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Les Juifs du Bahrein ne sont pas nombreux. Ils sont une quarantaine, vivant paisiblement leur foi
Il n'est pas inutile de rappeler, pour comprendre cette présence, qu'il fut un temps, il y a bien des siècles, avant l’émergence de l’islam, où des Juifs vivaient nombreux, heureux, riches et puissants, en Arabie. Bien avant l’apparition de Mahomet, un poète juif qui connut en son temps la célébrité, Samuel Ben Adyia, surnommé « le roi de Taymar », vivait en Arabie. Médine, ville sainte de l’islam, aujourd’hui en Arabie saoudite et interdite aux Juifs, a longtemps été à majorité juive. Et s’il est vrai que des soldats américains de confession juive sont, de nos jours, présents dans des bases en Arabie, s’il est probable aussi, comme l’a écrit l’ancien président de l’État d’Israël, Itzhak Ben Zvi, que plusieurs tribus « marranes », conscientes de leur origine juive et dont le folklore particulier garde la trace de leurs ancêtres, vivent en Arabie, il n’en reste pas moins que les Juifs ont quasiment disparu de cette région.
Et pourtant ! Il y a quelques années, en mai 2008, l’émirat du Bahrein, 660 km2, 753 000 habitants en majorité musulmans chiites, capitale Manama, a surpris le monde en annonçant la nomination de Madame Huda Azra Ibrahim Nunu comme nouvelle ambassadrice aux États-Unis. Une femme représentante d’un pays arabe, voilà qui n’est pas courant. Mais, ce qui est extraordinaire, c’est que Madame Nunu, juriste et membre du Conseil de la Shura, est juive ! C’est la première fois dans l’histoire qu’une telle situation se présente. C'est alors qu'on s'est posé la question de l'existence de Juifs dans ce pays !
Les Juifs du Bahrein ne sont pas nombreux. Ils sont une quarantaine, vivant paisiblement leur foi. Venus il y a plusieurs dizaines d’années d’Irak, ils ont aujourd’hui la nationalité bahreïnie et disposent tous d’un passeport.
Déjà, en juillet 1999, l’émir, Cheikh Hamad Bin Issa Al Khakifa avait étonné son monde en déclarant que les Juifs du Bahrein sont « des compatriotes, des concitoyens jouissant des mêmes droits que les autres ». Il y a quelque temps, alors qu’il effectuait un voyage officiel en Grande-Bretagne, il s’est entretenu avec des représentants de la communauté juive londonienne et a incité ceux des Juifs qui avaient quitté le pays à y revenir pour « retrouver leurs maisons ».
Fayçal Foulad, porte-parole de l’Organisation pour la Défense des Droits de l’Homme au Bahrein a été encore plus explicite : « Le cheikh a demandé aux Juifs qui sont partis au milieu du XXe siècle de revenir dans la patrie ou ne serait-ce qu’à y passer des vacances en tant que touristes pour y redécouvrir les lieux où s’est déroulée leur histoire ».Alors, heureux comme D. en Arabie ? Malgré les déclarations chaleureuses, en 2010, du prince héritier Sheikh Salmane Ben Hamad Al-Khalifeh et celles, encore plus précises du ministre bahreïni des Affaires étrangères selon lequel « Tout le monde devrait savoir qu'Israël bénéficie d'une présence historique au Moyen-Orient et qu'il va y rester jusqu'à l'éternité », l’émirat n’a toujours pas de relations diplomatiques avec Israël, mais, qui sait, avec le geste remarquable de l'ambassadeur bahreïni à Drancy, rien n’interdit, demain, d’imaginer une femme juive, ambassadrice du Bahrein… à Jérusalem, capitale d’Israël.
Inch Allah, Beezrat Hachem.
Par Jean-Pierre Allali