Discours d’Éliane Klein, déléguée du Crif région Centre à l’occasion de la Journée nationale à la mémoire des victimes de crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux Justes

21 Juillet 2025 | 109 vue(s)
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Actualité

Réaction à la célébration du 20ème anniversaire de la mort de François Mitterand

A quelques jour de notre Convention Nationale j'ai répondu aux questions de Sara Mesnel pour L'Arche 

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Comment les réseaux sociaux sont passés de l'effroi à la solidarité sans précédent avec les telavivim

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Les femmes, Daech et le Djihad
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19 Novembre 2015
Catégorie : Actualité

« Une femme retranchée dans l’appartement, qui a activé son gilet explosif au début de l’assaut, est morte »

Vendredi soir en l'espace de moins d'une heure, la France a connu le plus grave attentat jamais perpétré sur son territoire. En l’espace d’une trentaine de minutes, des terroristes ont attaqué la capitale à 7 endroits avec une minutie et une détermination macabres. 129 morts, 350 blessés dont 100 dans un état très grave. Les chiffres donnent le tournis. Moins de 48 heures après cette nuit d’horreur, n’en déplaise à certains, il est juste le temps de pleurer.

Des visages sur nos morts
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14 Novembre 2015
Catégorie : Actualité

Les réseaux sociaux se sont mobilisés pour retrouver les personnes portées disparues, ceux dont nous n’avions pas de nouvelles. Les Amis, les familles, les anonymes partagent descriptions, photos et espoir.

Portrait de Virginie Guedj-Bellaïche
#JeNaiPasPeur
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14 Octobre 2015
Catégorie : Actualité

8H30. Au moment où les employés de la mairie qui font la circulation rangent leurs gilets jaunes, dans les classes, les écoliers ouvrent livres et cahiers. Alors que les hommes sortent de l’office du matin, croisant ceux qui distribuent l’édition du jour du quotidien Israël Hayom, les lycéens patientent à l’arrêt de bus, smartphone en main. Si le rideau de fer des boutiques est encore fermé pour une demi-heure, le cafetier lui prépare déjà son 17e café afour. Voilà à quoi ressemble la vie matinale à Raanana, petite ville près de Tel-Aviv. Et puis hier, mardi, tout a basculé.

Je suis Israélien, je suis Charlie
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13 Octobre 2015
Catégorie : Actualité

Il est temps d'affirmer haut et fort que les islamistes veulent tuer des juifs !

Réaction suite à la nomination de l'Arabie Saoudite au Conseil des Droits de L'Homme.

L'Europe doit se mobilier pour le sort des réfugiés

Portrait de Olivier Rafowicz
Tel Aviv sur Seine
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12 Août 2015
Catégorie : Actualité

La ville blanche sera à l'honneur demain sur les berges de Paris Plage

Un bébé palestinien a été brûlé vif et ses parents ont été grièvement blessés vendredi lorsque des extremistes israéliens ont mis le feu à leur maison en Cisjordanie.
Un acte abominable , Israel doit prendre toutes les mesures nécessaires afin d'éliminer le terrorisme juif.
 

Iran's Ayatollahs were behind the bloody attack that hit the Jewish community center in Buenos Aires in 1994 that killed 84 and injured 230.

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Dimanche 20 juillet 2025, à Orléans, Éliane Klein, déléguée du Crif région Centre s’est exprimée à l’occasion de Journée nationale à la mémoire des victimes de crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux Justes.

 

Orléans, le 20 juillet 2025,

Dédié aux otages israéliens et aux otages français Boualem Sansal, Christophe Gleizes (en Algérie), Cécile Kohler, Jacques Paris et Lennart Monterlos (en Iran), tous otages de « la plus atroce barbarie » (Marc Bloch), et dédié aux Justes qui ont incarné l'honneur de notre pays, grâce auxquels je suis ici aujourd'hui.

Mes paroles font écho à la phrase de Simone Veil, dans son discours aux Nations Unies, le 29 janvier 2007 : « Je souhaite solennellement vous redire que la Shoah est "notre " mémoire et "votre" héritage" », complétées par cette phrase du Talmud : « Seule une mémoire vivante tient l'homme en état de parole » (Leçons de la Shoah, p. 12, Gérard Rabinovitch).

