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Jeudi 26 septembre s'est tenue à l'Espace culturel et universitaire juif d'Europe (ECUJE) la cérémonie habituelle d'échange des vœux entre les responsables de la Communauté juive, la Maire de Paris Anne Hidalgo et les représentants du Conseil régional d'Ile de France.
Chacun a également pu rendre hommage au Président Jacques Chirac, décédé le matin même, et à son engagement de toujours contre l'antisémitisme et le racisme.
L'Ambassadrice d'Israël, Aliza Bin Noun, le Vice-Président du Sénat, David Assouline, de nombreux élus parisiens et franciliens et responsables communautaires participaient à cet événement.
#Crif - Le Crif présent à la présentation des voeux de #RoshHashanah de Madame le maire de Paris @Anne_Hidalgo à l'Ecuje - @culturejuive pic.twitter.com/xMDuExaQbg
— CRIF (@Le_CRIF) 26 septembre 2019
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Discours de Francis Kalifat
Les traditions ont du bon !
Elles fixent le temps de façon immuable au-delà des événements et du tumulte de nos vies.
C’est un plaisir de vous retrouver tous dans ce lieu chaleureux ici à l’ECUJE, pour cette traditionnelle cérémonie des vœux adressés à la communauté juive de Paris et d’Ile de France à laquelle nous sommes tous particulièrement attachés.
Merci chère Anne de maintenir cette tradition à Paris, où l’histoire des juifs et l’histoire de la ville se mêle depuis plus de 1000 ans.
C’est un moment d’amitié, qui jalonne le chemin qui nous mène au seuil de cette nouvelle année 5780 du calendrier hébraïque.
Et ce soir, je veux avoir une pensée particulière pour notre ville.
Chaque Français a Paris quelque part dans le cœur et le terrible incendie de Notre-Dame de Paris d’il y a quelques mois a, je crois, ravivé en chacun son attachement à la capitale et à ses symboles.
En parlant de Notre-Dame, Victor Hugo écrivait « Tous les yeux s’étaient levés vers le haut de l’Eglise. Ce qu’ils voyaient était extraordinaire ».
Ce lundi 15 avril, les yeux des Français se sont en effet levés vers le haut de Notre-Dame. Et quelque chose d’extraordinaire s’est en effet produit : un murmure national pour apaiser les cœurs après la tragédie.
La fête de Roch Hachana annonce à la fois la fin d’une année, et déjà l’année qui arrive. C’est donc le temps de la réflexion et du bilan, et le temps aussi de se préparer aux défis qui nous attendent.
A la douceur de la fête se mêle le goût amer d’un antisémitisme vif et tenace. Un antisémitisme contre lequel nous sommes nombreux à nous mobiliser mais qui persiste et se développe.
Cette année encore, l’antisémitisme a frappé aux portes de la République. Je pense aux trop nombreux actes de haine anti-juive qui ont sali et déshonoré nos rues et nos bâtiments.
Certains détestent tellement les Juifs qu’ils veulent en faire disparaître le souvenir. Ils ont tué symboliquement Ilan Halimi une deuxième fois en abattant les arbres plantés à sa mémoire.
D’autres, balafrent l’espace public comme le faisaient les nazis, à coup de croix gammée sur un portrait de Simone Veil ou encore en écrivant « Juden » des vitrines d’un magasin.
Je pense aux blessures causées par ceux qui, au nom de la liberté d'expression, s'autorisent à prôner et à diffuser des messages de haine qui semblent tout droit sortis des poubelles de l’Histoire.
Je pense aussi à ceux qui appellent en toute impunité au boycott et à la délégitimation de l'Etat d'Israël.
L'année 5779 se termine dans quelques jours ; et le temps qui passe ne doit pas effacer le souvenir de ceux qui ont payé de leurs vies le prix de la haine.
Je pense ce soir avec émotion aux 12 Français juifs, assassinés ces dernières années parce que juifs. Ces 12 Français juifs nous rappellent douloureusement que l'antisémitisme et la haine du Juif, s’installe de façon durable dans notre société.
Cela a beaucoup été dit, cela a beaucoup été écrit, et je veux le redire ce soir : l'antisémitisme n'est pas le problème des Juifs, c'est le problème de la France toute entière.
L'antisémitisme sait se transformer et se dissimuler derrière de nouveaux masques.
Peu à peu, la haine d’Israël est devenue une forme nouvelle de l’antisémitisme.
C’est fort de ce constat que le Président de la République a annoncé, au dernier diner du Crif l’adoption par la France de la définition de l’antisémitisme de l’IHRA, définition qui inclut l’antisionisme.
Ce nouvel antisémitisme doit être définitivement reconnu comme tel par tous pour qu’il puisse être sanctionné dans un cadre légal.
Pour nous, le combat contre l'antisémitisme rejoint tous les combats contre les haines, sur tous les terrains et partout dans le monde.
Dans ce combat, chacune de ces haines doit être traitées selon ses caractéristiques et ressorts singuliers, mais toujours sans hiérarchie car il n’y pas de haine plus importante que les autres.
C’est tous ensemble que nous gagnerons le combat.
Et je veux saluer tant la Ville de Paris que la région Ile de France pour leur engagement sans faille sur le sujet.
On situe L’histoire des juifs à Paris aux premiers siècles de notre ère.
Transmettons et protégeons cette histoire ; elle fait partie du patrimoine de Paris.
Depuis plus de 1000 ans, les juifs ont contribué à l’écriture de l’histoire de Paris.
Ensemble, continuons à écrire cette histoire et veillons à ce que notre communauté puisse toujours vivre dans la plus belle ville du monde.
Chère Anne, au nom du Crif, je vous adresse, au seuil de cette nouvelle année 5779 nos plus sincères remerciements pour l’amitié et la solidarité que vous nous témoignez, pour ces vœux vous nous adressez, que nous recevons avec bonheur et que nous vous retournons chaleureusement à vous, à vos familles et à l’ensemble de nos compatriotes.
Chana Tova !
Le Président du Crif Francis Kalifat
Crédit photos : Alain Azria