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Publié le 13 Juillet 2021

Crif - Les comparaisons odieuses entre vaccination obligatoire et Shoah

Depuis l'annonce des nouvelles mesures par Emmanuel Macron, et notamment l'extension du passeport sanitaire, nous déplorons la publication d'un grand nombre de messages comparant de façon déplacée et odieuse, la vaccination obligatoire et la Shoah. La comparaison du pass sanitaires avec l'étoile jaune est un outrage à la mémoire des victimes de la barbarie nazie.

Par Marc Knobel

Les étoiles jaunes fleurissent ici ou là, comme si l’agitation devient un spectacle dont on peut/dont on doit se gaver à longueur de journées.

Nous vivons une époque pour le moins troublée, le doute et les contestations de toutes sortes s’entremêlent, s’entrechoquent, s’amoncellent. C’est le temps du doute, de la mise en accusation permanente du système, des politiques, des médias et les réseaux sociaux offrent une/cette particularité. Chacun peut y aller de sa prose, de son cri de colère, de sa certitude et de son agitprop. Comme si l’agitation devenait un spectacle dont on peut/dont on doit se gaver à longueur de journées. Et, dans ce contexte de pandémie mondiale, d’enfermement, de peurs rationnelles et irrationnelles, de mesures sanitaires préconisées et/ou imposées (comme la vaccination rendue obligatoire pour les soignants) s’épanouit ce brouillard séditieux ou protestataire. Fleurissent alors sur Twitter des tweets rageurs et des hashtags : « Corée du Nord », « dictature », « Shoah ».

Dans ces hashtags, sont rassemblés les tweets de celles et ceux qui ont besoin d’exprimer une colère. Nous serions en dictature, la France ne vaudrait pas mieux que la Corée du Nord, Macron serait un dictateur. Il imposerait une « dictature » sanitaire, obligeant par là-même, les plus récalcitrants à rentrer dans le rang. Se faire vacciner ou se démettre, être viré. C’est pour cette raison, que nous voyons ces images trafiquées, ces caricatures posées et publiées. Sur les réseaux asociaux, Macron porte l’uniforme nazi, la croix gammée est bien apparente, bandeau (imaginaire) de la SS au bras, regard vague, petite moustache hitlérienne rajoutée. La caricature accentue le trait, blessante et injurieuse, elle est un cri de rage. Dans l’esprit de ces misérables, Macron ne vaut pas mieux que Kim Jong-un, l'actuel dirigeant de la Corée du Nord. On aura beau rappeler que Kim Jong-un -dont le visage est bouffi- affame son peuple, martyrise son pays, sème la terreur et fait de la Corée du Nord un enfer sur terre. Peu leur importe.  Macron est comparé à Hitler. Nous ne sommes plus à une insulte prêt.

En ce sens, nous retrouvons ici au moins dix grandes particularités des réseaux sociaux :

  • La simplicité. Au fond, il est si facile de déposer des posts comme ceux-ci. Il n’existe aucun verrou.
  • L’anonymisation est souvent la règle. De nombreux internautes cachent leur identité réelle en utilisant des pseudonymes. Justement, parce qu’ils sont anonymes, ils se sentent invulnérables.
  • Dans le monde virtuel, les internautes sont débridés. C’est ainsi que sur Twitter, insulter n’est pas un problème, se moquer non plus. Cela va jusqu’à l’appel au meurtre.
  • Le mimétisme est la règle. Lorsque des messages violents, injurieux, diffamatoires sont déposés, d’autres apparaissent ensuite et en plus grand nombre encore. Il y a un effet entraînant, celui de la violence, sans modération aucune.
  • Les messages violents sont déposés avec une grande facilité. D’ailleurs, qui pour répondre ? Peu de monde, en vérité. Il faut du courage pour le faire.
  • Souvent, Twitter et d’autres plateformes s’érigent en tribunaux populaires permanents et certains thèmes deviennent viraux. Dans cet univers, le racisme s’alimente très facilement. C’est alors une avalanche de propos violents.
  • La viralité peut être liée à une actualité immédiate. Certains sujets déchaînent les passions (les Gilets jaunes, par exemple). Pas de place sur Twitter et surtout en 280 caractères (ce qui est peu) pour poser des arguments intelligibles. Les réactions sont plutôt impulsives, émotionnelles, caractérisées. C’est alors le temps de l’insulte gratuite.
  • La rapidité à laquelle ces messages sont postés est un atout. L’entraînement, la violence, la haine se répandent sur les réseaux sociaux à « vitesse grand V ». C’est le temps de l’immédiateté. S’effectue par la suite l’archivage des données.
  • La modération est insuffisante.
  • Par contre, éduquer, déconstruire prend énormément de temps. Nous ne sommes pas dans le même espace-temps, celui de la publication et celui de la déconstruction. Et là est la difficulté.
  • Twitter, c’est donc (aussi) cette valse horrible de messages en 280 caractères.

 

Dans ce contexte, fleurissent également les étoiles jaunes.

Ce sont des images récurrentes, ce sont des photographies consternantes. De quoi s’agit-il exactement ? Lors de quelconques rassemblements, des manifestants opposés aux vaccins ou au passeport vaccinal, portent l’étoile jaune, en guise de protestation. Parallèlement, dans les réseaux sociaux, sont postées des photographies avec l’étoile jaune. Elle est ainsi brandie, affichée, copiée, collée et portée. Mais, à la place du terme « Juif » qui apparaissait sous le nazisme et l’Occupation afin de marquer au fer, de stigmatiser, d’humilier et de discriminer les Juifs, nous voyons aujourd’hui fleurir d’autres termes : « Non vacciné », « Non au vaccin », « Liberté. » Ils sont utilisés pour protester contre d’éventuelles restrictions aux libertés.

Au-delà, en brandissant un symbole aussi lourd, aussi puissant historiquement que l’étoile jaune, les protestataires entendent marquer l’opinion publique. Mais, ce faisant, ils font un parallèle particulièrement blessant. Comme si le passeport vaccinal pouvait se comparer avec l’idéologie nazie qui visait à déshumaniser totalement les Juifs et à les exterminer ? Dans plusieurs pays, certains vont même jusqu’à comparer la pandémie de COVID-19 à un « nouvel Holocauste » orchestré par les gouvernements. Là, nous montons assurément d’un cran.

Généralement, les personnes qui énoncent de telles énormités se shootent aux théories conspirationnistes. Elles pensent que l’épidémie aurait été provoquée sciemment, par quelques laboratoires pharmaceutiques, quelques consortiums, par des gouvernements ou des Etats. Elles croient que cette pandémie serait une conspiration maléfique ou capitaliste, afin de faire de l’argent ou d’éliminer une partie de la population mondiale (notamment les blancs), de contrôler et/ou de marquer des populations entières.

C’est ainsi que les théories conspirationnistes prospèrent. Elles prospèrent avec le refus du système, de puissants stéréotypes, une propagande distillée par la nébuleuse complotiste, par la radicalisation et/ou l’instrumentalisation diverse. Et cette bouillie indigeste provoque de l’antisémitisme ou, à défaut, instrumentalise les Juifs et leur histoire, à des fins perverses.