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Publié le 9 Décembre 2013

Le serment, par Naomi Ragen (*)

J'ai déjà dit ici même à plusieurs reprises combien il fallait être reconnaissant aux Éditions Yodéa que dirige avec brio Emmanuelle Alhadef, d'avoir permis au public français de connaître et d'apprécier Naomi Ragen. Écrivain et journaliste américaine qui vit depuis 1971 à Jérusalem, Naomi Ragen, tout en étant elle-même pratiquante, mène un remarquable combat pour le droit des femmes, notamment en milieu juif religieux. C'est ce combat qu'elle a décrit dans plusieurs de ses romans. On l'a découverte en France avec « Sotah. Soupçon d'adultère » (1). Puis sont venus successivement nous enchanter « Fille de Jephté » (2) et « Le silence de Tamar » (3) qui complétait la trilogie. Sans oublier « Le fantôme de Dona Gracia Mendes » (4).

Naomi Ragen n'a pas de mots assez durs pour décrire le mental des terroristes palestiniens

Avec « Le serment », Naomi Ragen pénètre un tout autre monde : celui de la société israélienne et des problèmes qu'elle rencontre face à un terrorisme palestinien qui dépasse toutes les frontières de la cruauté et de la haine.

 

« Selon le porte-parole de Tsahal, nous dit l'auteur, entre le 29 septembre 2000 et le 11 janvier 2003, les terroristes palestiniens ont perpétré 15992 attentats contre des civils israéliens, sans compter l'utilisation des bombes incendiaires et les jets de pierres. Ils ont tué 717 Israéliens et en ont blessé 5041. L'énorme majorité de ces morts et blessés était des civils ».

 

Naomi Ragen, avec son brio habituel et l'écriture très agréable qui la caractérise, nous conte la tragédie du docteur Jonathan Margulies et de sa fille, Ilana, cinq ans, capturés par un groupe terroriste palestinien alors que l'épouse du médecin, Élise, est enceinte. L'action s'étend sur six jours, du lundi 6 mai  au samedi 11 mai 2002 et se déroule, pour l'essentiel, à Jérusalem et en Judée. Alors que la police et l'armée israéliennes sont sur les dents, que la presse internationale est mobilisée, l'action la plus décisive et la plus spectaculaire va venir d'où on ne l'attendait pas : quatre vieilles femmes, Léa, Ariana, Maria et Esther qui, il y a longtemps, à Auschwitz, avaient fait le serment de s'unir et de lutter ensemble si un grave événement devait le justifier. « Dieu de Sara, Rebecca, Rachel et Léa, voici notre Alliance : si nous n'avons pas d'autre choix que de sacrifier nos vies pour les sanctifier, nous ferons ce sacrifice ensemble. Mais si nous survivons, nous survivrons ensemble, nous deviendrons une seule chair. Nous risquerons tout pour nous entraider et contribuer au bonheur des unes et des autres tout au long de notre vie ». Les quatre femmes vont conjuguer leurs efforts et utiliser leurs connaissances à travers le monde pour tenter de faire libérer les deux otages.

 

Naomi Ragen n'a pas de mots assez durs pour décrire le mental des terroristes palestiniens. Elle brosse un portrait terrifiant du chef des ravisseurs Marwan Bahama alias « Le Bourreau » : « Admirateur des nazis, Bahama était bien renseigné sur les pratiques des officiers SS et des employés des camps. Il coupait doigts et orteils un à un, versait de l'acide sulfurique dans la gorge, écorchait vif avec un chalumeau, couvrait le dos de ses victimes d'adhésif industriel et y mettait le feu...Il n'y avait pas de limites. Sa torture favorite était de violer les petits enfants devant leurs parents. Il avait appris cette technique des forces de sécurité de Saddam Hussein ».

 

Un véritable thriller. Un très beau roman.

 

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions Yodéa. Traduit de l'américain par Véronique Perl-Moraitis. Octobre 2013. 418 pages. 21 euros.

(1) Éditions Yodéa, 2009. Voir notre recension dans la Newsletter du 04-01-2010.

(2) Éditions Yodéa, 2010. Voir notre recension dans la Newsletter du 08-12-2010.

(3) Éditions Yodéa, 2012. Voir notre recension dans la Newsletter du 21-12-2012.

(4) Éditions Yodéa, 2011. Voir notre recension dans la Newsletter du 17-11-2011.

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