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Publié le 26 Mai 2015

Le Grand Prix du Festival de Cannes au « Fils de Saul » (« Saul Fia ») de Laszlo Nemes

Le premier long métrage du réalisateur hongrois a sidéré les festivaliers par son approche viscérale de la Shoah.
 

Par Domenico La Porta, publié sur Cineuropa.org le 15 mai 2015
Le Grand Prix 2015 du Festival de Cannes a été attribué dimanche 24 mai 2015 au « Fils de Saul » du Hongrois Laszlo Nemes.
Nous sommes en octobre 1944 et la caméra colle durant deux jours aux épaules de Saul, un membre des "Sonderkommando". Ces brigades spéciales de prisonniers surnommés les "porteurs de secrets" sont attachés aux crématoriums d'Auschwitz et ils en connaissent l’objet réel. Ils déshabillent les cadavres, nettoient les cendres... Dans un climat de révolte prisonnière, Saul s’attèle à une quête impossible : trouver un rabbin pour enterrer le corps d’un enfant qu’il pense être son fils.
Sur base des échos de la Shoah qui résonnent dans son passé familial et d’un livre de témoignages qu’il découvre il y a quelques années, le réalisateur construit une trinité impitoyable : cadrage unipersonnel (signé Matyas Erdely), son immersif (Tamas Zanyi) et chorégraphie du chaos parfaitement orchestrée. Cette construction fait du fils de Saul un échafaud qui sert aussi de montagnes russes. Le rythme ménage peu d’occasions pour le spectateur de reprendre son souffle tant les plans séquences effrénés vont jusqu’à donner la leçon au cinéma d’action. Moins de place aussi pour le sentimentalisme qui caractérise souvent ce sujet au cinéma. Après 4 mois d’immersion dans l’horreur, Saul est désensibilisé par le camp. La mort est son métier. C’est lui et personne d’autre que nous suivons dans ses déambulations physiques et émotionnelles. La violence n’a plus d’impact visuel sur Saul et le spectateur en voit d’ailleurs peu comme il ne discerne rien qui ne fasse l’objet, parfois désuet, de l’attention du personnage. La focale est courte, les plans larges inexistants et l’histoire réduite à une quête chimérique qui sert de fil rouge, couleur pourtant absente du film qui ne fait l’étalage d’aucune effusion de sang y compris durant les scènes brutales de massacre à la chaîne.
Geza Rohrig qui interprète Saul n’est pas acteur. C’est un écrivain poète hongrois qui vit à New York, mais qui, avec son visage et sa gestuelle bruts, a manifestement trouvé la maîtrise d’un nouveau moyen d’expression… Lire l’intégralité.
Source: http://cineuropa.org/nw.aspx?t=newsdetail&l=fr&did=291051
 

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