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Publié le 23 Octobre 2017

#Actu #Crif - En mémoire des 58 parachutistes français assassinés à Beyrouth, le 23 octobre 1983, par Marc Knobel

Retour sur l'attentat du Drakkar à Beyrouth du 23 octobre 1983.

Il est comme cela des dates que l’on oublie, malheureusement. Il est au moins une date que nous ne devrions pas oublier. Le 23 octobre 1983 à 6h30 du matin : un double attentat frappe la Force multinationale de sécurité à Beyrouth. En quelques secondes, un camion piégé anéantit le QG américain à l’aéroport de Beyrouth : 241 morts dont 220 marines. Deux minutes plus tard, les parachutistes français sont alertés par l’explosion mais c’est leur poste Drakkar qui est pris pour cible et s’effondre totalement sur ses occupants. Cinquante-huit parachutistes des 1er et 9e RCP sont tués au poste Drakkar. Il faudra plusieurs jours aux secouristes pour retirer les corps de 58 militaires, 55 parachutistes du 1er RCP et trois du 9e RCP, bilan auquel s’ajoutent 15 blessés. Seuls 26 soldats s’en sortiront indemnes, mais marqués à vie, dévastés (1). L’attentat aurait été causé par un camion, dit-on à l'époque.

Une implication syrienne ?

L’attentat est attribué, par la France et les États-Unis, au mouvement islamiste chiite libanais Hezbollah, et son chef militaire Imad Moughniyé, tué à Damas en 2008, ainsi qu'à son parrain iranien. À l’époque, le Djihad islamique, un prête-nom du Hezbollah pour les opérations clandestines, avait revendiqué l’attaque. Pour l’Iran, en guerre contre l’Irak de Saddam Hussein, les Occidentaux sont alors coupables d’armer et de financer le maître de Bagdad (2). Mais, dans le quotidien Le Monde, daté du 23 octobre 2017, cinq survivants disent douter de la thèse de l’armée.

Dans Le Monde, Omer Marie-Magdeleine qui était adjudant d'unité, témoigne. Ce rescapé était chargé de la protection du bâtiment. Le matin encore, quelques minutes avant l'explosion, le gradé avait supervisé le dispositif qui se composait notamment de six armes antichars et de deux mitrailleuses lourdes 12.7. "Le bâtiment était entouré d'un mur et protégé par des levées de terre, explique-t-il au Monde. La rue était barrée des deux côtés. L'immeuble était protégé par une chicane et des barbelés. Il n'y avait aucune possibilité qu'un camion puisse passer sans être remarqué." D'autres militaires français étaient installés dans un immeuble voisin, baptisé Catamaran et situé à moins de 100 mètres. Ces hommes se sont précipités sur le balcon après l'explosion du bâtiment américain. Deux minutes plus tard, Drakkar, qui était dans leur axe de vision, explosait. Aucun n'a vu de camion (3). Les rescapés avancent une autre hypothèse, précise Le Monde : l'immeuble aurait été miné. Il était occupé auparavant par les services secrets syriens. Or, à cette époque, l'espionnage français entretient des liens serrés avec son homologue syrien qui joue les intermédiaires avec l'Iran (4). Selon le ministère de la défense, la thèse de l'immeuble miné "comporte des apparences de crédibilité mais qu'aucun élément d'enquête n'a étayées" (5).

Il est tout à fait étonnant qu’il soit toujours impossible et en l’état de révéler qu’elles ont été les commanditaires de cet attentat : l’Iran ? Le Hezbollah ? La Syrie ? Et, 34 ans après les faits, une zone d'ombre plane toujours sur l'attentat du Drakkar. Alors que 58 de nos soldats ont bel et bien été assassinés.

Notes :

1. La Dépêche, 23 octobre 2013

2. France 24, 23 octobre 2017

3. Le Monde, 23 octobre 2017

4. Idem

5. Idem