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Publié le 15 Octobre 2013

Alain Finkielkraut : une réflexion libre

Par Marie-Laure Delorme

 

Dans « l’Identité malheureuse » (Stock, 230 p., 19,50 euros,en librairies mercredi 16 octobre 2013), l'auteur du Juif imaginaire retrace l'histoire de la notion d'identité française. Elle revêt tantôt le visage de l'universalisme (les Lumières et la nation comme contrat) et tantôt celui du romantisme (Maurice Barrès et la nation comme communauté organique). Le colonialisme, d'une part, et la Shoah, d'autre part, en seront les conséquences extrêmes. Le philosophe avance que l'identité française est aujourd'hui mise à mal, car toutes les histoires et les cultures sont louées en dehors de la nôtre. Elle reste frappée d'opprobre. La repentance est passée par là. "L'arbre généalogique des uns est tenu pour suspect et leur enracinement pour “nauséabond”, tandis que les autres sont invités à célébrer leur provenance et à cultiver leur altérité." Au cœur de L'Identité malheureuse, une réflexion libre sur l'immigration. On peut la partager ou la rejeter, mais non la condamner.

On retrouve les thèmes récurrents de l'auteur : crise de l'éducation et de l'intégration, dénonciation du relativisme et de l'égalitarisme

On retrouve les thèmes récurrents de l'auteur : crise de l'éducation et de l'intégration, dénonciation du relativisme et de l'égalitarisme. L'Identité malheureuse, écrit sous l'égide de Claude Lévi-Strauss et de Jean Daniel, ne doit pas se réduire à un essai polémique sur les dangers de l'immigration non contrôlée. Alain Finkielkraut cite Pascal, Péguy, Levinas. Ses pages littéraires, ouvertes aux siècles et aux autres, portent son amour de la France par un style nuancé et une pensée ciselée.

 

À lire aussi, l’entretien d’Alain Finkielkraut au JDD.