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Publié le 17 Novembre 2011

Le fantôme de Doña Gracia Mendes, par Naomi Ragen (*)

Le personnage emblématique de Doña Gracia Mendes alias La Señora a été l’objet de nombreux ouvrages, des romans comme des études (1). L’angle qu’a choisi Naomi Ragen est particulièrement original : une course poursuite à la recherche d’un manuscrit perdu.




Cette romancière américaine dont deux livres véritablement exceptionnels ont été jusqu’ici portés à la connaissance du public français grâce à la ténacité d’Emmanuelle Alhadef, directrice des Éditions Yodéa (2), s’écarte cette fois de son thème privilégié de la défense des femmes en détresse dans le milieu juif orthodoxe pour se lancer dans une biographie originale de l’un des personnages les plus captivants et les plus attachants de l’histoire du peuple juif : La Señora.



Nous sommes en 1996, à New York. C’est là que vivent Catherine da Costa, veuve de Carl da Costa, l’un des fils du rabbin Obadia da Costa, sa fille Janice, divorcée de Craig Abraham, remariée à Kenneth Barren et ses deux filles, Francesca et Suzanne, les héroïnes du roman. Une famille richissime de la haute bourgeoisie juive américaine où les traditions ancestrales ont tendance à se diluer au grand désespoir de la grand-mère, Catherine, abuela ou Gran, pour les siens, très attachée, elle, aux traditions.



Tout sépare Francesca et Suzanne, leur physique comme leur activité et leur vision du monde.



Atteinte d’un cancer, Catherine voudrait, avant sa mort, retrouver le journal de son ancêtre, la Señora. Or, ce manuscrit précieux, au gré des soubresauts de l’Histoire et au fil des ventes à travers le monde, a été dispersé en plusieurs morceaux à travers la planète. Désargentées malgré l’héritage potentiel auquel elles peuvent espérer, les deux sœurs, malgré l’antipathie qu’elles ressentent l’une pour l’autre vont être amenées à accepter la mission que leur confie leur grand-mère moyennant une confortable dotation : retrouver les carnets de la Señora.
Les voilà sur les routes du monde à la recherche de vieux papiers familiaux. La chasse au trésor va se corser quand l’amour se met de la partie. Et, bien entendu, tout va finir par de beaux mariages. C’est d’une lecture très agréable. On suit avec intérêt les aventures des deux sœurs tout en découvrant peu à peu la vie tumultueuse et les secrets de Doña Gracia Mendes.
Pour nous permettre de ne pas perdre le fil des intrications familiales, l’auteur prend soin de nous proposer, en introduction, un arbre généalogique.
Très sympathique. Une détente assurée.
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions Yodéa. Octobre 2011. 528 pages. 21 euros.
(1) Voir notamment Cecil Roth, Dona Gracia Nasi. Éditions Liana Levi, 1990, Catherine Clément, La Señora. Éditions Calmann-Lévy, 1992, Paul Grunebaum-Ballin, Joseph Nasi, duc de Naxos. Éditions Mouton, 1968 et Georges Nizan, Le duc de Naxos, Éditions Balland, 1988.
(2) Sotah. Soupçon d’adultère, prix Wizo 2010 ( Voir notre recension dans la Newsletter du 04-01-2010 ) puis Fille de Jephté (Voir notre recension dans la Newsletter du 08-12-2010 )
Photo : D.R.