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Publié le 26 Janvier 2011

Les résistances juives pendant l’occupation, par Georges Loinger (*)

Malgré la publication occasionnelle de quelques ouvrages, la contribution spécifiquement juive à la Résistance française aux heures sombres de l’Occupation et de la Shoah demeure mal connue (1). Et d’ailleurs, pourquoi, comme se le demande en préambule, André Kaspi, une action typiquement juive ? La réponse tient en quelques mots : « C’est que les Juifs n’étaient pas logés à la même enseigne que les autres Français ».




Témoin de la première heure de l’action exemplaire des Juifs de France dans le cadre de divers mouvements de résistance, d’entraide et de lutte contre l’ennemi nazi, Georges Loinger nous propose un ouvrage remarquable, tant par la qualité et la diversité des textes présentés que par la richesse de l’abondante iconographie qui illustre l’ouvrage.



En réalité, comme nous le dit l’auteur en préambule, il convient de parler de résistances au pluriel car « la résistance juive a revêtu des formes multiples et variées conditionnées par les lieux et les circonstances ». Et cette résistance spécifique, à laquelle le soutien de non-Juifs a été essentielle, « tout entière mue par la volonté de sauver les Juifs qui tous sont menacés de mort », même si elle n’a pas toujours atteint ses objectifs, est loin d’avoir été vaine. En témoignent notamment les quelque dix mille enfants qui lui doivent d’avoir survécu.



Après une description de l’état de la communauté juive avant la Guerre et une présentation des engagés volontaires et des Juifs dans la Résistance, les groupements juifs sont examinés un à un : L’Armée Juive, AJ-OJC, le Mouvement de la Jeunesse Sioniste, MJS, l’OSE, le Comité de la rue Amelot, la Sixième-Eclaireurs Israélites de France, le groupe des Aumôniers, le réseau Marcel, le service André, le réseau SF-Wizo, le réseau de l’hôpital de la Fondation Rothschild. Un chapitre est consacré à la fabrication des faux papiers, activité à haut risque s’il en fut, un autre aux actions de sauvetage, notamment à travers les maisons d’enfants et un troisième à la résistance juive armée. Enfin, une belle étude est consacrée aux Justes, ces hommes et ces femmes courageux de toutes origines sociales et de toutes religions, qui, souvent au péril de leur vie, ont secouru et sauvés des Juifs. Au 1er janvier 2010, on en dénombrait 23 226, les plus nombreux étant polonais : 6195. Il y eut aussi parmi eux des Albanais, des Brésiliens, des Chinois et même 1 Vietnamien. En tout, 44 pays représentés. Un travail remarquable.



Jean-Pierre Allali



(*) Avec le concours de Sabine Zeitoun. Préfaces de Simone Veil, Jean-Louis Crémieux-Brilhac, André Kaspi et Serge Klarsfeld. Editions Albin Michel. 2010. 274 pages. 29 euros.
(1) On pourra lire, sur ce sujet, « Organisation juive de combat. France 1940-1945 », sous la responsabilité de Georges Loinger. Éditions Autrement, 2006 et, du même Georges Loinger, avec le concours de Katy Hazan, aux Éditions Le Manuscrit, « Aux frontières de l’espoir ». 2006.



Photo : D.R.