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Publié le 30 Avril 2025

Le Crif en action – Yom Hashoah à Strasbourg : Contre un faux humanisme qui exclut de l’humanité les victimes de l’antisémitisme

Le Crif Alsace, avec le Consistoire israélite du Bas-Rhin et l’Union juive libérale de Strasbourg a organisé à Strasbourg une cérémonie pour Yom Hashoah le 27 avril 2025, en présence de plus d'une centaine de personnes et de nombreux élus locaux.

Plus de cent personnes ont assisté à la cérémonie de Yom Hashoah le 27 avril 2025 à Strasbourg, parmi lesquelles de nombreux élus politiques locaux, qui se sont exprimés : Floriane Varieras pour la ville de Strasbourg et Georges Schuler pour l’Eurométropole, Jean-Louis Hoerlé pour la collectivité européenne d’Alsace et Gabrielle Rosner-Bloch pour la région Grand Est. Organisée par le Crif Alsace et son président Pierre Haas, excusé ce jour-là, le Consistoire israélite du Bas-Rhin et l’Union juive libérale de Strasbourg, la cérémonie avait cette année une résonance particulière. Elle se tenait pour la première fois dans le Jardin mémoriel consacré aux victimes de la Shoah du Bas-Rhin, aménagé il y a quelques mois par la ville de Strasbourg, sur les lieux de l’ancienne synagogue détruite par les nazis en 1941.

Lors de cette cérémonie, Simone Polak était également présente. Elle a rappelé avec beaucoup d'émotion qu’il y a exactement 81 ans, le 27 avril 1944, elle fut arrêtée dans le Jura avec 18 autres personnes : toutes déportées, elle en est l’unique survivante, et à 95 ans, elle témoigne encore sans relâche de la Shoah.

 

Sophie Cohen-Elbaz, vice-présidente du Crif Alsace, a introduit la lecture des 1 896 noms d’hommes, femmes et enfants juifs du Bas-Rhin déportés, assassinés par les nazis, devant le mur qui leur est consacré. « Il va falloir une demi-journée pour lire ces noms, il faut une journée entière pour lire ceux des déportés de toute l’Alsace : combien de journées pour pouvoir lire tous ceux des six millions de Juifs ? 4 000 jours, soit onze ans ».

Comparant les signes avant-coureurs des années 1930 avec l’antisémitisme d’aujourd’hui, dans le contexte de la guerre contre le Hamas depuis le pogrom du 7-Octobre en Israël, Sophie Cohen-Elbaz en a dénoncé la singularité contemporaine : « il se pare désormais des vertus d’un prétendu humanisme qui ne regarde jamais vers les victimes juives, qui trouve toujours de bonnes raisons pour légitimer la haine qui se répand contre les Juifs. Un prétendu humanisme qui exclut de l’humanité les Israéliens meurtris dans leur chair depuis le 7-Octobre, un humanisme qui exclut les victimes, les otages retenus dans l’enfer des tunnels de Gaza, un humanisme qui exclut de l’humanité Ariel, Kfir et Shiri Bibas pour lesquels certains ne trouveront pas un mot de compassion, un humanisme qui inverse les valeurs, qui veut chasser tout ce qui se rattache à Israël, ses universités, ses citoyens qu’ils soient de droite ou de gauche, qui veut faire disparaître un État tout entier en hurlant des slogans tels que « from the river to the sea ».

« Alors oui nous devons être vigilants et nous souvenir », a affirmé avec force la vice-présidente du Crif Alsace.

 

Pour sa part, Elie David, président de l’Union juive libérale de Strasbourg, a confirmé ce brillant et nécessaire appel à la vigilance par une érudite évocation de l’œuvre de Victor Klemperer, philologue persécuté par les nazis mais fin observateur et analyste de la perversion du langage décrite dans son célèbre ouvrage Lingua Tertii Imperii. Harold Abraham Weill, grand-rabbin de Strasbourg et du Bas-Rhin, a souligné quant à lui que la sortie d’Égypte du peuple juif tout récemment célébrée à Pessah n’était que le début du destin de la nation juive, de sa vocation à affirmer sa singularité.

 

Enfin, Jonathan Blum, aumônier militaire, a conclu ces exhortations et ces appels au souvenir par la prière El Male Rahamim, avant l’allumage de six bougies figurant la mémoire des six millions de juifs exterminés dans la Shoah, par de jeunes Éclaireuses et Éclaireurs Israélites de France. À l’issue de la lecture des 1 896 noms, Marcel Bicard Mandel, originaire d’Haguenau, a récité le Kaddish des orphelins.

 

François Nagyos, membre du Comité du Crif Alsace

 

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