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Publié le 27 Février 2023

Actualités des régions - Freeze Corleone à Rennes : le Crif Bretagne mobilisé

Dans trois semaines aura lieu le Boomin Fest, à Rennes. Sa tête d'affiche ? Le rappeur Freeze Corleone, tristement connu pour ses textes antisémitises et négationnistes. Soutenu par le Crif national, le délégué du Crif Bretagne, Jean-Philippe Elkaim, alerte depuis des semaines les élus locaux sur dangers d'une telle programmation.

Publié le 24 février 2023 dans Le Télégramme sous le titre « À Rennes, la venue du rappeur Freeze Corleone fait toujours polémique ».

La venue du rappeur Freeze Corleone à Rennes le 18 mars prochain avait été au cœur des débats en décembre dernier. À trois semaines du Boomin Fest, sa programmation, maintenue, continue d’inquiéter.

Le rappeur Freeze Corleone doit se produire au Liberté de Rennes, le 18 mars 2023, pour la 2e édition du Boomin Fest. Une venue qui inquiète notamment Jean-Philippe Elkaim, délégué du Conseil Représentatif des Institutions juives de France (Crif) pour la Bretagne. « Je préfère penser que les organisateurs de ce festival ne sont pas suffisamment informés sur le contenu des textes de cet « artiste », textes qui sont, pour certains, de véritables brûlots antisémites », confie l’élu de Brest Métropole.

Il souligne les poursuites judiciaires dont Freeze Corleone a fait l’objet, notamment en 2020 de la part du Parquet de Paris, pour incitation à la haine raciale. Si l’affaire avait été classée sans suite, son ancien label, Universal, avait par la suite lâché le rappeur. « Le CRIF et moi-même souhaitons une déprogrammation de sa venue dans ce festival rennais », ajoute-t-il. Un de ses concerts, prévu le 4 décembre 2022 à Montréal, avait similairement été annulé sous pression de l’organisation juive B’nai brith Canada.

Toujours programmé ?

Le CRIF n’est pas le seul à souhaiter une révision de la programmation. Lors du conseil municipal du 5 décembre dernier, le chanteur était au cœur des débats. Charles Compagnon, le patron de l’opposition Libre d’agir pour Rennes, s’indignait de « l’incohérence » de la Ville. « Il fait l’apologie d’Adolphe Hitler et du 3e Reich. (…) Et à Rennes, nous allons accueillir cette personne ? ».

Nathalie Appéré, maire de la capitale bretonne, avait déjà demandé, fin novembre, à Citédia, gestionnaire de la salle de spectacle, de se rapprocher du producteur « pour que cette programmation soit revue ». Contactée, Citédia n’a pas donné davantage d’informations à cette heure. Krumpp, la société de production organisatrice du Boomin Fest, a elle affirmé vouloir « en reparler en temps voulu ». À cette date, Freeze Corleone s’inscrit toujours dans la programmation.

 

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Publié le 24 février 2023 dans Le Télégramme sous le titre « Qui est Freeze Corleone, ce rappeur dont la programmation à Rennes fait polémique ? »

Freeze Corleone, B.B Jacques, J9ueve, Winnterzuko et NeS. Ce sont les artistes du festival Boomin Fest, organisé samedi 18 mars 2023, à la salle du Liberté, à Rennes.

La participation de Freeze Corleone, tête d’affiche de cette soirée, fait polémique. Ce rappeur de 30 ans ne vous dit peut-être rien. Mais la jeune génération sait, elle, que c’est une valeur montante du rap français. Pour témoigner de son succès, il a récemment décroché un disque de diamant (correspondant à un million de ventes) pour son titre « Freeze Raël » de l’album LMF (lui-même certifié double disque de platine, 200 000 ventes). Une première dans la carrière du chanteur.

Chansons « antisémites et négationnistes »

Pourtant, régulièrement Freeze Corleone défraie la chronique pour certaines paroles de ses chansons jugées « antisémites » et « négationnistes ». En 2020, lors de la sortie de son premier album studio, LMF pour La Menace fantôme, en référence à Star Wars, il avait déjà fait réagir plusieurs politiques dont Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur. Une enquête pour « provocation à la haine raciale » et « injure à caractère raciste » avait même été ouverte à son encontre par le parquet de Paris en septembre 2020, avant d’être classée sans suite un an plus tard.

Dans des extraits de ses clips diffusés sur les réseaux sociaux et compilés notamment par la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), le rappeur déclarait, entre autres : « J’arrive déterminé comme Adolf dans les années 30 », « tous les jours RAF (rien à foutre, ndlr) de la Shoah » ou bien encore « comme des banquiers suisses, tout pour la famille pour que mes enfants vivent comme des rentiers juifs ».

Pour ces propos choquants, Freeze Corleone avait été lâché par son label, Universal, et plusieurs morceaux du rappeur avaient été retirés temporairement de certaines plateformes, comme YouTube ou Deezer. Depuis, partout où il est annoncé en concert, il suscite la controverse. Et c’est de nouveau le cas à Rennes. Ce n’est pourtant pas la première fois que le chanteur est annoncé dans la capitale bretonne : il était l’un des artistes de la soirée organisée le 19 janvier 2019, à l’Étage (petite salle sur le site du Liberté). Mais à chaque fois, il inquiète.

Déprogrammation réclamée

Lors du conseil municipal de Rennes le 5 décembre 2022, le conseiller municipal d’opposition Charles Compagnon avait déjà fait part de ses craintes : « Pour celles et ceux qui ne le savent pas, Freeze Corleone est un rappeur qui tient des propos clairement et sans ambiguïté antisémite. Il fait l’apologie d’Adolphe Hitler et du IIIe Reich, explique l’élu du groupe minoritaire Libre d’agir pour Rennes. Face à l’émotion légitime qu’ont suscité ses textes, sa maison de disques, Universal, l’a lâché en 2020. Et à Rennes, nous allons accueillir cette personne ? » Pour l’élu, « dans l’action politique, il y a des lignes rouges qui ne doivent pas être franchies. Pour notre groupe, la venue de ce chanteur est clairement une ligne rouge ». Au terme des interventions politiques des groupes, la maire socialiste Nathalie Appéré avait concédé que les propos du chanteur étaient effectivement « problématiques » et sa programmation l’était tout autant.

Nathalie Appéré avait signalé « avoir demandé à Citédia (gestionnaire du Liberté) de se rapprocher du producteur pour que cette programmation soit revue et que le producteur en question puisse renoncer à ce qu’un certain nombre d’éléments du spectacle soient produits », tout en rappelant que « le rappeur n’avait pas fait l’objet de condamnation ».

« Brûlots antisémites »

Jean-Philippe Elkaim, délégué du Crif (Conseil Représentatif des Institutions juives de France) pour la Bretagne, s’inquiète tout autant de sa programmation. Et rappelle que le chanteur a récemment été déprogrammé à Montréal (Canada). Il espère également une déprogrammation à Rennes. « Je préfère penser que les organisateurs du festival rennais ne sont pas suffisamment informés sur le contenu des textes de cet « artiste », textes qui sont, pour certains, de véritables brûlots antisémites », insiste-t-il.

De son côté, contacté, le gestionnaire du Liberté, Citédia, se refuse à tout commentaire, précisant néanmoins « ne pas être programmateur ».