Cela commence comme un conte de fées : « il était une fois » .., mais c'est l'extrême inverse : « l'enfer » !

Il y avait, il y a 84 ans, trois camps dits « d'internement », Beaune-la-Rolande, Pithiviers et Jargeau où 1 720 personnes tziganes y furent détenues, de 1941 à 1945 dans des conditions très difficiles, évoquées par Monsieur André Sauzer.

Camps de Beaune-la-Rolande et Pithiviers gérés par la préfecture d'Orléans, surveillés par les gendarmes et douaniers français, une « étape » dans la tragédie vécue par les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale : trois rafles le14 mai 1941, dite du « billet vert », rafle massive de Juifs étrangers, suivie de deux autres rafles de Juifs français pour la plupart, en août et décembre 1941…

Puis ce fut la grande rafle dite du « Vél d'Hiv », les 16 et 17 juillet 1942, plus de 11 000 hommes, femmes et enfants juifs furent brutalement arrêtés par la police française, aucun soldat allemand, aucun policier SS n'y prirent part. Certains Juifs envoyés à Drancy.

La majorité enfermée dans le Vél d'hiv dans un enfer de bruit, de chaleur, d'hallucinante angoisse... La plupart d'entre eux transportés vers les camps du Loiret puis, après la dramatique séparation des mères d'avec leurs enfants – même des bébés, fin juillet et début août 1942, – tous envoyés à Auschwitz pour y être assassinés.

L'arrière-plan administratif de ces actes « irréparables » (Jacques Chirac) émanait de la politique du Régime de Vichy, soumis à Hitler et complice zélé du projet mortifère nazi, prenant sa revanche sur la démocratie : multiples lois, décrets, actes signant la persécution des Juifs étrangers et français. Exclusions sociales, expropriations, spoliations, dénaturalisations, marquages, rafles, internement et transport vers le camp de la mort, Auschwitz -Birkenau. Sans oublier le rôle criminel des membres de la Haute Fonction Publique dans l'organisation des rafles et autres crimes, puis de la Milice (1943), auxiliaire de la Gestapo, « bras armé de la collaboration française », dans la traque, les tortures, les exécutions sommaires.

 

Je voudrais revenir, à cet instant, sur l'horreur du génocide programmé (pléonasme) du peuple juif, inscrit dans « l'histoire d'une culture européenne qui a fantasmé – puis légiféré – la destruction d'une partie de l'espèce humaine pendant des siècles » (Georges Bensoussan, L'histoire confisquée de la destruction des Juifs d'Europe). « Une litanie de massacres qui ponctuent l'histoire de l'Europe, de l'Antiquité... au 20e siècle... » (Michaël Prazan, La vérité sur le Hamas)

Un long chemin de persécutions – je cite Charles Péguy : « Je connais bien ce peuple. Il n'a pas sur la peau un seul point qui ne soit pas douloureux, où il n'y ait un ancien bleu, une ancienne contusion, la mémoire d'une douleur sourde, une cicatrice, une blessure, une meurtrissure d'Orient ou d'Occident ». Ce chemin aboutissant à la Shoah, la rupture de civilisation – césure anthropologique – « fusion de l'antijudaïsme ancestral avec la technique moderne et la bureaucratie, transformés en instruments de meurtre » : l'atteinte la plus violente à la notion de personne humaine, diabolisée et chosifiée, détruite comme le Mal absolu sur terre.

Les ombres des Lumières qui avaient illuminé le 18e siècle européen avaient gagné peu à peu le 19e siècle et furent complètement éteintes par le totalitarisme stalinien, puis nazi.

En 1940, l'historien Marc Bloch écrivait : « [nous sommes] dans un monde assailli par la plus atroce barbarie ».

Qu'en est-il aujourd'hui ? Qu'en est-il du « plus jamais ça » ?

Comme l'avait prévu Primo Lévi, lucide : « C'est arrivé, cela peut donc arriver de nouveau ».

