Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lectures de Jean-Pierre Allali - La Synagogue, par Joann Sfar

11 Janvier 2023 | 188 vue(s)
Catégorie(s) :
Opinion
Le racisme qui frappe la communauté asiatique est insupportable.
 

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Depuis des années, l’historien Marc Knobel a de salutaires obsessions et une puissante détermination. L’une de ses salutaires obsessions, sur laquelle il a beaucoup travaillé et mené de profondes recherches, est cette diffusion sans frontières, sans retenues et sans toujours grandes oppositions, des haines multi-formes qui s’entretiennent.

Pour comprendre cet accord entre l’Iran et les grandes puissances sous la direction stratégique des USA, il faut essayer de comprendre la nouvelle politique internationale de l’administration américaine

Eté 2014. Pendant 1 mois et 18 jours, Israël a vécu au rythme des alertes et d’une guerre qui ne dit pas son nom. Un an plus tard. Juillet 2015 : Que reste-t-il de ces jours d’angoisse ?

Le 23 juin dernier, l’Union des étudiants juifs de France a célébré son 70e anniversaire à l’Hôtel de Ville de Paris. Magie des réseaux sociaux, j’ai vécu à distance cette soirée avec enthousiasme et frustration. L’occasion pour moi de replonger dans mes années Uejf.

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

Dov Maimon rejoint les auteurs du Blog du Crif !

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

Pages

La Synagogue par Joann Sfar (*) 

 

Le titre de cette énorme bande dessinée est trompeur car, tout compte fait, on y parle relativement peu de synagogue. À 49 ans, cloué au lit par la Covid-19, Joann Sfar se penche sur son passé. Il évoque son enfance, à Nice, sa mère trop tôt disparue, sa famille, ses amis. Pour ce qui est de la synagogue, il avoue qu’il n’aime pas trop assister aux offices avec son père et qu’au lieu de lire son livre de prières, il préfère jouer avec son Schtroumpf. L’occasion d’aller à la synagogue sans y pénétrer se présente un jour quand on lui propose de faire partie du service d’ordre. Chouette : aller à la synagogue mais en restant dehors. Et tant pis s’il vente ou s’il pleut. « Tout plutôt que faire la prière avec les autres Juifs ! Dieu existe… » Oui, Dieu existe ! La preuve, c’est qu’il a de l’humour : « Et que dès qu’il me regarde, il est content de sa blague : il a pris le Juif qui a toujours tout fait pour fuir la synagogue… et lui a offert la fortune grâce à un ouvrage intitulé Le chat du rabbin ». En tout état de cause, « je ne veux pas aller à la synagogue ! Ils crient trop fort, les Juifs ». Mais, lui rétorque son père, « Ce ne sont pas des cris, C’est des chansons » ;

Cela n’empêchera pas Joann Eliaou de faire sa bar-mitzvah !

Pour être vigile, le jeune Sfar doit s’initier aux arts martiaux : kung-fu, karaté, krav-maga, full-contact…

C’est qu’il faut se méfier des skinheads, de l’extrême droite, du GRECE, du Club de l’Horloge, des nazillons à la Faurisson et des antisémites de tous poils.

Joann Sfar évoque, au fil des pages, la colonisation de l’Algérie, pays que son père a quitté naguère en compagnie de son épouse et de ses quatre frères et sœurs, le conflit israélo-palestinien : « On a cependant observé ce phénomène étrange : plus il y avait d’attentats contre les Juifs dans le monde entier, plus les non-Juifs devenaient solidaires de la cause palestinienne… », les propos de Raymond Barre après l’attentat de Copernic, etc.

On suit la carrière de son père, grand avocat qui sera l’adjoint de Jacques Médecin à la mairie de Nice mais claquera la porte quand ce dernier aura rejoint Jean-Marie Le Pen.

Tout au long de l’ouvrage, des clins d’œil sont lancés en direction d’amis ou de personnages chers à son cœur. Voici Joseph Kessel, Jeff pour les intimes, voici aussi Romain Gary, Pratt, Wolinski, Jean-Jacques Rousseau, Lucien Samak, le Grand Rabbin Joseph Sitruk, Abba Kovner… On y trouve même notre amie Martine Ouaknine.

En fin d’ouvrage et pour étayer le texte de la bande dessinée, l’auteur nous propose une éphéméride établie par Tal Brutmann intitulé La météorologie antijuive, qui va du 11 mai 1972, date d’un colis piégé expédié aux époux Klarsfeld au 19 juin 2022 qui voit le Rassemblement national obtenir 89 sièges à l’Assemblée nationale et un florilège de coupures de presse sur les sujets traités dans cette étonnante bande dessinée.

À découvrir.

 

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions Dargaud, Septembre 2022, 204 pages, 25,50 €.