Jean Pierre Allali

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Lectures de Jean-Pierre Allali – Hamas, Plongée au cœur du groupe terroriste par Mohamed Sifaoui

24 Septembre 2024 | 85 vue(s)
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Actualité

À l’heure de la réconciliation Jérusalem-Ankara, retour sur l’histoire des Juifs de Turquie.

Patricia Sitruk est membre du Comité directeur du Crif

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Israël

Dans le cadre du match de foot qui doit opposer le RC Strasbourg au Maccabi Haïfa FC, le Préfet de la Région Grand-Est a publié ce matin un arrêté inquiétant et profondément dérangeant. Je me suis entretenu avec le Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l'Intérieur, et avec le Directeur de Cabinet du Préfet du Bas-Rhin. Un nouvel arrêté devrait être publié, supprimant notamment l'interdiction des drapeaux nationaux et des signes de soutien aux deux équipes.

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Hamas, Plongée au cœur du groupe terroriste, par Mohamed Sifaoui (*)

 

Tout ce que vous aviez envie de savoir sur le Hamas sans jamais oser le demander. Et plus encore. Le nouveau livre de Mohamed Sifaoui, journaliste et politologue, est une véritable encyclopédie sur la galaxie islamo-terroriste. L’auteur traite le sujet sous tous ses aspects avec une minutie remarquable. Avec l’ignoble pogrom perpétré le 7 octobre 2023 en territoire israélien, le groupe terroriste s’est, par là-même, par son caractère bestial et abject, retranché de la famille humaine. Mais que sait-on de son histoire, de ses alliances, de son idéologie, de ses objectifs, de ses manœuvres, de ses financements et des hommes qui le dirigent et qui le composent ?

 

C’est le 14 décembre 1987 que le Hamas (Acronyme de Harakat Al Muqawama Al Islamiya, Mouvement de la Résistance Islamique) voit le jour, fondé par le Cheikh Ahmed Yassine, né en 1936 à Al-Jura, près d’Ashkelon, quadriplégique à la suite d’un accident en 1952.

S’il ne manque pas, au fil des pages, de critiquer certains dirigeants israéliens, comme le Premier ministre Benyamin Netanyahou, « le « meilleur » allié du Hamas », et ses « affidés », Mohamed Sifaoui, qui précise qu’il ne se considère pas comme un « Arabe », tient à préciser que « les deux belligérants, l’État d’Israël et le Hamas, ne sont en rien comparables ni dans l’idéologie et les valeurs qui structurent leurs actions ni dans leur statut. Nous avons d’un côté un État, avec ses forces et ses faiblesses, ses qualités et ses défauts, régi néanmoins par des principes démocratiques, des textes de loi, des institutions, des engagements internationaux et, de l’autre, une organisation, classée par la quasi-totalité des grandes démocraties comme terroriste, nourrie par l’idéologie islamiste et galvanisée par la pensée djihadiste ». La charte du Hamas comporte 36 articles qui sont égrainés tout au long de cette étude.

Au commencement, il y avait les Frères Musulmans, une confrérie créée en 1928 avec pour objectif avoué la lutte contre la « colonisation culturelle occidentale » et le sionisme.
Une précision importante nous est fournie à propos du pogrom. Si le Hamas est souvent cité comme commanditaire du massacre baptisé « Déluge d’Al-Aqsa », il ne fut pas la seule organisation responsable car au fil des ans, une nébuleuse de groupes terroristes  s’est constituée sous la dénomination de « chambre des opérations », ce qui explique en partie la difficulté à récupérer les otages disséminés entre différentes factions : L’Armée de la Tempête, Les Brigades du Martyr Ali Abou Mustafa, les Brigades du Martyr Abdelkader Al-Husseini, les Brigades du Martyr Jihad Jibril, les Brigades Izz al-Din al-Qassam, les Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa, les Brigades des Ansar, les Partisans, les Brigades des Moudjahidines, les Brigades Al-Quds, les Brigades de la Résistance nationale, Les comités Al-Nasser Salah-Eddine, les groupes du Martyr Aymen Jawda. S’y ajoutent Al-Tawhid wal-Jihad, Majlis Choura El-Moudjahidine, Djeich Al-Oumma, et Djeich Al-Islam sans oublier nombre de civils qui n’ont pas hésité à profiter de l’aubaine pour se livrer à des razzias en règle.

 

