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Par Edith Janowski-Bismuth, Responsable Communication CRIF Marseille Provence
Cette journée rappelle le souvenir des six millions de Juifs exterminés par les nazis et le courage de ceux qui se sont dressés contre le bourreau nazi lors du soulèvement du ghetto de Varsovie.
Peu de monde, trop peu hélas, a suivi la lecture des noms des déportés de Marseille, dans la cour de la Grande Synagogue. D’autant plus regrettable que les propos de Denise Toros-Marter, Présidente de l’Amicale des déportés d’Auschwitz, rescapée comme Albert Veissid, qui se tenait à ses côtés, ont été forts, pertinents et émouvants puisqu’hier c’était aussi son anniversaire : « J’avais 17 ans à mon retour d’Auschwitz, orpheline de mes parents gazés dans les chambres à gaz de Birkenau, j’en ai ce jour précis du 16 avril 2015 : 87 ans…et ma pensée va vers mes parents, mes camarades et les millions d’êtres humains assassinés parce que juifs, slaves ou résistants à l’hégémonie destructrice du nazisme ». Albert Barbouth, co-Président de l’AFMA, a évoqué le travail de Mémoire poursuivi par Ida Palombo, décédée en 2013, à qui nous devions, avec le Consistoire, ce « Mur des Noms ».
William Labi, Président de l’Exécutif du Consistoire était le premier à prendre la parole : « Rappeler qu’au prix de dizaines de milliers de victimes, nous célèbrerons bientôt la renaissance de l’Etat d’Israël sur sa terre historique et l’avènement d’un état fort, démocratique, à la pointe de la science…, redevenu centralité du peuple juif dans le monde… ». Michèle Teboul, Présidente du CRIF Marseille Provence d’insister : « la souffrance des déportés s’est inscrite dans nos gènes, notre ADN et le combat de la Mémoire fait partie de tous les combats que nous avons à mener et ils sont nombreux : la folie meurtrière de nouveaux ennemis, le négationnisme, la délégitimation d’Israël… ». «La mémoire collective de la Shoah doit impérativement se maintenir dans la tradition juive du souvenir : Zakhor…la Shoah est le terreau de la barbarie, cassure de l’humanité, abîme de l’humanité qui n’a pas fini de nous dévoiler et de nous livrer les ténèbres de son histoire…», c’est en ses termes que s’est exprimé Elie Bennaroch, Président du FSJU-Marseille. Puis Serge Coen, Président de Yad Vashem pour le sud de la France, a souligné que : «sur le Mur, tant de noms d’enfants y figurent, dont aucun ne revînt, tant de familles entières anéanties…le peuple juif doit aussi se souvenir avec reconnaissance de l’action de ceux qui eurent le courage d’aider les Juifs, les -Justes parmi les Nations-, qu’honore l’Etat d’Israël».
Pour le Consul général d’Israël, Barnéa Hassid : «Les pouvoirs français, connaissent les enjeux dévastateurs de l’antisémitisme, ils le combattent avec fermeté et détermination en paroles et en actes, le gouvernement israélien reconnaît et salut la détermination de la France dans cette bataille…mais des attaques guerrières associées au terrorisme visent et tuent encore des Juifs… parce qu'ils sont juifs, à l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes à Paris…Mais avant cela à Créteil, à Sarcelle, à Toulouse et bien d'autres…Ainsi, la leçon de la Shoa est en péril».
Avant de clôturer cette cérémonie par le Kaddish chanté par le Grand Rabbin de Marseille, Rav Réouven Ohana, nous avions vécu quelques moments forts lorsque les descendants de ceux qui furent exterminés lisaient la gorge nouée, le nom de leurs parents : « Mon père M X…mon petit frère M S…»
Dès 10 h du matin les élèves des écoles Yavné et ORT étaient venus apporter leur concours à la lecture des noms. Ils étaient parfois intimidés, mais très peinés à la lecture de noms de familles entières décimées.
Chaque année, ce jour de commémoration universelle de la Shoah, où tous les Juifs, partout dans le monde, se recueillent au même moment pour se souvenir des six millions d’hommes, de femmes et d’enfants juifs assassinés, ce jour, reste un moment émouvant, c’est comme si nous nous sentions tous orphelins d’une même et unique famille, le peuple juif.