Ce 20 janvier, le calvaire puis le meurtre d’Ilan Halimi - Par Marc Knobel

03 Février 2017 | 396 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Lors de la cérémonie nationale d'hommage commémorant le Vel d'Hiv, le Président du Crif s'est dit "choqué et révolté par les images indécentes des récalcitrant à la vaccination arborant l’étoile jaune et faisant des raccourcis honteux. C’est un outrage à la mémoire des victimes de la Shoah".

Discours de Marcel Dreyfuss,  Président d’honneur du Consistoire, représentant du Crif ARA - Dimanche 18/7/2021 au CHRD

Discours prononcé à la cérémonie du 18 juillet par M. Albert Massiah, Président du Crif Bordeaux-Aquitaine, lors de la « Journée nationale à la mémoire des crimes racistes et antisémites commis par l’État français de Vichy et en hommage aux Justes de France. »

Pages

Actualité

Mardi 19 avril 2022, le Crif et le Mémorial de la Shoah ont organisé une cérémonie virtuelle pour commémorer le 79ème anniversaire du Soulèvement du ghetto de Varsovie. Un moment très émouvant lors duquel nous avons rendu hommage aux Hommes qui se sont soulevés pour leur liberté.

À l’heure de la réconciliation Jérusalem-Ankara, retour sur l’histoire des Juifs de Turquie.

Pages

Antisémitisme

Dans cette éditorial, je m'exprime sur la décision du parquet de Paris de s'opposer à l'incarcération d'Alain Soral. Une décision que je juge inacceptable.

Le 34ème Dîner du Crif a eu lieu mercredi 20 février 2019

Dimanche 13 janvier 2019, le Crif a organisé un voyage de mémoire à Auschwitz-Birkenau. Ensemble, au cours de cette journée, nous avons honoré le devoir de mémoire qui nous incombe et sommes devenus les témoins des témoins.

Pages

Ecrit par Marc Knobel

Le 20 janvier 2006, Ilan Halimi a rendez-vous dans la soirée avec la jeune Emma, qui l’a abordé trois jours plus tôt dans le magasin de téléphonie où il effectuait un remplacement. La mineure est un appât « loué » par un certain Youssouf Fofana, dont le plan est d’enlever un Juif « parce qu’ils sont bourrés de thunes ». Emma entraîne Ilan dans le sous-sol d’un immeuble à Sceaux. Là, ses complices le neutralisent, puis l’emmènent jusqu’à un appartement vide à Bagneux. Pendant les semaines suivantes, Ilan est torturé. Le 21 janvier, Youssouf Fofana envoie depuis un cybercafé une photo d’Ilan à sa famille, sur laquelle le jeune homme apparaît menacé par un pistolet. Fofana exige une rançon de 450 000 euros. Il quitte ensuite la France pour la Côte d’Ivoire, laissant l’otage à des complices. Ceux-ci, devant l’absence de réaction de la famille, s’impatientent. Les jours passent, les échanges téléphoniques avec la famille se multiplient, le montant de la rançon ne cesse de changer. De retour en France, Fofana avertit un rabbin « qu’un Juif a été kidnappé » et le guide jusqu’à une boîte à lettre, où l’homme découvre une cassette audio sur laquelle est enregistré un message de l’otage « en sanglot, à bout de force, parlant des sévices subis ». Au même moment, Fofana doit libérer l’appartement où est détenu Ilan. Dans la nuit du 29, il le transporte jusque dans les caves d’un immeuble voisin. Le 31, un cousin d’Ilan trouve une cassette vidéo de l’otage, suppliant qu’on paye la rançon, ainsi qu’une photo de lui, en peignoir, menotté. La situation s’enlise. Ilan s’affaiblit. Il est dévêtu, toujours ligoté, à peine nourri. Des gardiens craquent, mais d’autres sont prêts à les relever. Le 4 février, Fofana repart en Afrique d’où, le 6, il organise une remise de rançon. Elle doit avoir lieu place de Clichy, et être apportée par le père d’Ilan. Le ravisseur demande que l’opération se fasse à Bruxelles. Le père d’Ilan refuse. D’Afrique, Fofana demande alors à ses complices de photographier l’otage, une photo où Ilan serait « en sang ». Ce dernier est trop affaibli pour supporter des coups, alors ils lui entaillent la joue au cutter. Le dimanche 12 février, Fofana rentre à Paris. Ses complices en ont visiblement assez. Il leur assure qu’il va relâcher Ilan. Puis, afin d’effacer les indices, Ilan est lavé, ses cheveux sont rasés. Le 13, à 5 h, les membres du gang voient Fofana s’éloigner au volant d’une voiture volée. Son otage se trouve dans le coffre. Plus tard, une passante en voiture repère Ilan, couché le long d’une voie de chemin de fer, à Sainte-Geneviève-des-Bois. Il est nu, menotté et bâillonné. Son corps est couvert de brûlures. Il meurt au cours de son transfert vers l’hôpital. Les médecins recensent quatre plaies au cou, dont une à la veine jugulaire, une à la hanche. Le 15 février, Audrey Lorleach, membre du Gang des Barbares, dénonce les faits à la police. Youssouf Fofana se réfugie en Côte-d’Ivoire où il est arrêté avant d’être extradé vers la France. Il est mis en examen et écroué. En France, l’émotion est immense. Plusieurs manifestations sont organisées. Les réactions se multiplient dans la presse et les médias pour condamner ce meurtre odieux. Pourtant, l’incertitude demeure. Est-ce un crime crapuleux ? Ou est-ce, circonstance aggravante, un crime antisémite ? La question est bientôt tranchée : le 5 mars, les magistrats instructeurs retiennent la circonstance aggravante d’antisémitisme. Plus de doute, il s’agit d’un crime antisémite. Immédiatement, le ton change.

