Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - Les liaisons incongrues de l'antisionisme

15 Septembre 2023 | 171 vue(s)
Catégorie(s) :
Opinion

Je me suis exprimé sur les enjeux de l'élection présidentielle pour la communauté juive française.

Portrait de Stéphanie Dassa
Documentaire Sauver Auschwitz
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23 Janvier 2017
Catégorie : Opinion

"Sauver Auschwitz ?" un documentaire diffusé le 24 janvier à 22h40 sur Arte 

Le boycott des produits israéliens (nous) glace le sang.

Le racisme qui frappe la communauté asiatique est insupportable.
 

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Depuis des années, l’historien Marc Knobel a de salutaires obsessions et une puissante détermination. L’une de ses salutaires obsessions, sur laquelle il a beaucoup travaillé et mené de profondes recherches, est cette diffusion sans frontières, sans retenues et sans toujours grandes oppositions, des haines multi-formes qui s’entretiennent.

Pour comprendre cet accord entre l’Iran et les grandes puissances sous la direction stratégique des USA, il faut essayer de comprendre la nouvelle politique internationale de l’administration américaine

Eté 2014. Pendant 1 mois et 18 jours, Israël a vécu au rythme des alertes et d’une guerre qui ne dit pas son nom. Un an plus tard. Juillet 2015 : Que reste-t-il de ces jours d’angoisse ?

Le 23 juin dernier, l’Union des étudiants juifs de France a célébré son 70e anniversaire à l’Hôtel de Ville de Paris. Magie des réseaux sociaux, j’ai vécu à distance cette soirée avec enthousiasme et frustration. L’occasion pour moi de replonger dans mes années Uejf.

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

Dov Maimon rejoint les auteurs du Blog du Crif !

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

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Je voudrais, en préambule à cette chronique, rendre hommage au militant exceptionnel que fut Sammy Ghozlan, qui vient de nous quitter et qui a fédéré autour de lui des hommes et des femmes qui sont un soutien inappréciable pour les victimes d’agressions antisémites. Lorsque j’étais Président du Crif, nous avons eu des désaccords, mais nous en avons toujours traité dans une ambiance de respect. Nos origines respectives, lui Constantine et moi la mer Baltique, nous imposaient de profiter de nos différences en amitié. En juillet, j’ai lu qu’un décérébré, chauffeur de foules connu au Likoud, avait hurlé que six millions d’ashkénazes tués, ce n’était pas assez et  j’avais pensé à la réaction de dégoût qu’avait probablement ressentie Sammy Ghozlan en l’apprenant. זיכרונו לברכה

 

Dans cette dernière chronique de l’année, c’est un dégoût de même type que je veux exprimer, et il est indirectement, très indirectement, lié à Roch Hachana. Benyamin Netanyahu a mis en garde sur les risques d’un pèlerinage ces jours-ci à Ouman sur la tombe de Rabbi Nahman de Bratslav et il a ajouté : « Dieu n’a pas toujours protégé les Juifs sur le sol européen et sur le sol ukrainien en particulier ». Ce qui est malheureusement historiquement indiscutable…

Que n’avait-il pas dit ! 

Il fut accusé d’idolâtrie du pouvoir (il y est habitué), d’ignorance (il l’est moins) et enfin de sacrilège et d’hérésie (ce qui doit être une première). La charge la plus dure est venue d’un député de Yahadout Hatora, le parti haredi. Pas n’importe quel député : il est vice-Président de la Knesset et Président de commission, il s’appelle Israël Eichler et s’était distingué dans le passé en traitant les Juifs non orthodoxes de retardés mentaux.

Mais le plus grave, c’est la suite de son discours. « Ce sont les sionistes qui sont responsables des souffrances des Juifs pendant la Shoah… » et, en s’adressant au Premier Ministre : « Taisez-vous au lieu de blâmer le Dieu d’Israël pour vos échecs et vos crimes ».

