Stéphanie Dassa

Directrice de projets

22 juillet 1878 : naissance de Janusz Korczak, par Stéphanie Dassa

22 Juillet 2016 | 104 vue(s)
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Le clinicien qu’est Korczak est aussi un homme d’idées, un penseur politique.

C’est le 22 juillet 1878 que nait à Varsovie Henryk Goldzmit alias Janusz Korczak, un homme au destin particulier : celui d’un médecin tout d’abord, homme de sciences et grand pédagogue pétri de culture européenne.  Né dans une famille assimilée, c'est-à-dire polonophone, il s’engage très tôt dans l’action sociale avant de réaliser ce qui sera l’œuvre de sa vie : la Maison des Orphelins où il a élaboré des méthodes éducatives inédites.  En refondant complètement les pratiques éducatives, il a placé  l’enfant au centre de sa propre existence, le rendant maître de son devenir, permettant ainsi à l’orphelin d’arpenter le monde.

Le clinicien qu’est Korczak est aussi un homme d’idées, un penseur politique. Sa pédagogie s’axe autour du respect, de la responsabilité et de la participation. C’est lui qui a eu l’idée de créer la République des Enfants. Ce concept unique fonctionne comme une démocratie : les enfants sont considérés comme des citoyens et donc en mesure de décider des lois qui régissent leur existence au sein de l’orphelinat. Les enfants, âgés de 7 à 14 ans élisent leur propre parlement, plaident devant leurs propres juges en cas de conflit. Il s’agit véritablement d’un fonctionnement sociétal mis à la disposition de l’enfant et cherchant à stimuler son sens de la justice, de l’équité, du vivre ensemble en somme.

Il crée aussi pour les enfants des émissions de radio  et un journal qu’il leur laisse le soin de rédiger.

La guerre et la nazisme vont mettre fin à l’épopée du Docteur Korczak . Enfermé dans la ghetto de Varsovie , il eut plusieurs fois la possibilité de s’en évader grâce à de faux papiers mais refuse à chaque fois de déserter la Maison des Orphelins.  La fin de Korczak est tragico-héroïque : renonçant à sa vie pour ses convictions, il est déporté de Varsovie vers Treblinka en août 1942. Il entre avec ses enfants dans la chambre à gaz où ils sont tous assassinés ensemble et  en même temps, le 7 août.

Sa vie s’arrête là, mais son œuvre inspire et perdure. Des générations de chercheurs et de pédagogues se sont intéressées à l’éducation selon Korczak. Il existe aujourd’hui des centres de recherches sur Korczak  en Allemagne, en Pologne, en Israël et en France notamment.

Korczak qui était révulsé à l’idée de « laisser le monde dans l’état trouvé » a aussi inspiré les rédacteurs de la Convention relative aux droits de l’enfant, et adoptée en 1989 par les Nations Unies.

 « Le Montessori polonais » qui a géré quasi seul la vie de son orphelinat n’a pas laissé le monde en l’état ; il lui a rendu plus justice en exigeant autant de droits que de devoirs.