Par le biais de notes bien documentés, l’auteur nous brosse le portrait de dizaines de figures de la galaxie islamo-terroriste, du monde arabe, d’Israël et d’ailleurs qui ont joué un rôle dans l’histoire du Proche-Orient. Des mini-biographies très utiles : Yahya Al-Sinwar, l’instigateur du massacre du 7 Octobre, né le 29 octobre 1962 dans le camp de Khan Younès. Astreint à une lourde peine de prison, il fut libéré dans le cadre d’une restitution d’otage, Ismaël Haniyeh, né à Gaza le 29 janvier 1963, l’un des principaux dirigeant du Hamas, mort à Téhéran le 30 juillet 2024, dans une frappe attribuée à Israël, Mahmoud Abbas, né le 26 mars 1935 à Safed, actuel président de l’Autorité Palestinienne, Hassan el-Banna (1906-1949), leader religieux et politique égyptien, fondateur des Frères Musulmans, Azzedine Al-Qassam (1882-1935), religieux antisioniste, tué par les Britanniques, Khaled Mechaal, né le 28 mai 1956, dirigeant du Hamas,  Fatima Omar Mahmoud Al-Nejjar (1936-2006), militante active au sein des Brigades Al-Qassam, Ahmed Qoreï, né le 26 mars 1937 à Abu Dis, près de Jérusalem, qui fut l’un des négociateurs des accords  d’Oslo,  Muhammad Mahmoud Pacha (1878-1941), figure politique égyptienne, Hadj Mohammed Amine Al-Husseini (1895-1914), mufti de Jérusalem et admirateur d’Adolf Hitler, Farid Abdel Khaleq (1915-2014),leader des Frères Musulmans, Mohsen Mohamed Salah, historien spécialiste des questions palestiniennes, Abdel Rahman Al-Banna (1908-1990), frère du fondateur des Frères Musulmans, Mohammed Assad Al-Hakim, dirigeant de la Confrérie né en 1909, Moussa Abou Marzouk, né le 9 janvier 1951, artisan de la trêve entre Israël et le Hamas, en 2008, Abdelaziz Thâalbi (1876-1944), homme politique tunisien, le roi Hussein Bin Talal de Jordanie (1935-1999) qui signa la paix avec Israël en 1994, Mohammed Abdel Rahman Khalifa (1918-2006), Jordanien, leader des Frères Musulmans, Saïd Ramadan (1926-1995), dirigeant des Frères Musulmans, Mahmoud al-Noukrachi Pacha (1888-1948), Premier ministre égyptien, Yasser Arafat (1929-2004), natif du Caire et figure du mouvement national palestinien,  Gamal Abdel Nasser (51918-1970), président égyptien et son successeur Anouar el-Sadate (1918-1981), Hosni Moubarak (1929-2020), lui aussi président égyptien, Khalil Al-Wazir alias Abou Jihad (1935-1988), l’un des fondateurs de l’OLP, Salah Khalaf alias Abou Iyad (1933-1991), l’un des fondateurs de l’OLP, Sayyid Qutb (1966-2006), intellectuel égyptien, Hany Moustapha Naamane Bsissou (1929-1970), représentant des Frères en Egypte, Cheikh Muhammad Awad (1907-2003, érudit palestinien, Al Cheikh Saad Baud Al Tamimi (1923-1998), natif d’Hébron, proche du mufti nazi de Jérusalem, Fathi  Al-Shaqaqi (1951-1995), natif de Rafah, islamiste, assassiné à Malte,  Abdel Aziz al-Rantissi (1947-2004), médecin, compagnon de route de Cheikh Yassine, Mahmoud al-Zahar, né en 1945, médecin, militant frériste, Ibrahim Al-Yazouri (1941-2021), pharmacien, proche de Cheikh Yassine, Abdelaziz Awda, né le 20 décembre 1950 à Gaza, enseignant, l’un des fondateurs du Jihad Islamique Palestinien, Ziyad al-Nakhalah, né le 6 avril 1953 à Gaza, chef du Jihad Islamique Palestinien, Salah Shehadeh (1952-2002), premier dirigeant des Brigades Al-Qassam, Maher Abderrahmane Temraz (1963-2011), dirigeant des Brigades Al-Qassam, Mohammed Al-Charatha (1957-2014), terroriste qui fut condamné à 352 années de prison, Emad Akel (1971-1993), membre influent du Hamas, Yahia Ayache, alias « L’ingénieur » (1966-1996), membre éminent des Brigades Al-Qassam, Abdul Fattah Dukhan (1936-2023), compagnon de route de Cheikh Yassine, Saleh al-Arouri (1966-2024), dirigeant du Hamas, éliminé par un drone israélien à Beyrouth, Omar Abu Shariaa (1975-2007), créateur du Mouvement des Moudjahidin palestiniens, Khaled Abu Hilal (1968-2023), membre du Fatah et créateur  du Mouvement des Partisans, Mohamed Bachar Nemr El-Azizi, natif de Naplouse (1997-2022), fondateur du groupe « La Tanière des Lions », Mohammed Diab Ibrahim al-Misri alias Abou Khaled, né en 1965 à Gaza, chef des Brigades Al-Qassam, abattu par une frappe israélienne le 13 juillet 2024, Marwan Issa (1965-2024), alias Abu Al-Barra, adjoint de Mohammed Deïf, éliminé par un raid de l’aviation israélienne à Gaza, Yousef al-Mansi, né en 1953, ministre palestinien, Oussama Hamdane, né en 1965, basé au Liban et proche du Hezbollah, Marwan Barghouti, né le 6 juin 1959, activiste du Fatah, emprisonné en Israël depuis 1952, Mohammed Dahlan, né le 29 septembre 1961 à Khan Younes, ancien cadre du