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Publié le 23 Janvier 2013

«Zero Dark Thirty»: à la fin, Ben Laden meurt, mais ce n'est pas le plus important

 

Une nouvelle fois, la réalisatrice Kathryn Bigelow et son scénariste Mark Boal nous offrent un film sur le sens de l’action individuelle, et ses limites, jusqu’aux franges de la folie, face à une situation historique conflictuelle. Une des approches les plus intelligentes des complexités du monde actuel.

 

Que raconte Zero Dark Thirty? La réponse est évidente: la traque d’Oussama ben Laden par des agents de la CIA jusqu’à la localisation du fondateur d’Al-Qaïda, puis l’assaut de sa résidence au Pakistan. Mais ce n’est pas tout. Il serait abusif de parler de prétexte à propos d’un processus dont au moins les deux événements qui le délimitent, les attentats du 11 septembre 2001 et le raid des Navy Seals le 2 mai 2011, ont été parmi les plus médiatisés de l’histoire de l’humanité. Le film ne traite pas du tout ces événements avec désinvolture, il s’inscrit clairement sous le signe du traumatisme qu’a été la destruction du World Trade Center pour les Américains, et il donne une représentation saisissante et détaillée de l’assaut des forces spéciales qui aboutit à la mort du chef terroriste. Pourtant, l’essentiel du film, consacré au processus qui a permis d’atteindre ce résultat, raconte bien davantage.

 

La réalisatrice Kathryn Bigelow et son scénariste Mark Boal ont conçu une mise en récit de la traque de dix ans qui, en cherchant à rester aussi fidèle que possible au déroulement des faits, tout en les structurant autour d’un personnage central, raconte aussi autre chose que cet enchaînement de faits. Ce personnage central, Maya (interprétée par l’excellente Jessica Chastain), s’inspirerait d’une employée de la CIA ayant effectivement joué un rôle important dans la localisation de Ben Laden, ce qui n’a guère d’importance. L’important est plutôt ce qui se construit grâce et autour de Maya dans le déroulement du film. Soit une construction très semblable à celle mise en place par Démineurs, le précédent film de Kathryn Bigelow, également écrit par Mark Boal, et qui a raflé les principaux Oscars en 2010.

 

Le sens de l’action individuelle, et ses limites, jusqu’aux franges de la folie, face à une situation historique conflictuelle. Un schéma dramatique classique, mais dynamisé par un traitement à la fois spectaculaire et sans enjolivement, et par son inscription dans des crises contemporaines encore brûlantes…

 

Source: http://www.slate.fr/story/67439/thirty-dark-zero-ben-laden-11-septembre-kathryn-bigelow-jessica-chastain