Comme tous les deux ans, la délégation du Crif Tours a organisé un dîner mardi 16 septembre 2025 en présence de 200 personnes et de nombreuses personnalités politiques et publiques. Cette neuvième édition du dîner régional de Tours était sous la présidence du préfet, Thomas Campeaux. La soirée a également été honorée de la présence d'Éric Danon, invité d'honneur et ancien Ambassadeur de France en Israël. Le directeur exécutif du Crif, Robert Ejnes, était également présent.
Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur l’Ambassadeur,
Mesdames et Messieurs les Maires de Saint-Avertin, Amboise, Fondettes, Chateau-Renault,
Mesdames et Messieurs les élus métropolitains, régionaux, départemenataux, municipaux,
Mesdames et Messieurs les représentants de la justice, de l’armée, de la gendarmerie nationale, de la police nationale, des corps enseignants, des autorités religieuses, des membres de l’Ordre National de la légion d’Honneur et de l’Ordre national du Mérite,
Monsieur le directeur général du Crif Madame la déléguée du Crif Orléans,
Madame et Monsieur les Présidents de la LICRA d’Orléans et de Tours,
Mesdames et Messieurs les représentants des amitiés judeo-chrétiennes d’Orléans et de Tours,
Mesdames et Messieurs,
Nous voici ce soir réunis pour participer au 9e diner régional du Crif Tours que nous organisons ici à l’Hôtel de Ville de Tours, tous les deux ans, et ce depuis donc près de vingt ans.
Permettez-moi de vous dire combien nous vous sommes reconnaissants d’être venus si nombreux ce soir, c’est un record, nous sommes 200 personnes qui s’intéressent à nos activités, à nos réflexions, à notre profond attachement aux valeurs de la République, particulièrement dans cette période où notre république malade est en réel danger. 200 personnes, nous le savons, qui sont ce soir présentes pour nous faire part de leur solidarité, et du partage des valeurs que nous représentons, merci à vous tous.
Pour préparer cette soirée avec mes fidèles amis que je remercie ici de leur soutien dans l’ombre, j’ai recherché dans mes différentes interventions un texte que j’avais publié il y a 22 ans et que j’avais intitulé, certains parmi vous s’en souviendront ou feront semblant de s’en souvenir ! Je l’avais appelé « France réveille toi » !
En toute humilité je crois ne pas avoir été entendu. Non seulement la France ne s’est pas réveillée, je constate avec ô combien de regrets et d’amertume qu’elle est désormais dans un état plus qu’inquiétant à de trop nombreux points de vue.
Je vous parle ce soir en ma qualité de représentant local du Crif association qui regroupe près de 80 associations juives de tous ordres, d’enseignement, de mémoire, de culture, d’oeuvres sociales, d’étudiants, de jeunesse… et bien d’autres encore.
Une vieux dicton qui résume assez bien une des spécificités des Juifs dit que lorsque vous avez deux Juifs en face de vous, vous avez trois opinions. Cela pour vous dire qu’il n’y a pas au Crif une seule opinion qui est censée représenter celle, non pas de tous les Juifs, mais des représentants des associations qui font partie du Crif, qui elles-mêmes représentent telle ou telle pensée, philosophique, religieuse ou non.
Le Crif est avant tout soucieux de ce qui se passe en France, ce qui explique ses innombrables positions lorsque les Juifs de France sont attaqués physiquement, moralement, voir assassinés parce que juifs.
Je tiens à saluer devant vous la présence de Monsieur le Rabbin Arié Engelberg, victime d’un acte antisémite à Orléans le 24 mars dernier en présence de son fils de neuf ans.
Nous sommes et serons intransigeants, il en va de notre devoir. Nous savons que nous bénéficions, et nous leurs en sommes plus que reconnaissants, de la protection de la police, de la gendarmerie, des polices municipales, de l’État au sens large du terme, merci à eux.
Est-ce normal d’être protégés uniquement parce que nous sommes de religion juive ?
