Réponses juives aux défis d’aujourd’hui, par Gilles Bernheim

Le Grand rabbin de la Synagogue de la Victoire est aussi, on le sait, un remarquable philosophe à l’écoute des grands problèmes de société de notre époque. Dans un entretien mené par Philippe petit et Simon Kruk, Gilles Bernheim avec la minutie et le sens du détail qu’on lui connaît, évoque l’identité juive vécue, faite d’une exigence centrale : l’étude sans relâche de la Torah et, parallèlement, la culture juive. Une culture qui vient, en somme, de l’Immémorial. Évoquant Kafka et Freud, Schönberg et Kandinsky, Gilles Bernheim en vient tout naturellement à parler de l’Europe de demain. Une Europe qui, après des siècles de civilisation judéo-chrétienne, voit s’arrimer a lui une composante musulmane nouvelle. D’où les inquiétudes et les interrogations. On est en droit en effet de se poser la question de savoir si l’islam, dont le retard historique sur la société est flagrant, est en mesure de se faire à l’idée de la coexistence avec d’autres composantes religieuses qu’il sera immanquablement amené à côtoyer. « La condition sine qua non, dit Gilles Bernheim pour que l’islam puisse intégrer l’idée d’une société juive démocratique comme d’ailleurs de toute société pleinement démocratique réside dans l’affermissement, au sein des sociétés arabo-musulmanes, des courants de pensée critiques et dans l’élaboration d’un véritable pôle démocratique et laïque ». Dans cet esprit, estime le Grand rabbin, l’islam devra se pencher avec beaucoup de sérieux sur le sort jusqu’ici réservé à la femme.