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Publié le 6 Novembre 2015

La CICAD obtient la condamnation d’un négationniste

« il est interdit de fomenter et de propager la haine contre un groupe de personnes en raison de leur race ou de leur religion »...
 
Par Johanne Gurfinkiel, publié par la CICAD (Coordination intercommunautaire contre l'antisémitisme et la diffamation) le 6 novembre 2015
 
Le Tribunal fédéral (TF) a confirmé la peine de cinq mois de prison ferme contre un négationniste genevois reconnu coupable de discrimination raciale. Poursuivi par la CICAD pour des propos antisémites tenus sur son site Internet entre 2009 et 2013, ce journaliste auto-proclamé, s’en prend également à l’association et à ses dirigeants. 
 
Ce procès fait suite à une procédure de plusieurs mois au cours desquels la CICAD et deux de ses membres ont déposé plaintes tant au civil qu’au pénal. Malgré plusieurs condamnations- allant jusqu’à une peine de cinq mois de prison ferme et 15 jours-amende à 10 francs en 2013 en deuxième instance à Genève - l’homme fait systématiquement appel des jugements et continue d’écrire des textes antisémites et diffamatoires à l’égard des dirigeants de l’association avec toujours plus de virulence. Ainsi, En 2013, il a d’abord été sanctionné par ordonnance à quatre mois ferme. Il a fait opposition et s’est retrouvé devant le Tribunal de police, qui lui a accordé le sursis. En appel, en 2014, la peine est redevenue ferme. Le prévenu a alors une nouvelle fois fait appel.
 
Une affaire suivie de près par la CICAD qui lors des audiences au Tribunal de police, était représentée par Me Philippe Grumbach ainsi que par son président Alain Bruno Lévy, et son Secrétaire général Johanne Gurfinkiel, partie plaignante dans cette affaire. Le Procureur général, Olivier Jornot, qui suivait également de près ce dossier, souhaitait que cette procédure fasse jurisprudence en Suisse. Le magistrat argumentant « il est interdit de fomenter et de propager la haine contre un groupe de personnes en raison de leur race ou de leur religion. Peu de gens ont osé écrire des choses pareilles depuis 1945.»
 
Les textes publiés sur son site parlent d’eux-mêmes.  L’homme explique: «Je considère l’antisémitisme non plus comme un préjugé, mais comme un sentiment normal et légitime. (…) le lobby juif s’efforce toujours d’imposer sa dictature à Genève. (…) Il faut chasser les juifs de nos institutions».  Pour légitimer ses propos sur l’inexistence de la Shoah, il affirme «Il y a une telle masse d’éléments qui contredisent la version officielle. Je suis convaincu que les révisionnistes ont raison». Une théorie qui aurait pu être commentée par le négationniste français Robert Faurisson si au cours d’une audience antérieure le juge n’avait pas écarté cette demande. 
 
Ces écrits, d’une rare violence à l’encontre des Juifs allant jusqu’à « considérer l’extermination des Juifs comme souhaitable, un bienfait pour l’humanité » sont réfléchis pour le Procureur général. « Le choix des mots, des formules, des concepts s’ancre dans l’idéologie nazie la plus brute. » Maitre Grumbach, avocat de la partie plaignante scandalisée et choquée, décrit l’homme de « dangereux surtout à une époque où l’antisémitisme est malheureusement redevenu d’actualité.»
 
Le Tribunal de Police avait également pris conscience de la dangerosité de tels propos. Dans un arrêt du 19 mai 2015, le Tribunal a rendu son verdict en prononçant une peine de six mois pour diffamation, discrimination raciale et insoumission à une décision de l’autorité. Expliquant «Tant la répétition que l’acharnement et la virulence du prévenu démontrent qu’il est mu par des mobiles de haine et de discrimination raciale.» Mais l’homme a de nouveau fait recours. En vain. 
 
Le Tribunal fédéral a écarté cette requête et a confirmé sa condamnation à cinq mois de prison ferme. Reconnu une nouvelle fois coupable notamment de discrimination raciale et de calomnie relayées sur son site Internet. Ajoutant « car il a remis en cause l'importance de l'Holocauste, voire même des pans entiers de son existence et notamment l'existence et l'utilisation des chambres à gaz pour exterminer de manière volontaire et planifiée le plus de juifs possible ».
 
Un dossier qui illustre la détermination de la CICAD à lutter contre toutes manifestations d’antisémitisme.