« Dans un monde où murmure le potentiel barbare de nos sociétés » ( Georges Bensoussan), entamant l'avenir du peuple juif, la possibilité de destruction de l'État d'Israël, planifiée depuis de longues années, a été tentée le 7 octobre 2023 : les hordes de terroristes du Hamas et d'habitants de Gaza ont perpétré un gigantesque massacre de nature génocidaire dans les Kibboutz d'Israël proche de la frontière. Ce massacre s'inscrit dans la très longue liste des très violents pogroms commis en Égypte, Irak, Syrie, Aden, Tripoli, en Palestine depuis 1834 jusqu'en avril 1948, bien avant la création de l'État d'Israël : le traumatisme de ces pogroms et l'extermination des Juifs d'Europe a refait surface, changeant notre être au monde. Nous sommes entrés, de nouveau, dans le monde des « anti-lumières ».

Le 7 octobre 2023, dans une rage de destruction totale – projet sadique d'anéantissement d'un peuple, conformément à la Charte du Hamas, branche palestinienne de la Confrérie des « Frères musulmans », les terroristes ont massacré, torturé, brûlé vifs, égorgé, décapité, pris en otages et violé hommes, femmes, certaines enceintes, enfants, bébés. Les petits Ariel et Kfir Bibas assassinés à mains nues devant leur mère.

Différence avec les nazis qui tenaient au secret de leurs exactions, les terroristes du Hamas, dans l'hystérie, l'exaltation, la jouissance indécente de soumettre les victimes, riaient , se filmaient, se vantaient au téléphone, envoyaient les images des atrocités à leurs parents qui les félicitaient, et aussi aux familles des victimes .

 

Les réactions en France face à cette tragédie : une explosion de l'antisémitisme qui « s'est installé dans l'air du temps » ( Charles Péguy), cette passion dévastatrice qui s'affiche, en particulier dans le vocabulaire, où les mots ont perdu leur sens, dans un monde où la haine et le mensonge règnent en maîtres, où « des schémas culturels anciens, enracinés dans des siècles de persécutions sont réactivés » (Georges Bensoussan).

Ainsi le terme génocide martelé dans les universités (mimétisme, avec les universités américaines), dans les manifestations de La France insoumise (LFI), à l'Assemblée nationale, dans des médias ; l'utilisation perverse de ce terme nous inflige une blessure, la blessure fondamentale de la Shoah, une « offense absolue » (Paul Bernard) pour le peuple juif.

Une manière de nazifier l'État d'Israël, donc de légitimer sa disparition en faisant du terme sioniste l'insulte suprême. « Dans les manifestations, on expulse des élus aux cris de : "Dehors les sionistes !" » (Paul Bernard).

Cet antisionisme déchaîné est comme la réactivation de l'alliance islamisme-nazisme, analysée par Boualem Sansal dans Le village de l'Allemand et qui traverse implicitement le film de Michaël Prazan, La Confrérie.
Face à ce terrible constat, je cite ce qu'écrivait l'écrivain roumain Mihaïl Sebastian, en 1941, évoquant sa solitude dans un pays que, jusque-là, il croyait sien, décrivant le regard fuyant de ceux qu'il croyait proches ou amis.

 

Aujourd'hui, me revient en mémoire un dicton dans la langue Yiddish : « Ce n’est pas facile d'être juif », répété depuis des siècles...

Aujourd'hui, la solitude nous étreint, nous rappelant la précarité de notre existence, la sensation de « ne plus être chez nous dans le monde ».

Mais, comme en juin 1944, en juin 2025 « des petites étoiles ont scintillé au milieu de tant d'obscurité » (Raphaël Jérusalmy) en voyant Israël, ce petit pays « cloué au pilori » et tout son peuple, combattre, seuls, pour la vie, la nôtre et celle du monde.

Ce modèle exceptionnel nous donne le courage, la volonté de continuer à ne jamais « baisser les bras », jamais nous ne soumettre à la pire tyrannie.

À l'instar des Rabbins agressés en France et qui n'ont pas « courbé la tête ».

 

Éliane Klein, déléguée du Crif région Centre

 

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