Je rappelle que son parti appartient à une coalition si sioniste que certains de ses membres voudraient imposer une déclaration de loyauté à l’État d’Israël pour autoriser le vote et que Yahadout Hatora demande une exemption de service militaire pour tous  les étudiants de yechivot, exemption logique si on pense que ces étudiants sont les vrais et seuls défenseurs de la sécurité du pays, exemption scandaleuse pour ceux qui ne le pensent pas.

La présentation du sionisme comme responsable de la Shoah évoque de curieux parallèles. C’est celle des antisionistes les plus virulents, comme Ken Livingstone, l’ancien Maire de Londres. Et c’est aussi le discours d’un multirécidiviste, le Président Mahmoud Abbas. 

Après avoir déclaré l’an dernier, devant un chancelier allemand stupéfait mais passif, que les Israéliens réalisaient en Palestine 50 holocaustes, il vient d’étoffer son discours : les nazis ont bien tué des Juifs en Europe, mais parce que ceux-ci se conduisaient mal, et pas par antisémitisme, puisque ces Juifs n’étaient pas des sémites. Un clin d’œil ici à Shlomo Sand, qui a ressuscité une théorie des Khazars sources des populations juives d’Europe centrale dont les spécialistes de génétique des populations s’accordent aujourd’hui à dire qu’elle repose sur du vent.

Mais au-delà, dans sa thèse de 1982, Mahmoud Abbas reprenait exactement les mêmes accusations que Israël Eichler aujourd’hui : non seulement les sionistes n’ont pas aidé les Juifs d’Europe mais ils en ont même favorisé la suppression (dont à l’époque il minimisait considérablement les chiffres). Leur idéologie était analogue à celle des nazis ; ils voulaient commercer avec eux, se débarrasser de ceux qu’ils considéraient comme des bouches inutiles à la construction de leur état, et pouvoir ensuite se poser en victimes…

N’en jetez plus…

L’Université qui a accordé le titre de Docteur à Mahmoud Abbas pour son brillant travail était l’Institut des Études Orientales de l’URSS, une émanation du KGB, dont il était alors un agent stipendié. Après la déculottée des alliés arabes de l’URSS pendant la guerre des Six Jours, le KGB avait été chargé d’expliquer scientifiquement la nature maléfique du sionisme. Il fit son travail dans la lignée des Protocoles des Sages de Sion et produisit des textes consacrés aux similitudes entre sionisme et nazisme. C’était aussi peut-être un moyen de faire oublier l’alliance germano-soviétique du début de la guerre. Cette propagande archi grossière a été malheureusement archi-efficace.

Dans un assemblage de citations pseudo-scientifiques, trafiquées et décontextualisées, Mahmoud Abbas n’avait plus qu’à se servir. Aujourd’hui, il n’est finalement sorti de sa thèse que pour en aggraver les mensonges. Sa prétendue hostilité à l’antisémitisme est à mettre au regard de sa définition personnelle du sémitisme. Elle est aussi crédible que celle du rappeur Médine et des autres islamistes.

Tous se retrouvent dans la même diffamation du sionisme que l’ultra-gauche et les haredim dans un attelage baroque et déprimant.

Dans le mouvement haredi on croyait que des déclarations antisionistes aussi violentes étaient le fait de marginaux du Netourei Karta ou de certaines branches du Satmar, tels ceux qui sont allés à Téhéran vomir sur Israël auprès de Ahmadinejad. Mais là, il s’agit d’un député israélien, provenant de la hassidout de Belz, un mouvement hassidique en expansion et réputé être parmi   les plus progressistes.

 

En Israël aujourd’hui, un clivage en cache d’autres, à l’intérieur de la coalition actuelle comme dans la coalition précédente, bien que ces clivages ne soient pas les mêmes. 

Raison de plus de ne pas faire dépendre les bases de la société sur des majorités de rencontre disparates sans qu’existe un vrai socle constitutionnel largement accepté.

Ce socle ne peut pas, ne doit pas être théocratique, ce qui ne signifie pas qu’il doive expurger les valeurs du judaïsme.

Un espoir pour la nouvelle année…

Chana tova

 

Richard Prasquier, Président d’honneur du Crif

 

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