Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Blog du Crif - Le patriotisme aujourd’hui

15 Juillet 2021 | 54 vue(s)
Catégorie(s) :
Actualité

Retour sur les événements qui sont intervenus en juillet 2014 et les manifestations propalestiniennes qui ont dégénéré.

Est-il pertinent de mettre en parallèle “antisémitisme” et “islamophobie”?
Non, cinq fois non:  Ni sémantiquement , ni historiquement,  ni sociologiquement, ni politiquement et encore moins juridiquement, ces deux termes et les deux concepts qu’ils sous-tendent, ne sont de même nature. Il serait non seulement faux, mais aussi dangereux pour tous, de les mettre en regard sur un même plan.

L'antisémitisme : les causes d'un Mal qui s'aggrave.

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

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Opinion
Portrait de Gil Taïeb
Nous sommes debout
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03 Avril 2017
Catégorie : France, Actualité, Opinion

Samedi 1er avril place du Châtelet se sont réunies une centaine de membres du Collectif Boycott Israël

On ne le dira jamais assez : la parution d’ouvrages de poésie, en général et dans le domaine juif en particulier est devenue assez rare pour qu’on ne salue pas avec plaisir la sortie d’un nouveau recueil. Dans ce nouveau livre, la peintre et poétesse Sarah Mostrel nous offre un ensemble de textes inspirés de la Bible et des textes fondamentaux du judaïsme.

Remi Huppert est un spécialiste des Juifs de Chine. On lui doit notamment Destin d’un Juif de Chine (1). Dans son nouveau roman, le judaïsme est toujours présent.

"Le terrorisme et l'antisémitisme ont marqué cette année passée"

Je me suis exprimé sur les enjeux de l'élection présidentielle pour la communauté juive française.

Portrait de Stéphanie Dassa
Documentaire Sauver Auschwitz
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23 Janvier 2017
Catégorie : Opinion

"Sauver Auschwitz ?" un documentaire diffusé le 24 janvier à 22h40 sur Arte 

Le boycott des produits israéliens (nous) glace le sang.

Le racisme qui frappe la communauté asiatique est insupportable.
 

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Depuis des années, l’historien Marc Knobel a de salutaires obsessions et une puissante détermination. L’une de ses salutaires obsessions, sur laquelle il a beaucoup travaillé et mené de profondes recherches, est cette diffusion sans frontières, sans retenues et sans toujours grandes oppositions, des haines multi-formes qui s’entretiennent.

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14 juillet 1789. Le roi Louis XVI était rentré bredouille de la chasse et avait écrit « rien » sur son journal intime. A Paris la foule avait donné l’assaut à la vieille  citadelle de la Bastille, avait promené la tête du gouverneur au bout d’une pique et libéré en grande pompe les prisonniers: quatre faux-monnayeurs, un noble incestueux et deux malades mentaux. Cette  journée, une des plus célèbres de l’histoire du monde, fut suivie d’une avalanche de « fake news » comme on dirait aujourd’hui, pour décrire l’horreur d’une prison où, certes, les prisonniers étaient entrés  par l’arbitraire d’une lettre de cachet, mais qui était quasiment vide et bien moins terrible que d’autres.

Les historiens pensent que le choix du 14 juillet comme Journée Nationale, qui date de 1880,  s’arrimait plutôt à la fête de la Fédération du 14 juillet 1790, le moment le plus pacifique de la Révolution, mais la mémoire populaire privilégie les épisodes plus corsés et la prise de la Bastille a plus de panache qu’une cérémonie festive dont le consensus, s’est d’ailleurs révélé une très transitoire illusion. Et nous commémorons donc la journée mythique du 14 juillet 1789 où le peuple a conquis sa liberté.

C’est la journée du patriotisme. Mais qu’est-ce que le patriotisme aujourd’hui?

Qu’est-il devenu dans notre France privilégiée à l’abri de la guerre, en ces temps  de défis climatiques planétaires, de mondialisation des échanges, de faiblesse européenne et de déconstruction de l’histoire? Certains pensent que minimiser les antagonismes et faire confiance en la volonté de paix des peuples permet de ranger la patrie au rang des accessoires obsolètes et dangereux.

Je crois qu’ils ont tort.

Le patriotisme, écrit  François Xavier Bellamy, homme de droite, ce n’est pas d’affirmer la supériorité de son héritage sur celui des autres, mais se baser sur cet héritage pour comprendre le monde. Sa définition fait écho à celle de Renan qui écrivait que la nation était un principe spirituel, mais aussi à Romain Gary, pour qui le patriotisme c’est l’amour des siens, alors que le nationalisme, c’est la haine des autres.

Certes… mais cela suffit-il ?

Pour éviter les dérives nationalistes le philosophe allemand Jurgen Habermas  a proposé que le ciment collectif se fonde sur un « patriotisme constitutionnel » où le citoyen s’identifie à l’Etat démocratique plutôt qu’à la nation. Il avait bien sûr en tête l’histoire de son pays où Ein Reich, Ein Volk conduisait à Ein Fuhrer. Le même principe constitutionnel a été adopté dans la charte canadienne avec l’idée que le patriotisme se superposerait ainsi harmonieusement au nationalisme québécois comme une matriochka englobe des poupées russes plus petites.

Encore faut-il qu’ on donne de la substance à la poupée englobante et qu’on ne lâche pas la bride à un multiculturalisme dans lequel tout se vaut. Le patriotisme d’aujourd’hui doit naviguer entre les deux écueils du nationalisme et du relativisme. En France, l’affirmation de  la laïcité et celle de la démocratie en sont les piliers sur lesquels on ne peut transiger. La défense de ces piliers repose sur l’armée à l’extérieur, la police à l’intérieur. Nous en avons besoin car ce patriotisme a des ennemis.

L’échec de l’opération Barkhane, concomitant au retrait américain de l’Afghanistan, soulève étonnamment  peu d’émotion, alors qu’il présage une reconfiguration géopolitique lourde de conséquences.

L’islamisme radical et les autocraties nationalistes, Chine, Russie, Iran, Turquie et d’autres, ont le vent en poupe alors que les citoyens des démocraties semblent partagés entre déni, résignation et tentation d’un nationalisme sans honneur et sans espoir.

Patriotisme et démocratie autorisent seuls l’attelage difficile de la transmission et de l’altérité. Les Juifs ont  toujours été au premier rang de cette recherche et Israël est un fer de lance de ce combat dans le monde. Rien n ‘est plus naturel que le lien entre l’attachement des Juifs envers Israël et leur patriotisme pour la France démocratique et laïque.

Mais il faut que la France reste bien laïque et démocratique…

Richard Prasquier