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Publié le 12 Mai 2025

Édito du président du Crif – Contrairement à LFI, le monde juif n’est ni une meute ni une secte

« Depuis quelques jours, les réseaux sociaux de certains acteurs politiques ou militants anti-israéliens s'agitent : les prises de position récentes de certaines figures publiques révéleraient une fracture divisant enfin le monde juif français, comme s’il existait désormais des Juifs irréconciliables. Dans un contexte où les Juifs sont stigmatisés comme jamais dans notre génération, le Crif est garant à la fois de l'unité et de la pluralité des associations et institutions juives et je veux rappeler ici quelques principes pour que les débats qui animent le monde juif ne soient jamais un trophée pour les antisémites. »

Depuis quelques jours, les réseaux sociaux de certains acteurs politiques ou militants anti-israéliens s'agitent : les prises de position récentes de certaines figures publiques révéleraient une fracture divisant enfin le monde juif français, comme s’il existait désormais des Juifs irréconciliables.

Dans un contexte où les Juifs sont stigmatisés comme jamais dans notre génération, le Crif est garant à la fois de l'unité et de la pluralité des associations et institutions juives et je veux rappeler ici quelques principes pour que les débats qui animent le monde juif ne soient jamais un trophée pour les antisémites.

D'abord, bien entendu, chacun est libre de s'exprimer et de partager son questionnement politique ou moral. Comme chacun est libre de penser ce qu'il veut de ces prises de position. Mais là où certains se réjouissent de ce qu’ils perçoivent comme une faiblesse, le monde juif a toujours vu une force. De tous temps, les Juifs ont pu débattre, diverger, s’opposer précisément parce que la liberté de pensée, la liberté d’expression et le pluralisme sont au cœur des valeurs juives et de notre vision du débat démocratique. Tout le contraire par exemple de... LFI !

Il me semble utile de rappeler un autre point. Ceux qui cherchent à instrumentaliser contre les Juifs leur diversité d’opinion oublient volontairement l’essentiel : l'unité depuis le 7-Octobre de toutes ces voix et tous les courants du judaïsme français pour dénoncer les atrocités du Hamas, exiger la libération des otages, défendre le sionisme et la légitimité de l’État d’Israël mais aussi dévoiler les outrances de vrais antisémites déguisés en faux défenseurs d'une cause palestinienne dévoyée. N'en déplaise aux antisémites, cette unité se poursuivra.

Aujourd’hui comme hier, nous défendons donc à la fois l’unité des institutions juives et le droit de chacun à s’exprimer.

Depuis sa création, l’engagement du Crif s’appuie sur des valeurs morales héritées de l’Histoire et de la tradition juive, ainsi que sur notre attachement indéfectible à la démocratie et à la République.

Depuis le 7-Octobre, le Crif apporte son soutien à Israël et aux Israéliens confrontés à une guerre existentielle déclenchée par le Hamas, ennemi absolu à la fois des Juifs et de toutes les démocraties.

Depuis le 7-Octobre, au nom de nos valeurs juives et humanistes, nous déplorons la détresse de TOUTES les populations civiles – israéliennes et palestiniennes – y compris donc celle des civils de Gaza, jetés dans la guerre par la responsabilité du Hamas et de ses soutiens iraniens.

Ainsi, depuis le 7-Octobre, nous nous mobilisons nombreux chaque vendredi au Trocadéro à Paris pour exiger la libération des otages au nom de la lutte universelle pour la liberté et les droits de l’Homme.

Au nom de ses valeurs, le Crif condamne sans ambiguïté les propos récents de Betzalel Smotrich, contraires aux principes démocratiques et à l’objectif impérieux de libération des otages. Mais pour autant nous refusons aussi l’essentialisation malsaine, portée par une partie de l’extrême gauche, qui remet en cause le sens moral des Français juifs et exige d’eux de répondre des propos d’un responsable israélien, quel qu’il soit.

Nous combattrons également la pernicieuse inversion morale qui, à travers certains discours en vogue, vise à présenter Israël comme le nouveau visage du nazisme. Cette nazification d'Israël relève d’une rhétorique antisémite.

Le combat pour la libération des otages, pour défaire le Hamas et pour la paix que nous espérons tous au plus vite exige notre sens moral, notre unité dans nos différences et notre constance.

Car, contrairement à LFI, le monde juif n’est ni une meute ni une secte.

 

Yonathan Arfi, président du Crif