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Publié le 13 Septembre 2010

Lascaux et la guerre

La grotte de Lascaux a été découverte le 12 septembre 1940 par quatre garçons : Marcel Ravidat, Simon Coencas, Georges Agniel, et Jacques Marsal. Jacques, Georges et Marcel ont campé plusieurs jours devant la grotte, pour protéger l'entrée de leur trésor. Le quatrième, Simon, a du quitter le village. Sa famille juive s'était réfugiée à Montignac en 1939, mais l'endroit n'était déjà plus sûr. Peu après, l'adolescent a été raflé, interné à Drancy, et a du son salut à la Croix-Rouge du fait de son jeune âge, avant de devenir ferrailleur après la guerre. En fait, l'histoire de ces garçons rencontre celle de France.




Marcel Ravidat devint maquisard parmi les premiers, dès juin 1943. Son maquis FTP campait tout près de Lascaux, dans les bois de La Chapelle-Aubareil et de Valojoulx, et opèrait dans la région. Il a réunit, entre autres, des jeunes du coin et bientôt quelques Géorgiens du général Andreï Vlassov, déserteurs de la Wehrmacht, dont le sympathique Pierre Kitiaschvili. Après l’automne 1944, le caporal Ravidat a combattu dans les Vosges, puis en Allemagne avec le 126e RI de Brive, il est entré à Baden-Baden. Il ignorait sans doute que le journaliste Pierre Ichac, qu’il avait rencontré à Lascaux en 1940, servait dans la même 1ère armée du général de Lattre de Tassigny.



Jacques Marsal, l’autre Montignacois, a été arrêté fin 1942 sur le pont de Montignac par la gendarmerie française, malgré ses 17 ans, et requis par le Service du travail obligatoire en Allemagne, institué officiellement par Pierre Laval le 16 février 1943. Il a découvert le film La Nuit des temps dans un cinéma de Vienne et a hurle alors à ses compagnons : « J’y étais !».



Simon Coencas, jeune Parisien de Montreuil, était réfugié à Montignac depuis juin 1940 avec sa famille. Le 27 septembre 1940, une ordonnance allemande prescrit le recensement des juifs parisiens et le 18 octobre « il est interdit aux Juifs qui ont fui la zone occupée d’y retourner ». Toute la famille de Simon est emprisonnée à Drancy puis exterminée à Auschwitz, sauf sa sœur Éliette et lui qui ont pu quitter Drancy, car ils n’avaient pas tout à fait 16 ans alors. Il s’est reconnu, après guerre, sur une photo prise à Drancy et publiée dans Historia. Avec ses camarades, Simon Coencas a été décoré de l’ordre du Mérite en 1991.



Photo : D.R.



Sources : Hominidès, RFI, Sud-Ouest