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Crédit photo : ©DA QING / Imaginechina / Imaginechina via AFP
Dans le cadre d'une réunion sur la thématique des radicalités de la commission d'enquête sur les effets psychologiques de Tik Tok sur les mineurs, Sophie Taeïb, responsable du pôle cybersécurité du Crif était appelée à livrer son expertise.
Créée en mars 2025, cette commission a auditionné un certain nombre de représentants des pouvoirs publics, d’experts et d’influenceurs afin d’étudier les conséquences de l’utilisation du réseau social sur la santé mentale des jeunes. Elle prévoit, parmi ses objectifs statuaires, « d’examiner les risques liés à l’exposition des jeunes utilisateurs aux contenus dangereux » et « de proposer des mesures concrètes visant à protéger les mineurs, notamment en matière de régulation des contenus, de sécurité numérique et de modération des pratiques de la plateforme ».
Dans ce contexte, une réunion sur le thème des radicalités était organisée, en présence du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), d’Hugo Micheron, enseignant-chercheur en sciences politiques rattaché au CERI, maître de conférences à Sciences Po, de Tristan Boursier, docteur associé au Cevipof, de Valentin Petit, journaliste pour Arte.
Récemment nommé signaleur de confiance par l’Arcom, et en dialogue permanent avec les plateformes numériques et les institutions, le Crif était invité à partager son expertise sur la prolifération des contenus antisémites et haineux spécifiquement liés à cette plateforme.
Le Crif a expliqué que Tik Tok, aujourd’hui la plateforme la plus prisée par les jeunes, se distingue des autres réseaux sociaux par le volume important et la rapidité de diffusion des contenus qui y circulent.
Un autre élément spécifique de cette plateforme réside dans son algorithme, particulièrement puissant et enfermant. Celui-ci crée en effet une spirale de contenus similaires, sans inciter à l’esprit critique, puisqu’il propose sans cesse le même type de contenu. Par exemple, une première recherche sur un sujet lié à l’antisémitisme entraîne rapidement une succession de contenus de même nature. Le faible niveau de dissuasion empêche le ralentissement de la diffusion des contenus haineux.
Par ailleurs, la détection de ces contenus présente un certain nombre de difficultés, notamment à cause des stratégies de contournement de la modération employées par les utilisateurs. Contrairement aux autres plateformes, une recherche ne permet pas de détecter un contenu problématique, puisque tout repose sur l’algorithme.
En réponse à la question de la rapporteure Laure Miller sur les spécificités de Tik Tok, le Crif a ainsi souligné la puissance supérieure de cet algorithme. Il a également alerté sur les conséquences à redouter en cas d’une exposition trop marquée de la jeunesse à la désinformation et la haine non modérée.
À l’issue des auditions, un rapport sera rédigé par les députés, incluant diverses recommandations. Le Crif a d’ores et déjà formulé plusieurs propositions, notamment le bannissement des utilisateurs suspendus, une plus grande transparence de l’algorithme, ainsi que la mise en place d’un dispositif de sanction.