Pour parler de la relation très spécifique de Dieu avec les Juifs, Josy Eisenberg s’entretient avec Armand Abécassis, Gilles Bernheim, Benjamin Gross, Michel Gugenheim, Marc-Alain Ouaknin et Joseph Sitruk.
« Dieu, dit le Grand rabbin Sitruk, est le principe de base de la religion ; mais, comme un axiome en mathématiques, une fois qu’on l’a posé, on a tendance à ne plus en parler ». Revenant sur l’interdiction de prononcer le nom divin, celui qui sera son successeur, le Grand rabbin Gilles Bernheim, explique « qu’on ne peut pas nommer Dieu dans la mesure où l’on ne peut pas avoir une emprise sur Lui ». Comme en écho, le rabbin-philosophe, Marc-Alain Ouaknin, explique : « Comment nommer quelqu’un qui n’est pas nommable ? » et précise : « En fait, la doctrine juive des Noms de Dieu permet de sortir de l’idolâtrie ». Benjamin Gross, interrogé sur le premier des Dix Commandements : « Je suis l’Éternel ton Dieu… » rappelle à ce propos Maïmonide pour lequel, chacun doit se comporter en toute occasion comme si on était en présence d’un roi. A fortiori quand il s’agit du roi des rois ! Le Grand rabbin Michel Gugenheim attire l’attention sur les objets rituels qui, comme la mézouza ou les tefilin, ont pour fonction de nous rappeler de manière constante la présence divine. « Il faut accorder aux matérialistes et aux athées que l’idée de création est impossible à imaginer » nous dit Armand Abécassis pour lequel « L’enjeu de la création est l’émergence d’une conscience de soi ».
Des débats riches qui ouvrent des pistes de réflexion.
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions Albin Michel. Avant-propos de Gilbert Werndorfer. Avril 2009. 176 pages. 15 euros