Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - Typologie du mensonge dans la société

08 Décembre 2022 | 132 vue(s)
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Actualité

Aux côtés de Bruno Valentin, prêtre du diocèse de Versailles et Ahmet Ogras, vice-président du CFCM sur le plateau de BFM TV, j'ai réaffirmé mon sentiment d'horreur face à cet acte barbare qui s'est passé ce matin.

 

Il est peut être temps de poser à ceux qui relaient les théories du complot - en particulier sur les réseaux sociaux - des questions déstabilisantes.

Dans une interview donné à Patrick Perotto de L'Est Républicain, je suis revenu sur l’un des défis des années à venir : combattre les idées de haine qui se répandent sur internet

I was interviewed in English and French, on EJP , Tuesday, May 31, 2016.

J'ai été interviewé, en anglais et en français, sur EJP, mardi 31 mai 2016.

Suite à mon élection à la Présidence du Crif, j'ai répondu aux questions de Paul Amar, sur tous les sujets de préoccupations des Juifs de France.

Prix Nobel de littérature en 2002, l'écrivain hongrois Imre Kertèsz est mort à Budapest le 31 mars 2016. Son dernier livre, "L'ultime auberge" a reçu, le 22 mai 2016, le Prix Spécial du Jury 2016 du Salon du Livre de la Licra-Paris

Voici le discours que j'ai prononcé après le vote de l'assemblée générale du Crif.

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Lors du 9ème Salon du Livre de la Licra, deux écrivains ont reçu un prix

Là-bas, la crainte d'une menace russe est la principale raison qui exacerbe les passions identitaires.

 
Lors d’une allocution devant le Conseil de sécurité, Rafael Ramirez, représentant du Venezuela auprès des Nations-Unies, a lancé… « Qu’est-ce qu’Israël a l’intention de faire avec les Palestiniens ? Vont-ils disparaître ? Est-ce qu’Israël cherche à imposer une Solution finale sur les Palestiniens ? » 
 

Décryptage.

 

Des 27 avril au 10 juin 2016, se tiendront les journées nationales des Mémoires de la traite de l’esclavage et de l’abolition.  Souvenons-nous.

Nouvelle erreur de casting - Au lendemain de l'émission Dialogues Citoyens, retour sur Marwen Belkaid, un invité pas comme les autres.

Seuls, nous ne pouvons rien. Tous unis nous pouvons tout.

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Opinion

Jean-Pierre Allali partage avec vous ses appréciations littéraires au fil de ses lectures. Aujourd'hui, il nous parle du livre de Techouva, de Frédéric Lauze.

Jean-Pierre Allali partage avec vous ses appréciations littéraires au fil de ses lectures. Aujourd'hui, il nous parle du livre de Dina Porat, Le Juif qui savait Wilno-Jérusalem : la figure légendaire d’Abba Kovner, 1918-1987.

"On s'est dit au-revoir. C'était un au-revoir mais qu'y avait-il derrière cet au-revoir ?"

En 2017, Roger Pinto, sa femme et son fils ont été séquestrés, violentés et détroussés à leur domicile de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), "une agression antisémite" condamnée par le Crif et le ministre de l'Intérieur. Une première ?

Thierry Noël-Guitelman est un journaliste, membre de l'association Hébraïca à Toulouse. Il a engagé, en 2004, des recherches familiales sur l'étoile jaune, sa tante Ida Seurat-Guitelman, ayant obtenu une exemption.

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Au moment où la presse  essaie de nous informer sur les événements en Iran, le courage des femmes et la férocité de la répression, le Teheran Times, vitrine anglophone soi-disant libérale du régime iranien, regrette uniquement  la mort de plusieurs policiers au cours des manifestations et l’attribue à la trop grande humanité du régime islamique qui limite, parait-il, le recours à la force et laisse parfois la police sans défense devant des manifestants déchainés, payés en sous-main par l’impérialisme américain et par le pays que vous savez, qu’il est interdit de nommer puisqu’il n’existe pas…

Le journal comparait ces événements avec la répression épouvantable qui n’aurait pas manqué d’avoir lieu en Angleterre si de telles manifestations s’y étaient produites, et il attaquait le premier ministre canadien qui s’était permis de critiquer l’Iran, alors que le palmarès du Canada en matière de Droits de l’Homme est, comme chacun le sait, particulièrement catastrophique…

Un tel discours est un mensonge de type classique. Il part de faits réels, en l’occurence la mort de certains policiers au cours des manifestations en Iran d’une part, le scandale des enfants amérindiens au Canada qui au siècle dernier avaient été placés dans des écoles dont certaines ont été des mouroirs d’autre part. A partir de là, pour construire l’argumentaire, certains faits sont massivement amplifiés, d’autres sous-évalués ou mis en doute. Les chiffres donnés par l’adversaire ne sont évidemment pas pris en compte : il est illégitime en raison des crimes qu’il a ou qu’il aurait commis dans le passé, ou de ses projets malfaisants dans le futur.

