Virginie Guedj-Bellaïche

Journaliste-Blogueuse

Le dialogue renoué

29 Juillet 2015 | 1538 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Ce sont toutes les plumes que l'on veut briser...

Une compilation exhaustive, à ce jour, des articles et des interviews que j'ai données à la presse française et internationale.

I was interviewed in English and French, on EJP , Tuesday, May 31, 2016.

J'ai été interviewé, en anglais et en français, sur EJP, mardi 31 mai 2016.

Suite à mon élection à la Présidence du Crif, j'ai répondu aux questions de Paul Amar, sur tous les sujets de préoccupations des Juifs de France.

J'ai été interviewé par Marc-Olivier Fogiel et Eléanor Douet, sur RTL, lundi 30 mai 2016, à la suite de mon élection à la Présidence du Crif.

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Portrait de Jean Pierre Allali
LES STADES ET LE DATA
|
25 Mai 2016
Catégorie : France

Marc Perelman, auteur d'un livre percutant sur le passé trouble du célèbre architecte Le Corbusier, est aussi un spécialiste des excès du monde du football et, en général, des stades. Dans un petit ouvrage bien documenté, il se penche sur l'influence des "data" sur le public.

 

 

Portrait de Jean Pierre Allali
LECTURES
|
24 Mai 2016
Catégorie : France, Antisémitisme

Malka Marcovich et Jean-Marie Dubois publient un ouvrage original sur un thème peu exploré jusqu'ici:la contribution de la société des transports parisiens à l'organisation de la déportation des Juifs de France aux heures sombres de l'Occupation nazie

Lors du 9ème Salon du Livre de la Licra, deux écrivains ont reçu un prix

La cérémonie se déroulera demain mardi 19 avril à 17h30 au Mémorial de la Shoah à Paris en présence des ambassadeurs de Pologne et d’Israël.

A l'heure où le Front National réalise des scores historiques, la fête de Hanoukah rappelle que les forces politiques qui ne respectent pas les particularismes sont dangereuses

L'EI ne lésine pas sur les moyens et diffuse sur Internet sa propagande ignominieuse...

Souvent l’on oublie de parler d’eux

Il faut croire que certaines alertes ne veulent pas être entendues à temps

Pages

Mars 2015, je suis à Bruxelles pour présenter mon livre écrit sous le pseudo de Sefwoman, « Je suis juive mais je me soigne ». Au fond de la salle, 3 garçons se marrent. Je parle de ma grand-mère et de service 98 pièces au liseré doré, de son refus de me parler de l’Algérie, des plats typiques, je les vois acquiescer. A la fin de la présentation, ils ont tous les trois le livre en main. « La dédicace c’est pour qui ? », « Ismaël ».

Du plus loin que je me souvienne, il y a toujours eu des musulmans dans mon entourage. Ils étaient dans les conversations de mes grands-parents. Ils étaient nos voisins, nos commerçants, mes collègues à la Smerep, mes binômes en TD, mes voisins de bibliothèque. Moi juive, eux musulmans. Tous assumés conscients d’appartenir à deux mondes différents mais parfois si proches. Lors de nos diners, annuel, je revois M. parents nés au Maroc, père agent d’entretien, aujourd’hui Trader à Londres après 2 ans d’envoi de CV infructueux, nous imiter sa grand-mère qui a toujours vécu avec eux. Ses intonations, ses anecdotes résonnaient comme un lointain écho à mon histoire, ma famille. En 2000, tout bascule. L’équilibre fragile, la cordialité bienveillante  voire l'indifférence se fissurent. Fin octobre, je suis à un diner. M, est là. Il ne parle que de ce que tout le monde appelle la deuxième Intifada. Je l’écoute gloser sur la visite d’Ariel Sharon sur le mont du Temple. Je tente de répondre. je parle des attentats-suicide, il me répond résistance. La conversation est vive. Il me regarde et me lance pointant son doigt vers moi « vous les juifs ».

On se dit qu’on ne se sépare pas « fâché » mais je le sais ce sera, avec eux, mon dernier dîner

Le reste de la tablée  ne sort de sa léthargie que pour se lamenter sur les images à la télé du petit Mohamed Al-Dura. Pour la première fois de ma vie, au milieu d’eux, je me demande ce que je fous là. On se dit qu’on ne se sépare pas « fâché » mais je le sais ce sera, avec eux, mon dernier diner.  J’ai revu M, à l’aéroport Charles-de-Gaulle, nous sommes en novembre 2001, Je m’envole pour New-York, défiguré un mois plus tôt, lui attend un vol pour Punta Cana. Quand on remet nos chaussures après la douane, il se plaint des multiples contrôles. Je lui réponds « la faute à qui ». Il baisse la tête, je sais que c'est facile mais je me dis qu’on est quitte. Depuis 2000, j’ai la sensation que le conflit israélo-palestinien  - qui date de plus d’un demi-siècle - a empêché toutes tentatives de discussions avec les musulmans que j’ai croisés. Comme si finalement, plus rien ne pouvait nous rassembler et que nos échanges ne pouvaient se faire que  sur le mode de l’affrontement verbal. J’en étais resté à ce constat d’échec quand Ismaël Saïdi m’a tendu un soir de mars 2015 mon livre en me disant « Pour Ismaël », nous avons parlé, beaucoup. De la radicalisation, de l’antisémitisme, de l’abandon des politiques, de la vie dans ce qu’on appelle les quartiers, de l’inculture terreau de la radicalisation, des frères Kouachi, de l’attentat contre l’Hyper Casher, de Latifah Ibn Ziaten, la maman d’Imad.

Le conflit israélo-palestinien, épicentre de l’empathie et de la solidarité internationale

Ismaël Saïdi a monté une pièce. Tragi-comique, « DJIHAD » raconte l’histoire de Ben, Reda et Ismaël, trois bruxellois qui décident de partir faire le jihad en Syrie. La pièce  tourne partout en Belgique mais aussi dans le Nord de la France. Des classes entières viennent les voir. Quand le rideau  tombe sur une fin tragique pour les 3 jeunes apprentis jihadistes, les trois comédiens quittent leurs personnages pour échanger avec les jeunes  partagés pendant plus d’une heure entre rire et effroi. Souvent l’échange se cristallise autour du conflit israélo-palestinien, épicentre de l’empathie et de la solidarité internationale mais Ismaël et ses deux acolytes tiennent bon. Un vendredi, quelques heures avant chabbath, le rabbin de Bruxelles a assisté à la pièce. Ses paroles d’apaisement ont été acclamées par une salle pourtant hostile quelques minutes auparavant. En lui dédicaçant mon livre (la dédicace la plus pourrie de ma jeune carrière d’auteur nous en convenons tous les deux), j’ai renoué ce dialogue interrompu quinze ans plus tôt.  En rentrant en Israël, j’ai suivi les exploits de la troupe, lu toutes leurs interviews, liké leurs statuts Facebook. Certains y verront de ma part de l’angélisme mais, j’assume. J’ai assez de  lucidité pour savoir que nous ne sommes sans doute pas d’accord sur tout mais j’ai la naïveté de croire que le maintien d’un dialogue est possible. Et plus que tout, j’ai la conviction qu’historiquement, culturellement et cultuellement, j’aurais toujours plus d’affinités avec Ismaël Saïdi qu’avec François Berton, dont la famille est installée en Lozère depuis 8 générations. Et puis Ismaël, n’est –il pas le fils d’Abraham  ?