Le Grand Prix des 14èmes Rencontres du Cinéma en Beaujolais a été attribué à « La Famille Wolberg », un premier film d’Axelle Ropert, avec François Damiens, Valérie Benguigui, Léopoldine Serre et Valentin Vigourt dans les rôles principaux. Il raconte l’histoire de l’histoire de Simon Wolberg, Juif ashkenaze, maire d’un petit village de province et obsédé par sa famille et le bonheur des siens. Ce fils agitateur, ce mari amoureux fou et ce père accaparant (une version masculine très réussie de la « mère juive »), partage ses connaissances époustouflantes sur la musique soul américaine devant des élèves ébahis, s’introduit dans la vie personnelle de ses concitoyens et fait même jurer à sa fille de 18 ans que jamais elle ne quittera la maison familiale. « La Famille Wolberg est un mélodrame familial, genre qui pose des questions dont j’aime la simplicité », dit Axelle Ropert. « Qu’est-ce qu’un père de famille, comment un homme et une femme peuvent rester ensemble des années durant, comment laisser ses enfants partir et comment quitter son père et sa mère ? L’ombre protectrice que les parents jettent sur leurs enfants, et que ces mêmes enfants fuiront un jour ou l’autre... Le titre du film est une allusion à une tradition de titres que j’aime bien et qui a la forme : « La famille... » suivie d’un nom ashkénaze. Il y a par exemple La famille Moskat d’Isaac Bashevis Singer, La famille Karnosvki d’Israel Joshua Singer, La famille Tenenbaum de Wes Anderson. Et puis, il a un petit côté « pépère-de-toute-éternité » que j’aime bien, ça change des titres coups de poing. Wolberg, c’est le nom de jeune fille de ma mère, mais c’est la seule note autobiographique de mon film. Tout le reste est absolument inventé… D’une manière générale, j’aime beaucoup les personnages juifs. Pour dire les choses très banalement, j’aime quand on ne sait pas si c’est l’humour ou l’angoisse qui meut quelqu’un, et quand cette personne entretient soigneusement l’ambiguïté. Ce sont des personnages présents et très bien écrits dans le cinéma américain. En France, on est plus sur la réserve quand on met en scène des ashkénazes, sans doute est-on encore un peu trop pétri par le respect, la crainte d’être irrespectueux, parce que le pays a connu la guerre et la déportation à l’inverse des Etats-Unis. Je voulais faire sur ce sujet quelque chose d’un peu plus fantaisiste que ce que l’on peut voir… »
Un film drôle et romantique, à voir, bien sur, en famille. En salle le 2 décembre 2009.
Photo : D.R.