Par Blandine Le Cain, publié dans le Figaro le 8 mars 2016
Une journée internationale des femmes, c'est sans doute une idée purement féminine?
Oui... et non. Initialement, l'idée d'une journée dédiée aux femmes émane bien de militantes, et de l'une d'entre elle plus particulièrement: Clara Zetkin. Cette journaliste allemande a proposé en 1910, lors de la 2e conférence internationale des femmes socialistes et en plein débat sur le vote des femmes, d'organiser une «Journée internationale des femmes».
Mais il faut attendre la deuxième partie du XXe siècle pour voir le 8 mars s'imposer. Cette date correspond au 23 février dans le calendrier grégorien, jour de grandes manifestations d'ouvrières en 1917, à l'origine de la Révolution russe, et pendant lesquelles les droits des femmes sont réaffirmés.
L'institutionnalisation de cette date n'est toutefois pas le fait de femmes: en 1977, la très masculine ONU invite dans une résolution «tous les États à proclamer (...) un jour de l'année Journée des Nations Unies pour les droits de la femme et la paix internationale». En France, c'est en 1982 que la date est consacrée, sous le mandat de François Mitterrand. Le gouvernement de Pierre Mauroy, premier à établir un ministère des Droits des femmes, organise de nombreuses cérémonies dans ce cadre et contribue à instaurer cette date dans les calendriers.
C'est donc une journée pour mettre les femmes à l'honneur?
Pas uniquement. «Le 8 mars est une journée de rassemblements à travers le monde et l'occasion de faire un bilan sur la situation des femmes», peut-on lire sur le site du ministère de l'Éducation nationale. Il permet de «célébrer l'engagement des femmes et des hommes qui défendent les droits des femmes, promeuvent leur autonomisation, et s'engagent contre les violences de genre», précise le Comité ONU Femmes. L'idée générale est de promouvoir des actions visant à sensibiliser à la question des inégalités entre hommes et femmes. Le site d'information sur cette journée 8mars.info recommande quelques actions censées lutter contre les comportements sexistes quotidiens.
Mais cette journée est aussi devenue l'occasion de nombreux rendez-vous culturels ou politiques et d'actions qui s'attachent effectivement à parler des femmes en général. Jusqu'à donner lieu à des opérations très critiquées pour leur caractère précisément sexiste. Depuis quelques années, le «bingo» du 8 mars est ainsi devenu une tradition: de nombreux observateurs pointent les initiatives plus ou moins médiatisées qui relèvent de clichés sexistes. Ainsi cette année, une opération commerciale sur un ticket rose bonbon portant sur des produits de beauté, une publicité pour un spray effaceur de racines ou une publicité érotisée pour un tarif réduit féminin à un match de foot (qui date en fait de 2013) ont été épinglées, alors que le site Slate a préparé une grille spécialement pour l'occasion...
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