Yonathan Arfi

Le nouveau Président du Crif, un militant juif et citoyen

Hommage - Discours de Yonathan Arfi à la cérémonie du Yizkor 2022

03 Octobre 2022 | 41 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Par un enchaînement de hasards, notre bloggueuse Sophie, plus habituée aux sujets de cyber-sécurité et de contre-terrorisme, s'est retrouvée les mains dans la pâte (à pizza). Et ça lui a donné quelques idées plutôt gourmandes... Elle les partage avec vous à travers ces chroniques culinaires !

Bienvenue sur le blog La Chronique (pas tès casher) de Raphaëla ! Sur ce blog, Raphaëla vous propose ses billets d'humeur sur tout ce qui l'entoure, l'émeut, la touche, la fait rire et la révolte. Et elle a des choses à vous dire...

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Antisémitisme

Il est des livres, comme une sève puissante, comme un volcan en éruption, comme le monde à portée de la main, comme la vie, qui remue de l’intérieur, qui secoue de l’intérieur et qui donne majestueusement à donner. Il est des livres que l'on veut lire et que l'on doit lire absolument.

 

Par Marc Lévy, avocat de la LICRA dans le procès de Reynald Leykens et délégué du Crif en Israel

En 2017, Roger Pinto, sa femme et son fils ont été séquestrés, violentés et détroussés à leur domicile de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), "une agression antisémite" condamnée par le Crif et le ministre de l'Intérieur. Une première ?

"The strength of a Nation always lies in the the way it looks at its History and and its ability to teach it to future generations".

 

"La force d’une Nation réside toujours dans le regard qu’elle sait porter sur son histoire et sa capacité à l’enseigner aux générations suivantes."

 

En juin 2017, quelques mois après l'assassinat de Sarah Halimi, Francis Kalifat, Président du Crif, publiait cette tribune en hommage à Sarah Halimi, devenue le triste symbole de l'antisémitisme qui tue. 

Sarah Halimi, une retraitée a été battue à mort à Paris, le 4 avril 2017 et son calvaire a duré plus d'une heure. Et, il s'agit bien d'un meurtre antisémite.

Thierry Noël-Guitelman est un journaliste, membre de l'association Hébraïca à Toulouse. Il a engagé, en 2004, des recherches familiales sur l'étoile jaune, sa tante Ida Seurat-Guitelman, ayant obtenu une exemption.

« Séparation du Crif et de l’Etat » : voici la dernière nouveauté de la « cause palestinienne ». Amalgamant à tout va Israël, sa politique, les juifs, et les institutions françaises, ces pantins ont appelé à un rassemblement samedi dernier, avec des slogans antisémites et anti républicains.

Malgré la mobilisation de personnalités politiques (Nathalie Kosciuzko-Morizet, Claude Goasguen et Anne Hidalgo), associatives (le Président du Crif Francis Kalifat a notamment écrit au Préfet et au Premier Ministre), et de nombreux internautes, la Préfecture de Paris a décidé d’autoriser ce rassemblement, sous haute protection policière.

Nous nous sommes rendus sur place.

 

 
"La culture est ce qui a fait de l'homme autre chose qu'un accident de l'univers", déclarait André Malraux. C'est pour toutes ses vertus que la culture est grande et qu'elle reste et doit rester un rempart contre l'obscurantisme, le racisme, l'antisémitisme et l'homophobie. De chaque création artistique doit jaillir une lumière. C'est à cela que doit aspirer chacun de ceux qui ont le bonheur de pouvoir créer ou d'interpréter une oeuvre. 

 

"Le terrorisme et l'antisémitisme ont marqué cette année passée"

Il y a 11 ans, un jeune juif du nom dIIlan Halimi, était enlevé, torturé et assassiné.

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Opinion

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La 77ème cérémonie du Yizkor organisée par le FARBAND - Union des Sociétés Juives de France s'est déroulée dimanche 2 octobre 2022, à 11h30 au cimetière de Bagneux. 

Cérémonie du Yizkor – 2 octobre 2022

Monsieur le représentant de la maire de Paris,
Madame la Maire de Bagneux,
Monsieur le Maire de Montrouge,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs les dirigeants d’institutions juives,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,

« À l’âge d’un Juif, il faut toujours ajouter 5000 ans ».

Voilà comment en quelques mots, le philosophe français Edmond Jabès a su exprimer le rapport singulier des Juifs à la Mémoire, la responsabilité du souvenir que portent les Juifs, à titre collectif.

La cérémonie du Yizkor qui nous réunit ce matin est la mise en acte de cette responsabilité.

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Mesdames, messieurs, il y a deux Yizkor.

Il y a d’abord, le Yizkor des synagogues, dont l’une des cérémonies se tiendra dans quelques jours, au cœur de la ferveur de Yom Kippour, quand la journée sera bien avancée, que la fatigue aura gagné même les plus résistants des fidèles.

