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Publié le 4 Mai 2010

L’ambassadeur iranien à l’AIEA menace la France

Alors que vient de s’ouvrir à New York la Conférence d'examen du TPN, Ali Asghar Soltanieh, ambassadeur de la République islamique d’Iran auprès de l'Agence Internationale à l'Energie Atomique (AIEA), a répondu aux questions de lexpress.fr.




A New York, la France entend réclamer des mesures contre l'Iran et la Corée du Nord, deux pays "proliférateurs. Comment la République islamique s'est-elle préparée à la confrontation?



En plaçant l'Iran et la Corée du Nord sur un même plan, la France perdrait beaucoup de sa crédibilité. Car contrairement à la Corée du Nord, l'Iran est signataire du TNP et n'a pas jamais testé d'armes nucléaires. Tout Etat qui pointerait du doigt un Etat partenaire doit être très prudent. Il hypothéquerait l'avenir même du TNP et jouerait là un vilain jeu dangereux.



Ne faut-il pas aborder les sujets qui fâchent ?



Bien sûr que si. En tant qu'État non doté de l'arme nucléaire, l'Iran a par exemple beaucoup à dire sur le non-respect, par les puissances nucléaires, de leurs obligations depuis quarante ans. Remettre sur le tapis le sujet du nucléaire iranien ne trompera personne. Le TNP prévoyait dès sa création le démantèlement de l'arsenal existant. Ce dont il sera principalement question ces prochains jours, c'est donc de la menace que constituent toujours les milliers d'ogives en possession des cinq États dotés officiellement de l'arme atomique. Le mouvement des non-alignés prépare d'ailleurs une déclaration très forte, afin d'exiger un projet précis de destruction totale. Le message est fort et sa clarté, cristalline: d'ici à l'horizon 2020-2025, les États-Unis et les autres devront avoir abandonné la bombe. Nous ne tolérerons pas de statu quo. Ils devront également s'expliquer sur les technologies nucléaires qu'ils ont transféré, en violation du traité, à des parties non signataires, tel le régime sioniste d'Israël.



La présentation de cette résolution conduira sans aucun doute la conférence à un échec. L'Iran œuvre-t-il pour empêcher une révision du TNP qui lui serait défavorable?



Si nous échouons, tout le monde regardera vers les États-Unis, et non vers l'Iran. En 1999, la conférence n'a pas été un succès, car les Américains ont refusé de ratifier le traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Et en 2005, l'administration Bush avait bloqué l'adoption d'un accord sur les questions de fond et de procédure...
Début avril à Prague, les présidents américain et russe ont pourtant paraphé le nouveau traité prévoyant la réduction de leurs arsenaux nucléaires. Les grandes puissances n'ont-elles pas là créé une dynamique qui vous embarrasse?



Start II? Cet accord n'a pas plus de valeur que le précédent. C'est un bout de papier. Aucune agence de contrôle ne vérifie si les Russes et les Américains disent vrai. Si le président Barack Obama a suscité un jour un espoir, c'est quand il a fait du changement son slogan de campagne. Puis, à Prague en avril 2009, il a promis un monde débarrassé de l'arme nucléaire et beaucoup de gens l'ont cru. Or un an après, il n'exclue pas d'utiliser la bombe contre l'Iran, un pays membre à part entière du TNP! C'est ridicule et nous sommes très déçus.



Le président du Brésil, Luiz Inacio Lula Da Silva, se rendra en Iran, les 16 et 17 mai. Or, son pays occupe un siège non permanent au Conseil de sécurité de l'ONU et s'oppose aux sanctions contre Téhéran. Qu'attendez-vous de lui?



Nos relations bilatérales sont excellentes avec le Brésil. Les sanctions ont toujours été contreproductives et il est temps de trouver un moyen de revenir à la table des négociations sur la base d'un respect mutuel, sans condition préalable et sur un pied d'égalité. Nous sommes prêts à évoquer tous ces aspects. Nos amis Brésiliens font de leur mieux pour faire passer ce message aux Occidentaux. Ne répétez pas les erreurs du passé.



Photo (Ali Asghar Soltanieh) : D.R.



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