C’est le 29 avril 2009 que s’ouvre le procès des membres du Gang devant la cour d’assises des mineurs de Paris. Il se tient selon les règles de publicité restreinte car certains des accusés sont mineurs au moment des faits. Youssouf Fofana se livre à d’intolérables provocations. Tout sourire, il lance « Allah vaincra ». Lorsqu’on lui demande son identité et sa date de naissance, il répond « Arabe, Africain, islamiste et salafiste » et dit être né le 13 février 2006 à Sainte-Geneviève-des-Bois – date et lieu de la mort de sa victime. Puis, Youssouf Fofana reconnaît avoir versé un liquide sur le corps d’Ilan et l’avoir enflammé avec un briquet. Le 11 juillet 2009, il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 22 ans. Les verdicts prononcés à l’encontre des autres prévenus vont de 18 ans de prison ferme à l’acquittement. À l’énoncé du verdict, les parties civiles réagissent sans tarder. Au pied même des escaliers de la cour d’assises, l’avocat de la famille Halimi, Me Francis Szpiner, déclare : « La peine de prison à perpétuité … pour Youssouf Fofana est juste. La cour a cependant été particulièrement indulgente avec les autres accusés. Ce crime est un défi pour la République et la société française. » Le CRIF critique la forme du procès : « cette tragédie a été aggravée par le huis clos qui a entouré ce procès et qui lui a retiré la valeur exemplaire et pédagogique qu’il aurait dû avoir ». Me Szpiner, qui, en tant que partie civile, ne peut faire appel du jugement exhorte alors le ministre d’ordonner au procureur général de Paris de s’en charger. Finalement, un nouveau procès aux assises est organisé pour 14 des 25 complices de Fofana. Le 17 décembre 2010, la cour d’assises d’appel du Val-de-Marne alourdit les peines de sept des dix-sept accusés du Gang des Barbares jugés en appel. La cour prononce des peines allant de huit mois d’emprisonnement à 18 ans de réclusion criminelle, ainsi qu’un acquittement. Elle confirme par ailleurs le verdict prononcé en première instance à Paris pour les 10 autres accusés. Dans cette surabondance de polémiques et de rebondissements compliqués, nous retiendrons le désarroi de la communauté juive. Ilan Halimi est le premier Juif qui ait été assassiné en ce XXIème siècle. Chez les Juifs de France, le traumatisme est immense et la douleur est incommensurable. Quelques années plus tard, en ce 20 janvier 2017, personne n’arrive à oublier le meurtre d’Ilan, pas plus que les cris d’horreur de sa mère lors de son enterrement.

Retrouvez également l'hommage rendu sur les réseaux sociaux du Crif ici : Facebook et Twitter

Maintenance

Le site du Crif est actuellement en maintenance