A lire, à voir, à écouter
|
Publié le 3 Juillet 2003

Bref séjour à Jérusalem d’Eric Marty

Eric Marty, essayiste, écrivain et critique, est actuellement professeur de littérature française et contemporaine à l’Université Paris VII. Il publie chez Gallimard un Bref séjour à Jérusalem. Ce livre n’est pas un livre sur la guerre israélo-arabe ou israélo-palestinienne, mais affirme l’auteur, une méditation sur le nom d’Israël, « le nom de Jacob, le nom du sujet humain en tant qu’il ne cède pas sur son identité, donc du sujet en tant qu’il est libre. »



Eric Marty ajoute que « sil fallait nommer très concrètement l’inspiration qui a présidé à ce livre et à tous les textes qui y sont rassemblés, on pourrait dire alors que c’est celle qui nous a saisi face à l’immense omission que constituait le flot de paroles et d’images déversées par les médias. Cette omission touchait à une menace, celle d’une mise à mort, et à un être, qui dépassait la question même des victimes et des cadavres, l’être juif. »

Mais qu’est ce qui pousse donc Eric Marty à s’engager si ouvertement, si frontalement, et avec une telle fougue pour un pays si diabolisé, si marginalisé, si détesté, si ce n’est que ce pays est un « enjeu de liberté ? » : « Au fond, pourquoi ne pas le dire ? Si nous avions ce sentiment intense que c’était notre liberté qui était en jeu, c’est aussi parce qu’il s’agissait d’Israël. Bien que non-juif, il nous semblait qu’atteindre Israël dans son être même ; c’était atteindre notre liberté. C’est donc peut-être qu’Israël était notre liberté »

Comment un pays peut-il être la liberté d’un sujet qui lui est étranger ? Comment cet étranger peut-il croire que sa liberté dépend de ce pays ? Israël est bien plus qu’un pays. Et s’il est un pays de liberté, où le droit humain à un sens, où les sujets sont des sujets, parlent, se divisent, sont représentés, ce n’est pas évidemment pour ces simples raisons que notre liberté en était le débiteur. Et pourtant dans l’appréciation que nous avions de la menace dont Israël était l’objet et que nous vivions simultanément comme une menace objective et subjective, il y avait tout de même au moins partiellement, une implication de cette question du droit, des droits, des droits formels. Il est évident que si Israël n’avait pas été une démocratie, nous n’aurions pas pu lui accorder la même confiance…. »

Dans ce livre, l’auteur fait le récit d’un voyage qu’il fit à Jérusalem, puis le livre s’ouvre sur les études littéraires et philosophiques sur Jean Genet à Chatila et sur le philosophe allemand Edmund Husserl ; que rien ne relie entre eux, si ce n’est peut-être, mais très lointainement le nom d’Israël qui fut, la passion métaphysique négative du premier et, pour le second, une réminiscence tardive et indicible lors même que l’accession au pouvoir des nazis faisait de lui un paria en raison de ses ascendances juives.

Marc Knobel

Observatoire des médias


Eric Marty, Bref séjour à Jérusalem, Gallimard, 2003.