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Publié le 15 Septembre 2014

ROSA LUXEMBURG Non aux frontières par Anne Blanchard

Rosa Luxemburg est incontestablement l'une des figures juives les plus touchantes de l'Histoire contemporaine. Par sa vie tourmentée et brève , par son combat militant et par le souvenir impérissable qu'elle a laissé puisque depuis 1919, chaque année, en janvier, des milliers de Berlinois se rendent en pèlerinage au cimetière de Friedrichsfelde, où elle repose aux côtés de son compagnon de route spartakiste, Karl Liebknecht.

 

C'est à Zamosk, dans la partie de la Pologne alors sous autorité russe que naît, le 5 mars 1870, au sein d'une famille juive bourgeoise et cultivée, la petite Rosalia Luksenburg. Le père, Édouard Luksenburg, Juif assimilé, dirige un commerce de bois. La mère, Lina, Juive orthodoxe, descendante d'une lignée de dix-sept rabbins, est passionnée de littérature. Au foyer des Luksenburg, qui comptera cinq enfants : Anna, Nathan, Maximilien, Rosalia et Joseph, le yiddish et l'hébreu sont bannis et on ne parle que le polonais. En 1878, la famille rejoint Varsovie, loin du ghetto et, malgré un numerus clausus sévère, Rosalia est admise au lycée russe de la ville en 1880. Ce n'est pas une mince affaire pour cette jeune fille fragile atteinte d'une claudication consécutive à une maladie mal soignée lorsqu'elle avait cinq ans.

En 1887, c'est le premier contact avec la politique et les jeunes marxistes du « Proletariat ». La même année, menacée d'arrestation, elle passe clandestinement à Zurich et prend le nom de Rosa Luxemburg. C'est là qu'elle rencontrera celui qui sera « l'homme de sa vie », Leo Jogishes, fils d'une richissime famille lituanienne. Ensemble, ils vont créer le SDKP ( Social-Démocratie du Royaume de Pologne) et lancer un journal « La cause ouvrière ».

En 1897, Lina Luksenburg meurt. Elle aura droit à des funérailles juives traditionnelles. Pendant ce temps, la police tzariste traque les militants de gauche en Pologne comme en Russie. Leo et Rosa choisissent de poursuivre leur lutte en Allemagne. Pour parer à toute éventualité, un mariage blanc avec Allemand de souche est organisé pour Rosa. Le 19 avril 1898, elle épouse un certain Gustave Lübeck et s'installe à Berlin. Oratrice hors pair, elle devient la coqueluche du public. Au fil des ans les arrestations et les emprisonnements vont se succéder. Le 1er janvier 1919, le futur Parti Communiste allemand est créé, c'est la Ligue Spartakiste. Libérée en novembre 1918, après un nouveau séjour en prison, elle prend la direction du journal « Die Rote Fahne » ( Le drapeau rouge). Le 15 janvier 1919, la répression policière s'abat sur Berlin. Rosa est arrêtée, soumise à un violent interrogatoire au cours duquel on lui fracasse la mâchoire avant de l'abattre d'une balle dans la tête. Son corps, lesté d'une grosse pierre, est jeté dans un canal. Elle n'avait pas encore cinquante ans. La même nuit, Karl Liebknecht est assassiné. Deux mois après, Leo Jogishe subit le même sort.

 

Pour raconter l'histoire édifiante de Rosa Luxemburg, Anne Blanchard, peut-être parce qu'elle s'adresse surtout à des adolescents et à de jeunes adultes, a choisi de la mettre dans la bouche ou du moins dans les pattes de son chat Mimi, qui nous livre son carnet de notes. C'est, pour le moins original.

En complément, l'auteur propose un chapitre « Eux aussi, ils ont dit non » et évoque l'action de la Cimade, du RESF, du Gisti ou encore du Mrap et, plus généralement des Altermondialistes. Rosa Luxemburg aurait-elle accepté cette filiation ? Allez savoir ! Reste un sympathique petit livre qui permet de maintenir vivace le souvenir d'une militante héroïque du début du siècle dernier

Jean-Pierre Allali

 

ROSA LUXEMBURG

Non aux frontières

par Anne Blanchard

Éditions Actes Sud Junior. Septembre 2014. 96 pages. 8 euros.

 

 

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