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Publié le 22 Avril 2016

André Schneider au Conseil de l'Europe : "Pour que nos futurs citoyens deviennent de vrais démocrates engagés contre l’antisémitisme"

Intervention de M. André Schneider sur le rapport sur "l’engagement renouvelé dans le combat contre l’antisémitisme en Europe". 

Crif Est, mercredi 20 avril 2016
Vous pouvez visualiser le compte rendu intégral de ce débat en cliquant ICI.
 
Des jeunes gens antisémites, ça existe donc, cela ? Il y a donc des cerveaux neufs, des âmes neuves, que cet imbécile poison a déjà déséquilibrés ? Quelle tristesse, quelle inquiétude, pour le vingtième siècle qui va s'ouvrir !”. Ainsi s’exprimait Emile Zola dans sa "lettre à la jeunesse" et malheureusement l’entrée dans le XXIème siècle n’a pas mis fin à ce poison ; "plus jamais  ça" était portant le fondement moral de notre institution ! 
 
Cet antisémitisme, ainsi que l’a souligné le rapporteur prend sa source à la fois dans une haine ancienne, nourrie de préjugés sur les soi-disant pouvoirs et richesses des Juifs mais également dans l’ignorance de l’autre, de sa culture, de sa religion, parfois même dans des amalgames entre un rejet de la politique israélienne et le rejet des juifs d’Europe.
 
Quelle qu’en soient leurs prétextes ou leur nature, les manifestations de l’antisémitisme doivent être condamnées avec force, en particulier ici à Strasbourg.
 
La communauté juive alsacienne représente le deuxième plus grande communauté juive en France. Mais surtout, la place prépondérante prise par le judaïsme dans l’histoire alsacienne et l’importance primordiale du patrimoine qui y subsiste montre combien les questions liées au vivre-ensemble sont cruciales en Alsace. Depuis longtemps, en raison du régime Concordataire, les institutions religieuses et les représentants de l’Etat ont mené un dialogue sur ces questions. Nous avons notamment constitué des groupes de travail sur l’interreligieux afin de pouvoir parler des problèmes, échanger et essayer d’éviter autant que possible la diffusion de ce poison et les actes antisémites. Cela ne signifie pas que nous ne connaissons pas l’antisémitisme en Alsace. 
"Malheureusement la profanation du cimetière juif de Sarre-Union l’an passé constitue à mes yeux la démonstration la plus abjecte de celui-ci ! 
 
Mon engagement reste intact car je suis persuadé que pour tenter de vaincre les peurs irrationnelles qui mènent à la haine, seule la connaissance permettra la compréhension mutuelle, donc la tolérance et le respect. L’apprentissage de la citoyenneté doit donc intégrer, comme l’a demandé mon collègue M Legendre hier dans son rapport, l’enseignement du respect et de la tolérance à l’égard de celui qui est différent. Dans mon rapport sur « l’Education et religion » que j’ai présenté en septembre 2005 devant cette Assemblée j’avais déjà demandé que nos Etats s’engagent à éduquer les jeunes aux droits de l’homme, au respect mutuel et à l’histoire de nos religions. 
 
Aujourd’hui il est plus que temps d’agir ! Nous le devons à tous nos jeunes pour qu’ils puissent avoir des armes pour lutter non seulement contre l’antisémitisme mais aussi pour se protéger contre ces rabatteurs de la haine et de l’intolérance d’un Etat dit islamique mais au fond si proche de l’idéologie qui a mené jusqu’à l’horreur de la Shoah. Dans ce sens, je ne puis que soutenir les propositions du rapporteur concernant l’enseignement de l’Holocauste ou le dialogue interculturel dans les écoles. 
 
J’ai été principal de collège et je crois en l’école, en sa capacité de développer cet esprit critique si essentiel pour que nos futurs citoyens deviennent de vrais démocrates engagés contre l’antisémitisme ! Pour qu’on puisse répondre à la question "des jeunes antisémites, ça existe donc cela ?" par un NON porteur de nos valeurs, des droits de l’homme, de notre liberté ! NON plus jamais ça !