Nous restons convaincus que la majorité des autorités politiques de notre pays ne sont pas antisémites, convaincus que la majorité de la population française n’est pas antisémite et pourtant l’antisémitisme ne cesse de croître. Les intervenants qui vont me suivre vous donneront quelques éléments complémentaires qui justifient notre grande inquiétude.
Pour ce qui concerne Israël, nous devons être tous unanimes. Ce qui s’est passé le 7 octobre 2023 est le premier pogrom contre des Juifs organisé depuis la dernière guerre mondiale, et comble du comble, ce pogrom a été perpétué en Israël par des islamistes radicaux antisémites.
Qui aurait put l’imaginer ? Notre position commune et unanime consiste à être intransigeant et sans concession possible quant à l’existence et à la survie d’Israël. Quoiqu’il arrive Israël doit exister.
La survie d’Israël est une des conditions de la survie de toutes les démocraties du monde. La survie d’Israël est incompatible avec la volonté non dissimulée du hamas et des ses alliés de l’islamisme radical de le supprimer. N’oublions jamais cette citation de Madame Golda Meïr, alors premier Ministre d’Israël s’adressant à des chefs d’État européens : « je préfére vos condamnations à vos condoléances ».
Quant à ce qui concerne la politique du gouvernement israélien, nous sommes comme vous tous individuellement divisés sur telle ou telle action, mais nous n’avons pas, en qualité de représentant du Crif, à prendre des positions qui concernent avant tout les électeurs du pays, électeurs que nous ne sommes pas.
Nous constatons que depuis le 7-Octobre les vagues d’antisémitisme se développent dans notre pays comme dans le monde, rendant tous les Juifs du monde responsables de la politique d’un gouvernement qui n’est pas le leur. C’est aussi cela le fait d’être juif.
Je voudrais avec vous avoir un recueillement de pensée et d’espoir pour la libération des otages détenus le 7 octobre 2023, il y a 719 jours. Je ne peux pas ne pas associer dans ma pensée l’espoir de la libération de Boualem Sansal, otage d’un régime totalitaire où la démocratie est un mot qui n’existe pas.
Nous sommes persuadés que les prises de position de tel ou tel responsable politique en France, du chef de l’État à certains autres hommes politiques sur le conflit du Proche-Orient ont une incidence, probablement non voulue, mais une incidence réelle sur le comportement des antisémites qui se sentent, à tort ou à raison, soutenus par les auteurs de ces propos.
Que dire de la provocation dans un strict but électoral que je ne qualifierai pas, de proposer de pavoiser les mairies de France du drapeau d’un État qui n’existe pas, sans frontière et dont les seuls représentants aujourd’hui sont des terroristes islamistes ? De grâce arrêtons la surenchère.
Nos craintes concernent tous les citoyens de notre pays épris des valeurs transmises par nos prédecesseurs, nos parents, grands parents qui se sont battus au péril de leurs vies pour la république des libertés, de la tolérance, de la laïcité, et de l’égalité.
Les Juifs de France, ils ne sont pas les seuls, les juifs du monde voient revenir les démons qui les poursuivent depuis 2 000 ans, inutile de refaire l’Histoire.
L’antisémitisme n’est plus aujourd’hui un sentiment dissimulé, il n’a plus besoin de se cacher, il se montre quasiment tous les jours en France où que ce soit, métropoles ou petites villes, où la haine du Juif n’est plus un tabou pour ces fanatiques islamistes.
N’oublions jamais cette citation d’Elie Wiesel « Dans toute société, les fanatiques qui me haïssent ne me haïssent pas seulement, ils vous haïssent aussi. Ils haïssent tout le monde ».
Heureux comme un juif en France, expression si souvent utilisée dans le passé, expression si juste à l’époque, expression qui aujourd’hui ne résonne plus vraiment dans nos coeurs.
Permettez-moi un vœu, celui de voire une ou plusieurs communes de notre département planter symboliquement un olivier à la mémoire d’Ilan HALIMI dont certains idiots et lâches antisémites se sont permis de couper la racine de l’olivier qui avait été planté à sa mémoire.
