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Dénonçant la "vague affreuse de haine des Juifs" qui a déferlé sur "toute l'Europe", le président du Conseil central des Juifs en Allemagne, Dieter Graumann, a regretté que des "synagogues aient été attaquées", "des Juifs menacés" et que "dans les rues allemandes aient été entendues des paroles antisémites".
Sous un ciel gris, de nombreux responsables allemands des principales tendances politiques, de la gauche radicale aux conservateurs, en passant par les Verts et les sociaux démocrates, ainsi que la plupart des membres du gouvernement fédéral étaient présents aux côtés de responsables religieux catholiques et protestants.
"On justifie ces explosions antisémites par le conflit à Gaza. Mais quel est le rapport ? (...) Celui qui est devenu antisémite à cause d'Israël, il l'était déjà avant", a martelé M. Graumann.
En Allemagne, des slogans antisémites entendus cet été dans des cortèges de soutien aux Palestiniens avaient été aussitôt condamnés par Mme Merkel, dans un pays toujours marqué par la Shoah et les crimes de la dictature nazie. Aucune action violente --comme ce fut le cas notamment en France-- n'avait cependant été constatée.
Qualifiant de "cadeau" le fait que vivent désormais à nouveau quelque 200.000 Juifs en Allemagne, la chancelière s'est emportée contre le fait qu'ils puissent être insultés. "Je ne le tolère pas", a-t-elle lancé.
"La vie de la communauté juive fait partie de notre vie. Elle fait partie de notre identité et de notre culture", a-t-elle poursuivi, sous les applaudissements.
"Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l'Allemagne a soutenu la renaissance de la communauté juive", a souligné Ronald Lauder, président du Congrès juif mondial (WJC).
Ce renouveau de la communauté juive en Allemagne était d'ailleurs l'une des raisons qui avait poussé le WJC à choisir Berlin pour sa rencontre annuelle, avant même les événements à Gaza et les manifestations et violences antisémites de l'été en Europe.
Actuellement, environ 200.000 Juifs vivent en Allemagne, ce qui fait de cette communauté la troisième d'Europe, derrière celles de la Grande-Bretagne et de la France. Une situation impensable après la fin du IIIe Reich: en 1950, seuls 15.000 Juifs vivaient encore en Allemagne, contre 560.000 en 1933.
Après la chute du mur de Berlin en 1989, l'Allemagne, en raison de sa responsabilité historique, avait offert la possibilité aux Juifs originaires des pays de l'ex-Union soviétique de venir s'installer chez elle.
Dans la foule, Eduard Schechter, un Juif de 69 ans, qui a quitté l'ex-URSS en 1996, expliquait: "Nous sommes venus en Allemagne avec de grands espoirs et des rêves. La réalité ne correspond pas à ce que nous avions imaginé. Maintenant, nous avons peur".
Un petit badge à sa boutonnière: "Lève-toi, plus jamais de haine des Juifs", Alexander Schramm, 29 ans, un Berlinois travaillant dans la communication, regrettait qu'"il ait fallu si longtemps pour organiser ce rassemblement". Et d'ajouter: "Je suis là pour montrer que nous restons sur nos gardes".