Pithiviers-Auschwitz 17 juillet 1942, 6h15. Convoi 6

En 1945, il ne reste que 45 survivants des 928 personnes déportées le matin du 17 juillet 1942.

Monique Novodorsqui- Deniau a tenté de reconstituer les parcours des déportés du convoi n°6 en s’attardant sur ces 24 adolescents, parce qu’ « il importait de montrer que chacun d’entre eux était un enfant avant d’être un enfant déporté ». Pour certains il ne reste aucun document témoignant de leur existence. Monique Novodorsqui- Deniau a recherché leurs traces dans les archives des départements ou ils avaient vécu avant de disparaître. Elle a pu, parfois uniquement par des informations administratives, reconstituer les circonstances de leur arrestation jusqu’aux étapes précédant l’internement.

Il a fallu trouver des témoins pour parler de ces enfants et de ces adolescents ; un frère une sœur, parfois un camarade de classe ou même un habitant du village ou la famille de l’enfant avait séjourné cachée. Mais s’il est si difficile d’évoquer avec justesse ceux qui sont morts, il l’est plus encore de parler précisément de ceux qui sont assassinés. Ces témoignages recueillis par l’auteur dans la confidence de l’intimité ont « mobilisé des émotions intenses ». 101 instants de vie racontés, embaumés par l’odeur d’une cuisine familière flottant dans les cages d’escaliers, animés par la précision spectaculaire des souvenirs d’enfance ; des visions mêlées de sons étouffés dans le vertige de la perte totale.

Ce livre n’est pas une page d’histoire photographiée. Il est une page d’histoire déroulée et reconstituée : les origines, l’arrivée en France, les espoirs, la précarité, la promiscuité et si souvent la pauvreté traversent les témoignages. On y retrouve un portrait d’Irène Nemirovsky par se fille Denise Epstein. Superbement conçu, l’ouvrage laisse une large place aux documents. Les photographies, les lettres, les dessins et les cartes vérifient et portent la parole recueillie dans ce beau livre, qui s’achève par un glossaire détaillé.

Et pourtant, au-delà de la beauté du contenant, cet album nous dit ce qui est indescriptible, ce qui rend toutes les images trop statiques et la force vitale immense qu’il faut pour transmettre la vérité d’un être, dans un souvenir tangible mais qui est incontrôlable et dont rien ne peut donner consistance.

Pithiviers-Auschwitz 17 juillet 1942, 6h15

Convoi 6

Camps de Pithiviers et Beaune-la Rolande

Témoignages recueillis par Monique Novodorsqui-Deniau

Edition présentée et annotée par Kathy Hazan, Benoît Verny, Nadine Fresco

Editions Cercil

22 euros