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Publié le 7 Avril 2009

DANS LE DÉSERT, traduction du Livre des Nombres, par Henri Meschonnic (*)

Ce n’est pas chose aisée d’entreprendre une nouvelle traduction du monument universel qu’est la Bible.



C’est pourtant la gageure, dans le sillage d’Edmond Fleg et d’André Chouraqui, qu’a relevée le philosophe et poète, Henri Meschonnic qui n’en n’est pas à son coup d’essai. Après Les Cinq Rouleaux (Gallimard, 1970), il a poursuivi son travail avec Jona et le signifiant errant (Gallimard, 1981), Gloires, traduction des Psaumes (Desclée de Brouwer, 2001), Au commencement, traduction de la Genèse (Desclée de Brouwer, 2002), Les Noms, traduction de l’Exode (Desclée de Brouwer, 2003) puis Et il a appelé, traduction du Lévitique (Desclée de Brouwer, 2005).
Le quatrième livre du Pentateuque, on le sait, s’intitule habituellement : « Les Nombres ». Un titre issu d’un long cheminement. De l’appellation ancienne hébraïque, ‘Hómech Hapekoudim, « Volume des dénombrements », on est passé au grec de la Septante, Arithmoi puis au latin de la Vulgate, Numeri d’où est issu, presque banalement le français Nombres.
Toutefois, en hébreu, le titre qui a cours est Bamidbar, « Dans le désert ». Sans être l’incipit du texte, ce mot ou du moins cette expression vient en quatrième position : « Vayedaber Adonaï El-Moché bamidbar », traduit ainsi par Meschonnic : « Et Il a parlé Adonaï vers Moïse/dans le désert ».
Quant aux dénombrements, ce ne sont pas, dit l’auteur, « seulement des nombres, ce sont aussi des noms, une masse de noms … » Et « la répétition même de ces dénombrements et de ces suites de noms en fait une litanie, la litanie de l’accompagnement du divin dans cette histoire ». Comme à l’accoutumée, Henri Meshonnic accorde une grande importance au rythme et au souffle, même si cela déroute en français. « C’est en quoi ce livre est un poème à entendre ». Adepte du combat du rythme contre le signe, l’auteur se livre à un exercice difficile, mais que les connaisseurs et les amateurs éclairés apprécieront.
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions Desclée de Brouwer. Octobre 2008. 296 pages. 22 euros