelier. Nous avons proposé plusieurs grands projets qui ont été cosignés par les présidents des universités du Qatar, de Tunis et d’Alger.
Question : Quels ont été ces projets ?
DM : Je citerai notamment le projet « Erasmus-théologie» (5) qui permettra un échange d'étudiants en sciences religieuses qui pourront ainsi apprendre à connaître et à respecter les autres traditions religieuses. Il y aussi le projet d’université tournante d’été qui d’été qui rassemblera des étudiants en sciences sociales et de futurs prêtes, imams et rabbins pour étudier les textes religieux de chacune des religions monothéistes. Il s’agit aussi de s’intéresser aux méthodologies respectives et à celles des sciences sociales appliquées. D'été en été, ces projets se feront respectivement à Tunis, Jérusalem, Paris, Berlin. Je précise que ce projet a également pour but de développer des relations immédiates et personnelles et de développer la connaissance des textes religieux respectifs. Enfin, il y a aussi un projet qui consiste à mieux présenter les Juifs, les Musulmans et Chrétiens dans les livres scolaires. Pierre Cahné, recteur de l’Institut Catholique de Paris, le Grand Rabbin René Samuel Sirat et le Dr. Mohamed Bechari, Président de la Fédération Nationale des Musulmans de France (FNMF), ont proposé de créer une sorte de futur G8.
Question : C’est à dire ?
DM : Comme le G8 est le rassemblement des dirigeants économiques, il s’agit de créer ici un conseil de dirigeants religieux chrétiens, juifs et musulmans. Ce centre de réflexion serait chargé de contribuer au rassemblement des peuples et d’œuvrer pour la paix. Il devra éviter toutes les dérives politiques et il réagira lorsque les valeurs éthiques et humaines seront menacées. Il pourrait servir un pole de référence pour les dirigeants politiques européens et méditerranéens sur la place de la religion dans la cité.
Question : Finalement, lors de cette rencontre, qu’est ce qui vous a le plus marqué ?
DM : Je veux saluer ici les représentants du quai d’Orsay qui ont appuyé avec insistance la nécessité que les Juifs et les israéliens soient présents lors de ces différentes réunions et travaillent à l’élaboration et la concrétisation de tous ces projets. Je veux notamment rendre hommage à l’Ambassadeur Jacques Huntzinger, chargé de l’Atelier culturel méditerranéen, qui a déclaré en substance que les européens, les arabes et les israéliens, et il a insisté sur la présence impérative de chacun de ces trois groupes, doivent travailler ensemble pour l’avenir de notre région. Ces déclarations sont à la hauteur de mes attentes et des valeurs de la République. Ces rencontres suivies, les échanges électroniques entre nous et le fait de réfléchir aux projets nécessaires pour construire notre avenir commun ont par ailleurs permis d'établir entre nous un sentiment d'être ensemble.
Propos recueillis par Marc Knobel
Notes :
1. Créé lors de la Conférence de Barcelone des 27-28 novembre 1995, le partenariat euroméditerranéen, dit processus de Barcelone, regroupe les 25 Etats membres de l’Union Européenne et 10 Etats du Sud et de l’Est de la Méditerranée : Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte, Israël, Autorité palestinienne, Jordanie, Liban, Syrie et Turquie. Le processus de Barcelone est donc le cadre de coopération global où les partenaires de l’Union européenne et de la rive sud de la Méditerranée abordent ensemble des problèmes de la région.
2. Déclaration de Barcelone, adoptée lors de la conférence euro méditerranéenne (le 28 novembre 1995):
3. La France a accueilli à Paris, du 13 au 15 septembre 2006, au Centre de Conférences internationales, la première conférence de "l’Atelier culturel Europe-Méditerranée- Golfe", dont Jacques Chirac avait pris l’initiative à Barcelone, lors du sommet euro-méditerranéen de novembre 2005. Le 13 septembre, le président de la République, M. Jacques Chirac, a prononcé une allocution, au Palais de l’Elysée, à l’ouverture de ces rencontres, qui visaient à approfondir le dialogue inter-culturel et la compréhension mutuelle autour de valeurs partagées, d’ambitions et de projets communs, dans l’esprit du discours qu’il avait prononcé à l’UNESCO en octobre 2001 et de l’action que la France mène en faveur de la diversité culturelle et du dialogue des cultures et des civilisations.
4. La Conférence de Paris marquait le lancement d’un cycle d’échanges et de réflexion qui se poursuivra à Séville en février 2007, puis à Alexandrie au printemps 2007.
5. Le programme Erasmus a été lancé en 1987 avec la participation de onze pays. Avec Erasmus, les étudiants peuvent effectuer une partie de leurs études dans un autre établissement européen, pendant trois mois au minimum ou un an au maximum. De sa création jusqu'en 2007, ce programme a permis à 1,5 million d'étudiants de participer àdes échanges universitaires entre pays européens partenaires
Photo : Dov Maimon et l'ambassadeur Ahmed Maher, ancien ministre des affaires étrangères égyptien