Bien sûr, c’est le mensonge des antivax, on surestime les effets secondaires des vaccins, on sous-estime leur effet protecteur et on ne croit pas aux statistiques officielles puisqu’elles proviennent de Big Pharma, une figure de l’ennemi.

C’est aussi, en se fixant sur un point isolé sur lequel on focalise le doute, le mensonge des complotistes : ceux qui ne croient pas au voyage des Américains sur la lune parce il leur semble voir flotter le drapeau alors qu’il n’y a pas d’atmosphère, ceux qui nient la Shoah parce que la porte d’une chambre à gaz a été replacée dans le mauvais sens, ou les émules de Thierry Meyssan sur le 11 septembre, dont les arguments ont pourtant été soigneusement mis à bas l’un après l’autre.

A côté de ces mensonges qui falsifient le passé, d’autres sont destinés à agir sur le futur. Bismarck, pour provoquer la colère de la France, qui tombera dans le piège, change la formulation d’une dépêche anodine : c’est la guerre de 1870. La police tsariste fabrique les Protocoles des Sages de Sion pour justifier les pogroms : ils continuent d’excréter leur venin 120 ans plus tard.  Staline se débarrasse d’opposants potentiels en fabriquant de faux documents et en extorquant de faux témoignages et même de faux aveux. Lorsque Poutine est chargé d’aider un Boris Eltsine sous le coup d’une enquête, il fabrique un « kompromat » sexuel qui déconsidère le Procureur en charge du dossier. L’objectif de ces mensonges est de susciter une réaction : colère, haine, parfois uniquement le ridicule…

Et puis il y a les mensonges qui altèrent le regard sur le présent…

L’amateur de football s’enthousiasme ou s’effondre suivant que son équipe gagne ou perd, un événement qui ne change objectivement rien à sa vie : les spécialistes parlent de dopamine et d’activation du circuit du plaisir. L’être humain est en effet un inlassable fabricant de représentations qui donnent du sens à son monde et lui procurent du plaisir, mais c’est aussi un être social et beaucoup de ces représentations ne sont pas fabriquées par lui. Elles lui sont amenées par une tradition, qui peut être réactivée, stimulée ou déformée par des maitres spirituels ou… par des maitres, tout court.

Car certains sont avant tout des hommes de pouvoir. Et si leur pouvoir est sans contrôle, ils peuvent imposer une nouvelle réalité. Le mensonge sur ce qu’est le présent, abus de pouvoir au sens fort, est le plus impressionnant de tous. Il se propagera peut-être plus facilement dans un monde où l’image remplace le raisonnement et où la réalité apparait de plus en plus comme une virtualité parmi d’autres.

La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force. Les règles terrifiantes édictées par Big Brother, que Orwell avait tirées de son expérience des pouvoirs totalitaires, s’appliquent devant nos yeux. La guerre en Ukraine n’est pas une guerre, mais une opération militaire spéciale, la soi-disant liberté occidentale est une décadence spirituelle, l’ours russe a le droit de dominer sans prendre d’égard envers ceux s’opposent à lui, car ces derniers sont par définition des nazis.

Dans une émission de grande audience de la télévision russe, des spécialistes discutaient gravement de ce qu’était Volodimir Zelensky. Ils n’étaient pas d’accord : c’était l’Antechrist pour l’un, Satan pour l’autre. Non, un simple démon secondaire, disait le troisième.

Je me suis demandé s’ils croyaient à leurs paroles ou s’ils avaient peur de perdre leur poste. Je ne sais pas et peut-être eux -mêmes ne le savent-ils plus. Alexandre Soljenitsine a écrit dans l’Archipel du Goulag, que le mensonge est consubstantiel à la violence. En tout cas, par peur ou par engagement, le spectateur inactif d’un mensonge devient lui aussi complice de ce mensonge.

Honneur à ceux qui sont morts ou qui croupissent en prison pour avoir défendu la vérité.

Richard Prasquier