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« Je tenais à ce que ce long-métrage ait une portée éducative. Ce drame ne serait pas arrivé si les jeunes étaient mieux éduqués », insiste Ruth Halimi. Allusion à l’antisémitisme, dont elle estime qu’Ilan a été la victime, mais aussi à la violence gratuite qui se répand dans la société française, « où l’on tue pour un oui, pour un non ». « Je voulais aussi que le film témoigne de la bonté et du caractère solaire d’Ilan, poursuit Ruth Halimi. C’était un bon vivant, le cœur sur la main. Le jour où la jeune fille est venue l’appâter dans la boutique de téléphonie, il était en train de remplacer un ami au travail. » Le film sera nourri de flashbacks sur la vie d’Ilan.
Aujourd’hui encore, la maman (séparée de son mari) a du mal à évoquer le procès où elle a dû faire face au tueur et à ses complices; elle s’emporte contre les ratés de l’enquête, et particulièrement contre la psychologue qui indiquait aux parents quelle position adopter par rapport aux demandes de Fofana. « Elle nous conseillait d’être fermes, cela n’a fait que pousser les ravisseurs à le frapper, à le torturer davantage. » Ruth Halimi n’a pas été capable de lire le livre de Morgan Sportès consacré au gang des kidnappeurs. « Au bout de quelques pages, c’était trop douloureux », dit-elle. Le corps de son fils transféré dans un cimetière israélien, Ruth Halimi avait fait enlever le corps de son fils du cimetière de Pantin, car elle redoutait que « ses bourreaux viennent cracher sur sa tombe ». Cette scène dramatique de l’exhumation ouvrira d’ailleurs le film d’Alexandre Arcady.
La tragique affaire Ilan Halimi, ce jeune homme supplicié à mort par « le gang des barbares » début 2006, va être adaptée au cinéma par Alexandre Arcady. Le réalisateur du « Grand Pardon » a acquis les droits de « 24 Jours : la Vérité sur la mort d'Ilan Halimi » (1). Un livre écrit par Ruth Halimi, la mère de la victime, qui fut enlevée le 20 janvier 2006 par la bande de Youssouf Fofana, condamné depuis à perpétuité. À l'époque, ce fait divers bouleversa la France et provoqua la colère du metteur en scène.
Il décida d'en faire un film. « Quand le livre de Mme Halimi est sorti en avril 2009, c'est comme si elle m'avait pris par la main, explique Alexandre Arcady. Je l'ai rencontrée très vite, mais elle m'a demandé de laisser passer le procès d'assises. » C'est en avril dernier que le réalisateur-producteur a trouvé un accord avec la mère d'Ilan, et il est en train d'écrire le scénario avec Émilie Frêche, coauteur du livre.
Une part des recettes ira la lutte contre l'antisémitisme
D'autres metteurs en scène, comme Xavier Giannoli, Élie Chouraqui ou Roschdy Zem, avaient approché la mère du jeune homme sans que rien ne soit concrétisé. Arcady, démarrera le tournage dans un an à Paris. « Isabelle Huppert a manifesté son envie de jouer le rôle de Ruth Halimi », indique le réalisateur. Quant au personnage d'Ilan, Ruth Halimi choisira avec Arcady le jeune acteur qui l'incarnera.
Outre le projet de « 24 Jours », sans doute le titre du film d'Arcady, deux autres projets sont en gestation sur l'affaire Halimi. Richard Berry compte adapter « Tout, tout de suite » (2), de Morgan Sportès (Prix Interallié 2011). Et Thomas Langmann, le producteur de « The Artist », devrait réaliser « les Ignorants », sur la même histoire.
« La volonté des cinéastes de porter une telle affaire au cinéma est légitime. Il n'y a pas de course entre nous sur un tel sujet », commente Alexandre Arcady, qui versera une partie des recettes du film à une fondation contre l'antisémitisme.
Si Arcady n'a pas eu de réponse aux appels qu'il a passés à Thomas Langmann, il s'est longuement entretenu avec Alain Goldman, le producteur du film de Richard Berry. « Il m'a dit qu'il estimait que le témoignage de la maman d'Ilan Halimi était prioritaire. Et qu'il ne voulait pas entrer dans une guerre indécente eu égard à la gravité du sujet ».