Je dois vous présenter les excuses de notre excellent Président national, Yonathan Arfi, qui par un mauvais concours de circonstances mal venues, devait être parmi nous ce soir tout en étant à la même heure à Marseille où le Crif de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur organise son diner annuel ! Yonathan Arfi m’a prié de vous présenter ses excuses, il est déjà venu à deux reprises à notre dîner régional, et il a demandé à son directeur général Robert Ejnes de le représenter. Merci Robert de ta présence.
Je profite de son absence pour vous dire que nous avons une très grande chance d’avoir Yonathan Arfi comme président, ses qualités sont immenses, son humanisme sans faille, son sens des responsabilités exemplaire.
Nous accueillons ce soir un homme exceptionnel, ancien diplomate, ancien Ambassadeur de France en Israël, il connaît mieux que quiconque les relations entre nos deux pays et c’est un honneur de recevoir Éric Danon à qui je passerai avec plasir la parole tout à l’heure.
Last but not least, nous remettrons en fin de dîner notre traditionnel prix régional du Crif à un homme discret, engagé dans ce combat sans fin de la lutte contre l’antisémitisme et tous les racismes quels qu’il soient, cet homme est notre ami Gervasio Semedo.
Gervasio a succédé à la tête de la Licra à notre amie Martine Strohl qui avait réussi à faire de la LICRA tourangelle un exemple sur le plan national. Martine avait décidé de changer de région il y a quelques années et elle nous a malheureusement quittés cette année dans des circonstances on ne peut plus regrettables. Nous lui rendons hommage ce soir.
Gervasio est avec son équipe en permanence sur le qui-vive pour ne rien accepter de qui que ce soit sur le plan du racisme d’où qu’il vienne. Comment ne pas rappeler son juste combat que nous partageons, contre les propos racistes subis par notre ami Cédric De Oliveira, Maire de Fondettes, propos racistes heureusement condamnés par la justice.
Mesdames et Messieurs, vous allez ce soir participer à une première concernant les traditionnels diners du Crif, que ce soit à Paris ou en province.
En effet, au delà des discours qui vous seront présentés, nous allons vous permettre dans des conditions que je vais vous préciser, de poser des questions à nos intervenants.
Il sera en effet important pour de répondre à vos questions, plutôt que d’écouter un ou plusieurs discours, fussent-ils parfaits qui peut en douter ? Vos questions doivent être, je vous en remercie, des questions et pas des opinions personnelles que nous respectons mais dont ce n’est pas le lieu pour les exprimer.
Nous avons déposé sur chacune de vos tables quelques feuilles Bristol sur lesquelles celles et ceux qui souhaiteront poser des questions voudront bien, après y avoir porté vos noms et prénoms, y noter la question que vous souhaitez poser, que ce soit à Robert Ejnes, Éric Danon et éventuellement à moi-même. Nous procéderons au ramassage des cartons, nous en ferons une synthèse rapide et nous veillerons à vous répondre juste après l’intervention d’Éric Danon.
Dernière innovation : nous avions invité quelques étudiants de l’École publique de Journalisme de Tours, ainsi que quelques étudiants de l’Union des Étudiants Juifs de France (UEJF), qui pourront également poser quelques questions. J’ai le regret de vous dire qu’aucun étudiant de l’école publique de journalisme EPJT de Tours n’a accepté notre invitation, cela laisse présumer de leur futur professionalisme ! FRANCE réveille-toi !
Mesdames et Messieurs le programme de la soirée sera donc le suivant :
- Intervention de Monsieur Robert Ejnes Directeur général du Crif, sur les Juifs de France en 2025, l’antisémitisme, nos missions, nos craintes nos espoirs. Son intervention suivie du plat principal
- Intervention de Monsieur Éric Danon, ancien Ambassadeur de France en Israël, sur son expérience de diplomate particulièrement en Israël, ses sentiments sur la situation actuelle au proche-orient et les relations pour le moins compliquées entre nos deux pays.
- Réponses aux questions
- Remise du prix régional du Crif à Monsieur Gervasio SEMEDO suivi du dessert.
François Guguenheim, représentant du Crif régional