Fatah, ennemi juré du Hamas,  Amjad Al-Zahawi (1862-1967), érudit islamique irakien, Mohamed Zouari, islamiste tunisien (1967-2016) ingénieur qui aida les Palestiniens à développer des drones. Il fut tué à Sfax dans des conditions obscures, Kaïs Saïed, né le 22 février 1958 à Tunis, président tunisien, Itzhak Rabin (1922-1995), Premier ministre israélien, prix Nobel de la Paix, Benjamin Netanyahou, né en 1949 à Tel Aviv, Levy Eshkol (1895-1969), Premier ministre israélien, Ariel Sharon (1928-2014), Premier ministre d’Israël, Yitzhak Shamir (1915-2012) ; qui fut Premier ministre d’Israël, Ehud Barak, né le 12 février 1942, ancien Premier ministre israélien,  Ehud Olmert, né le 30 septembre 1945, Premier ministre israélien, Shimon Peres (1923-2016),  né Szymon Perski, en Pologne, président d’Israël, prix Nobel de la Paix, Reuven Rivlin, né le 9 septembre 1939 à Jérusalem, qui a été président de l’État d’Israël, Moshé Ayalon, né Moché Smilansky, le 24 juin 1950 à Kyriat Haïm, a été ministre israélien de la Défense, Silvan Shalom, né le 4 août 1958, à Gabès, en Tunisie, a été notamment chef de la diplomatie israélienne, Aharon Aliva, né le 12 octobre 1967, a dirigé le Renseignement militaire israélien, Gilad Shalit, né le né le 25 août 1986 en Israël, otage des terroristes palestiniens qui sera échangé contre 1027 détenus palestiniens le 18 octobre 2011, Bezalel Smotrich, né le 27 février 1980, sioniste religieux, président du parti Mafdal et ministre des Finances israélien, Kfir Bibas, né le 18 janvier 2023, otage du Hamas à Gaza, Yaffa Adar, née en 1938, otage du Hamas à Gaza, qui a été libérée, Khaled Kabub né en 1958 à Jaffa, premier juge musulman nommé à la Cour Suprême d’Israël,   le roi d’Égypte Farouk 1er (1920-1965), Mohamed Morsi (1951-2019), Frère Musulman et 5ème président d’Égypte, Abdel Fattah al-Sissi, né le 19 novembre 1954, Frère repenti et président d’Égypte, Youssef al-Qaradâwî (1926-2022), islamiste égyptien, Bachar el-Assad, fils de Hafez el-Assad et président de la Syrie, Abdallah Azzam (1941-1989), dirigeant des Frères tué dans un attentat au Pakistan, Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud (1924-2015), roi d’ Arabie Saoudite, Mohammad Reza Pahlavi (1919-1980), chah d’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, né le 19 avril 1939 à Mashad, en Iran, guide suprême depuis 1989, Amir Ali Hajizadeh, né le 28 février 1962, commandant de la Force aérospatiale du Corps des Gardiens de la Révolution islamique, Hossein Amir Abdollahian (1964-2024), ancien ministre des Affaires étrangères d’Iran, proche du Hamas, mort dans un accident d’hélicoptère le 19 mai 2024 avec le président iranien, Ebrahim Raïssi,  le cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani, né le 1er janvier 1952 à Doha, qui régna sur le Qatar, Sir Thomas Haycraft (1858-1936), gouverneur  britannique de la Palestine, Jeremy Bernard Corbyn, né le 26 mai 1949 à Chippenham, député anglais, soutien inconditionnel du Hamas, du Hezbollah et de l’Iran, Dwight Eisenhower, 34ème président des États-Unis, Bill Clinton, né le 19 août 1946 dans l’Arkansas, président des États-Unis, Hannah Arendt (1906-1975), philosophe allemande, Julius Streicher (1885-1946), propagandiste nazi, Jean-François Legrain, historien arabisant, Édouard Drumont (1844-1917), polémiste antisémite français, Charles Maurras (1868-1952), essayiste français antisémite, Jean-Luc Mélenchon, né le 19 août 1951 à Tanger, au Maroc, leader de La France insoumise qui refuse de qualifier le Hamas de terroriste ou encore Salâh Ad-Dîn Al-Ayyûbî, le fameux Saladin (1137-1193), qui reprit Jérusalem aux Croisés.

 

Mohamed Sifaoui ne manque pas de souligner ici et là le rôle trouble de l’UNRWA, « totalement phagocytée » par le Hamas et, dans un autre domaine, de rappeler la tradition musulmane du faux-semblant à des degrés divers avec le principe de la taqiyya, entre le double discours et la dissimulation. Autres pratiques coraniques évoquées par l’auteur : la tahdiya, trêve mineure et la hudna, trêve de longue durée.

Une question se pose à laquelle il est bien difficile de répondre : quel avenir pour la bande de Gaza ? Quel sera l’après ? Pour Mohamed Sifaoui, qui demeure dans l’expectative, une chose est sûre : Quel que soit le choix qui sera fait, il y en a un qu’il faudra écarter : que le Hamas continue de contrôler Gaza.
Un ouvrage passionnant.

 

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions du Rocher, août 2024, 364 pages, 22 €.

 

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