Marc Lévy

Représentant du Crif en Israël

Le billet de Marc Lévy - Le procès oublié de Badinter

09 Avril 2024 | 92 vue(s)
Catégorie(s) :
Opinion

Pour comprendre cet accord entre l’Iran et les grandes puissances sous la direction stratégique des USA, il faut essayer de comprendre la nouvelle politique internationale de l’administration américaine

Eté 2014. Pendant 1 mois et 18 jours, Israël a vécu au rythme des alertes et d’une guerre qui ne dit pas son nom. Un an plus tard. Juillet 2015 : Que reste-t-il de ces jours d’angoisse ?

Le 23 juin dernier, l’Union des étudiants juifs de France a célébré son 70e anniversaire à l’Hôtel de Ville de Paris. Magie des réseaux sociaux, j’ai vécu à distance cette soirée avec enthousiasme et frustration. L’occasion pour moi de replonger dans mes années Uejf.

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

Dov Maimon rejoint les auteurs du Blog du Crif !

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

Pages

Le 1er juillet 1972, l’Assemblée nationale adoptait à l’unanimité la « Loi Pleven » qui réprime l’injure, et la diffamation racistes ainsi que la provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence pour une raison raciste.

Cette loi autorise également, et pour la première fois, les associations dont l’objectif est la lutte contre le racisme à engager les poursuites.

La LICA, telle qu’elle s’appelait alors, sera la première à faire application de cette faculté en engageant des poursuites contre un article publié par l’ambassade soviétique à Paris : « Israël : École de l’obscurantisme ».

L’association « Rencontre chrétiens et juifs » s’associera à la poursuite.

 

L’article commence en évoquant l’éducation des petits écoliers israéliens à qui l’on enseignerait comment traiter les arabes : « il faut les massacrer ».

Le texte poursuit en précisant que les écoliers apprendraient dans leurs écritures saintes, en particulier le « Shulhan Arouh », que le monde doit appartenir aux « adeptes de Yahvé » et que les biens des « non judéens » ne « leur appartiennent que provisoirement en attendant d’être remis entre les mains du peuple élu ». 

Le texte poursuit ses pseudo citations : « Mieux vaut donner un morceau de viande au chien plutôt que de le donner à un goyas » et, « la haine des autres peuples a été inculquée dès le berceau à des générations entières d’Israéliens auxquels il est prescrit de massacrer les goyas sous les voutes divines ». Toutes ces citations sont données avec les mêmes pseudo références hébraïques. 

Et l’article de conclure : « Ces lois du judaïsme sont inscrites dans le règlement de l’armée israélienne… elles constituent l’essence même de la politique de l’ État sioniste. » 

 

Maître Badinter, avec Maître Rosenthal, autre grand défenseur des droits de l’Homme, va organiser et gagner un procès exemplaire au nom de la LICA :

 

• Exemplaire car ce sera la première application de la loi nouvellement votée.

• Exemplaire car il démontrera la fausseté des citations attribuées au judaïsme.

• Exemplaire par la qualité des douxe témoins qui seront cités, parmi lesquels René Cassin, Gaston Monnerville, le Grand Rabin Kaplan, les Pères Braun et Riquet, Léon Poliakoff, et deux écrivains russes : Litvinoff et Svirsky.  Ces derniers permettront de retrouver les origines du texte qui a été copié d’un pamphlet antisémite des « Cent Noirs » mouvement d’extrême droite tzariste, les plagiaires remplaçant simplement le mot « juif » par « sioniste ».

 

Très vite Maître Badinter va désigner le nouvel habit de l’antisémitisme : l’antisionisme.

« Je me disais : [après la Shoah] la bête qui n’est jamais rassasiée, la bête ignoble est cette fois gavée.

Et puis, comme si elle n’attendait que son heure, nous l’avons vu réapparaître avec un vêtement idéologique nouveau, plus subtil, plus dangereux : 

« Ah, ce n’est plus au nom de la race des Seigneurs… c’est sous les traits de la générosité, c’est sous les traits, paradoxe suprême, de l’antiracisme.

C’est sous les traits de la défense des opprimés que nous l’avons vu réapparaitre ! »

 

Ainsi tout était dit il y a cinquante ans ! 

 

Marc Lévy, représentant du Crif en Israël

 

 

- Les opinions exprimées dans les billets de blog n'engagent que leurs auteurs -