Dans « Habib et le clou de Chrah », c’est la traditionnelle histoire de Chrah, le personnage légendaire du folklore nord-africain, lequel, par le biais d’une clause étonnante dans un bail locatif , à savoir la jouissance exclusive pour le propriétaire d’un clou planté dans un mur de la maison en location, réussit à pourrir la vie de ses locataires, qui nous est contée, mais de manière translatée. Ici, le malicieux Habib, père de la belle Salima se venge de son nigaud de beau-fils, Mokhtar et de sa mère en imposant lui aussi un droit de visite pour prières dans le logement des tourtereaux.
Avec « De Thysdrus à Syphax » ( El Djem et Sfax), l’auteur évoque des souvenirs personnel d’un voyage accompli en compagnie de son collègue Pierre-André C. Une occasion de réflexions politico-philosophiques : « Ainsi, tournant le dos à des millénaires d’occupations successives, la Tunisie musulmane moderne commence à récolter en partie les fruits de l’œuvre bourguibienne prolongée par son successeur ». Ou encore : « Avec l’aide d’une population féminine à la pointe de la modernité au sein de la nébuleuse de l’islam, on peut espérer cependant que ce petit pays résistera à l’inexorable poussée islamique qui sévit sans retenue ». Dans « L’amant de Zohra », c’est le classique problème du mariage arrangé dans les sociétés orientales qui est traité. La belle et jeune Zohra est offerte en pâture et en mariage à un homme plus âgé, mais bien nanti, le docteur L., lequel se révèle impuissant ou tout simplement fatigué et autorise la belle à faire ce qu’elle veut…dans la plus grande discrétion. Zohra, le docteur L, l’amant et son épouse, des enfants qui naissent. Ainsi va la vie dans une petite ville du centre de la Tunisie.
« Zaza de Hergla » évoque un personnage mystérieux, Zaza alias Jézabel, née en Forêt Noire qui raconte sa vie et ses amours au temps de l’Allemagne nazie.
« De Dar el Beida à Tipasa » nous propose un « Témoignage sur l’Algérie des années 80 » . Là encore, il s’agit d’une relation de voyage. Et toujours des réflexions socio-politiques : « Combien d’années encore pour que l’Algérie et sa jeunesse sortent de ce mauvais pas, laissant derrière elles une page d’Histoire révolutionnaire tournée, en marche vers la démocratie ? ». On comprend les inquiétudes doublées d’une certaine sympathie de Paul Cohen, mais les récents développements de l’actualité en Algérie n’incitent pas à l’optimisme.
Dans « Les roses de Marrakech », une occasion est donner d’évoquer la coopération discrète, dans le domaine agricole entre le Maroc et Israël avec, en toile de fond, une sombre affaire d’espionnage. Retour en Tunisie avec « Les nuits de Halfaouine ». Nous sommes en fin 1942. La Wehrmacht occupe la capitale de la Tunisie. De sombres histoires d’homosexuels relient un noble Sicilien, Giacomo, un officier S.S., Heinrich et un jeune Tunisois, pauvre mais débrouillard, Djibril.
Mais le récit le plus long et aussi le plus intéressant ,est sans conteste celui intitulé : « L’or des Juifs de Tunisie. Une enquête du commissaire M’Dib », un thriller qui pourrait constituer un bon scénario de film où l’on voit un policier tunisien enquêter sur l’or que la communauté juive avait été obligée, au temps de l’Occupation, de remettre aux Allemands, or qui a mystérieusement disparu et qui intéresse de nombreux services à travers le monde.
Une petite remarque : une bibliographie de 2 ouvrages, pas plus, nous est proposée, ouvrages qui n’ont qu’un rapport lointain avec le recueil. Étrange…
Reste un récit pimpant, agréable à lire. Une bonne détente assurée.
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions L’Harmattan. Novembre 2008. 144 pages. 13,50 euros.
(1)Voir notre recension du 20-01-2008 relative à son ouvrage « Un brin de jasmin fané ».
(2)Voir notre recension du 24-02-2009.