Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Blog du Crif - Relations diplomatiques avec Israël : Regards sur les Juifs du Kosovo

04 Février 2021 | 231 vue(s)
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Actualité

Il y a six ans (ndlr. : cet article a été rédigé en mars 2018), en mars 2012, à Montauban et Toulouse, sept vies ont été fauchées par un terroriste islamique, donc je me refuse à rappeler le nom.

Le 33ème Dîner du Crif a eu lieu mercredi 7 mars 2018.

Au théâtre de l'Atelier, Le livre de ma mère réveille les souvenirs et sublime la relation la plus sincère qui est donnée à l'homme de connaître.

Vendredi 23 février, j'ai rencontré Tomasz Młynarski, Ambassadeur de Pologne en France.

La première djihadiste française capturée à Mossoul par les forces irakiennes en juillet 2017, Mélina Boughedir, a été condamnée, lundi 19 février, à sept mois de prison pour l’entrée illégale en Irak. La cour pénale de Bagdad a ordonné la remise en liberté et l’expulsion en France de la jeune femme de 27 ans, sa peine étant couverte par sa détention préventive, rapporte Le Monde du 19 février. Qui sont ces femmes désintégrées, déstructurées et aveuglées par la propagande développée par les djihadistes et qui ont été des proies faciles. C'est ainsi qu'elles se sont déshumanisées et ont participé à cette orgie barbare et moyenâgeuse qu’est le djihadisme.

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"On s'est dit au-revoir. C'était un au-revoir mais qu'y avait-il derrière cet au-revoir ?"

Dans leur numéro de janvier, le magazine Youpi, destiné aux enfants de 5 à 8 ans, a clairement laissé entendre à ses jeunes lecteurs qu' "Israel n'était pas un vrai pays".

"Je m’en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe…"
 

 

En juin 2017, quelques mois après l'assassinat de Sarah Halimi, Francis Kalifat, Président du Crif, publiait cette tribune en hommage à Sarah Halimi, devenue le triste symbole de l'antisémitisme qui tue. 

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Illustration: En 1929, les fidèles devant la synagogue de Pristina.

 

Décidément, depuis quelques mois, l’État juif multiplie les succès diplomatiques.

Après les Accords d’Abraham impliquant les Émirats Arabes Unis et le Bahreïn, le rapprochement avec le Soudan puis avec le Maroc, voici qu’à la suite d’une véritable première mondiale, une négociation par Zoom, en raison de la pandémie de Covid-19, le 1er février 2021, le Kosovo - État européen à majorité musulmane, indépendant depuis 2008 - a reconnu Israël et annoncé son intention d’installer son ambassade à Jérusalem.

L’étonnante négociation Zoom a réuni le ministre israélien des Affaires étrangères, Gabi Ashkenazi, son homologue kosovare, Meliza Haradinaj-Stublla et Matthew Palmer, envoyé spécial américain pour les Balkans occidentaux. Pleins feux sur le Kosovo et regards sur la petite communauté juive de ce pays.

 

Le Kosovo constitue la preuve vivante de la dislocation, en quelques années, de la Yougoslavie du maréchal Tito. Les différentes entités qui la composaient : Bosnie-Herzégovine, Croatie, Macédoine, Monténégro, Serbie et Slovénie  se sont séparées devenant autant d' États indépendants et voilà que le 17 février 2008, à la suite d'une guerre atroce entre l'armée yougoslave, d'une part et l'armée de libération du Kosovo épaulée par l'OTAN, d'autre part, guerre qui a fait des milliers de victimes, une province de la Serbie, le Kosovo, capitale Pristina ( Prizren) s'est à son tour séparée, constituant en somme une séparation dans la séparation. Avec une spécificité supplémentaire : 15% du pays, la partie nord, le Kosovo-et-Métochie, peuplée de Serbes, refuse d'accepter le nouveau pouvoir.

Le Kosovo, désormais République indépendante, n'est pas reconnu par tous les États. En mars 2020, sur les 193 États membres de l’ONU, 92 avaient reconnu le Kosovo, 96 étaient contre et 5 se sont abstenus. Le Kosovo, ce sont environ 11 000 km2 et 2 millions d'habitants. En 2021, la présidente intérimaire est Vjosa Osmani et le Premier ministre, Avdullah Hoti.

90 % des habitants du pays sont des musulmans sunnites avec une minorité bektachie. Mais on trouve aussi, au Kosovo, des Albanais, des Bosniaques, des Serbes, des Turcs, des Gorans, des Roms ashkalis et des Roms égyptiens, des Musulmans salafistes, des Protestants, des Catholiques, des Chrétiens orthodoxes et...des Juifs.

Retour sur l'histoire des Juifs kosovars

Au meilleur moment démographique de son histoire, la communauté juive du Kosovo a compté un millier d'âmes.

Comme c'est le cas pour l'ensemble de l'ancienne Yougoslavie, les Juifs qui ont vécu au Kosovo, sont, pour l'essentiel, venus d'Espagne et du Portugal pour échapper à l'Inquisition. Ils ont vécu, au long des siècles, en bonne intelligence avec la population majoritaire, exerçant les métiers les plus divers. Longtemps, le bazar juif de Pristina, à l'intérieur du « Bezistan », a été une attraction locale. La synagogue, dite « Havra Sinagoga », se trouvait au bout du bazar.  Bâties pendant la période ottomane, vers 1800, les synagogues du pays ont été rasées sous le régime communiste. Le principe de la construction d'une nouvelle synagogue sous l'égide de la « Maison d'Israël au Kosovo » a été acté en 2016 par le conseil municipal de Pristina et a pratiquement abouti en 2021 même si la population juive n’est plus que de quelques dizaines d’âmes. Un musée juif devrait également voir le jour.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Juifs ont été en sécurité au Kosovo qui a été une terre d'asile pour des Juifs venus de pays voisins. De nombreux Justes kosovars et albanais ont, d’ailleurs, sauvé des Juifs de la tourmente nazie.

Plus près de nous, en mai 2013, dans le cadre d'une « Semaine de la Tolérance », une plaque en souvenir des Juifs assassinés pendant la Shoah a été inaugurée à Pristina. Selon les dirigeants de la communauté juive, 258 Juifs de Pristina furent déportés dans un camp de Belgique et 92 d'entre eux y trouvèrent la mort.

Ces dernières années, des commémorations de Hanouka ont réuni dans des hôtels de Pristina des Juifs et des Musulmans.

La communauté juive, qui a longtemps été dirigée par Votim Demiri, le « patriarche », a accueilli avec ferveur la nouvelle de l’établissement de relations diplomatiques entre Jérusalem et Pristina.

Une page nouvelle s'ouvre désormais.

Jean Pierre Allali