Les uns, ceux qui n’ont pas encore été touchés par le deuil d’un parent proche, devront quitter les rangs de l’assemblée, tandis que les autres se lèveront pour se parler, se replacer, se rassembler. D’une voix grave, montera une supplique à Dieu de se souvenir des défunts.

Mystérieux et émouvant, voilà le cérémonial de Yizkor, dans sa composante spirituelle et religieuse.

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Dans l’autre cérémonie de Yizkor, celle qui nous réunit ce matin en hommage aux victimes de la Shoah, j’entends retentir un écho supplémentaire.

Ici, notre présence n’est pas déterminée par une règle ou un statut particulier, mais par notre seul sens des responsabilités collectives.
Ici, nous sommes tous invités à participer et à nous souvenir, peu importe notre lien personnel, historique ou affectif avec les victimes, peu importe que nous soyons juifs ou non, croyants ou non.
Ici, le souvenir que nous invoquons n’est pas nécessairement celui d’un parent proche ou d’un être cher. C’est celui d’une tragédie collective, qui porte le nom des 6 millions de Juifs déportés, engagés volontaires, combattants des ghettos, soldats, résistants,… mais aussi de tous les blessés, cachés, mutilés, témoins des atrocités dont les plaies ne sont pas toujours aussi visibles, et pourtant bien réelles… À tous ceux-là, chacun d’entre nous est ce matin un peu relié.

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Alors, quel est le sens de notre cérémonie ? Est-ce un simple rendez-vous du souvenir ? Commémorer, est-ce seulement faire acte de présence lors d’une cérémonie, en faisant face à un monument comme il en existe tant d’autres ?

Non, chers amis, Yizkor ne se résume pas à cela.

Dans la tradition juive, celui qui récite la prière de Yizkor ne se contente pas d’implorer Dieu de préserver le souvenir d’un proche. À sa demande, il adjoint également une promesse, celle de faire acte de tsédaka, c’est-à-dire de charité mais surtout de justice, en l’honneur du défunt. Sans l’accomplissement de cet engagement, sa prière demeure inaudible.

Autrement dit, le souvenir n’a de véritable portée que s’il se transforme en acte, un acte concret, vivant et positif, qui contribue à transformer le monde, à le rendre plus juste. C’est là que résident la grandeur et la profondeur de l’acte de Mémoire dans le monde juif.

Je connais le débat : faut-il parler de devoir de Mémoire ou de travail de Mémoire ? À cette alternative, répondons en parlant donc d’acte de Mémoire.

Ainsi, assister à une cérémonie de Yizkor, ne consiste pas en une participation passive. Notre présence ce matin interroge notre responsabilité d’action au présent. A titre individuel, je laisse chacun y songer pour lui-même. Mais à titre collectif, il y a encore tant que nous pouvons faire !

Faire ensemble acte de Mémoire et de justice, c’est d’abord dénoncer haut et fort l’antisémitisme, qui change de visage au fil de temps mais révèle toujours la même haine, qu’elle soit islamiste, antisioniste, complotiste, négationniste, d’extrême-droite, d’extrême-gauche…

Faire acte de Mémoire et de justice, c’est ne jamais accepter les complaisances et les petites compromissions du clientélisme et du populisme de ceux qui prétendent lutter contre l’antisémitisme mais ont défilé avec des organisations islamistes

Faire acte de Mémoire et de justice, c’est déceler la perversion des discours qui assimile Israël, l’État refuge des Juifs, qui accueillit tant de rescapés de la Shoah, à un régime d’apartheid. C’est rappeler cette double vérité : les Juifs ont droit à un État et Israël est un Etat de droit.

Faire acte de Mémoire et de Justice, c’est réaffirmer notre vigilance face au risque d’une extrême-droite en apparence aseptisée mais galvanisée par le basculement en Italie ou en Suède et qui se sent si proche de l’emporter, demain, en France.

Faire acte de Mémoire et de justice, c’est traquer les théories du complot, les fake news, les manipulations qui paralysent la transmission du savoir universel, c’est tenir ensemble la promesse républicaine de l’éducation qui émancipe,

Faire acte de Mémoire et de justice, c’est refuser la facilité qui voudrait que l’antisémite, le raciste, soit toujours l’autre, c’est inviter chacun à balayer devant sa porte,

Mais faire acte de Mémoire et de justice, c’est aussi rendre le monde, tout le monde, plus juste en luttant contre toutes les discriminations, contre l’intolérance, la haine, les mesures d’exclusion et de rejet véhiculées plus que jamais par les populistes de tous bords,

Faire acte de Mémoire et de justice, enfin, c’est au fond réaffirmer la centralité de l’humanisme dans les valeurs juives et, je le crois, dans notre projet de société.

À nous de le traduire en actes.

Yizkor, que nous nous souvenions et que nous agissions.

 

Yonathan Arfi, Président du Crif