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Publié le 9 Juin 2010

La quête d’esther, par Eric Heuvel, Ruud van der Rol et Lies Schippers (*)

Depuis le fameux Maus du suédois Art Spiegelman (1), qui obtint le prix Pulitzer en 1992, la bande dessinée a montré qu’elle était en mesure, avec succès, d’apporter sa contribution à la mémoire de la Shoah. Les ouvrages en bandes dessinées ou en albums illustrés sur ce thème ne se comptent plus. Et voici, que la Maison Anne Frank d’Amsterdam, a son tour, rejoint le mouvement.



Fondée en 1957 par Otto Frank, le père d’Anne et unique survivant de la fameuse annexe secrète à Amsterdam où sa fille avait rédigé son Journal, la Maison Anne Frank est devenue un musée en 1960. Parallèlement aux visites, un million de visiteur par an, la Maison développe tout un ensemble de projets pédagogiques : expositions, publications. La parution de deux bandes dessinées, La quête d’Esther et Un secret de famille s’inscrit dans cette optique. Esther, qui a connu les heures sombres de la déportation et de la Shoah, a survécu miraculeusement grâce à des paysans qui l’ont cachée. Elle vit désormais aux États-Unis et décide, un jour, profitant de l’opportunité de la bar-mitzvah de son petit-fils Daniel, de revenir en Europe sur les lieux de son enfance. À Daniel et à son copain Jeroen qui la questionnent, Esther raconte sa vie, évoque ses souvenirs. Née à Karlsruhe en Allemagne en 1926, elle est la fille d’un médecin, Karl Hecht et d’une enseignante, Miriam Silber-Hecht.
En ce temps là la vie était très dure en Allemagne. Le chômage et la pauvreté étaient endémiques. Et c’est ainsi qu’Hitler, l’infâme Adolf Hitler, parvint au pouvoir en 1933. Dès lors, pour les Juifs allemands, la vie devient un calvaire au quotidien. Même le père de Fritz, son meilleur ami, est amené à revêtir l’uniforme nazi. Fritz lui-même doit rejoindre les Jeunesses Hitlériennes. En 1935, les lois raciales sont promulguées. Le 9 novembre 1938, c’est la terrible « Nuit de Cristal ». 30 000 Juifs sont raflés, des centaines de synagogues détruites. Esther et ses parents parviennent à fuir in extremis et rejoignent les Pays-Bas. Hélas, les nazis vont les rattraper. Ses parents sont arrêtés alors qu’elle est en classe. En quête de son passé, Esther retourne dans la ferme où elle s’est cachée. Elle y retrouve Barend, le fils de ses sauveurs. Mais qu’est devenu Bob Canter, son ami, grand amateur de boxe ? C’est là que le moyen moderne qu’est l’Internet, va permettre de retrouver sa trace.
Les dessins, d’un réalisme saisissant, notamment ceux qui nous montrent la vie dans les camps, et parfaitement colorés, rendent la lecture de cette BD que jeunes et moins jeunes découvriront avec intérêt, très agréable. On attend le deuxième volume avec impatience.


Jean-Pierre Allali
(*) Éditions Belin. Traduction et adaptation de Diane Afoumado. En association avec la Maison Anne Frank et en collaboration avec le Musée de l’Histoire Juive d’Amsterdam. Octobre 2009. 62 pages grand format. 11 euros.
(1) Maus. Un survivant raconte est paru en 1986. La suite, sous le titre : Et c’est là que mes ennuis ont commencé est parue en 1991.