Jean Pierre Allali

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Lectures de Jean-Pierre Allali – Les enfants de la guerre d’Algérie, par Daphna Poznanski-Benhamou

02 Avril 2024 | 94 vue(s)
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Opinion

Bienvenue sur le blog La Chronique (pas tès casher) de Raphaela ! Sur ce blog, Raphaela vous propose ses billets d'humeur sur tout ce qui l'entoure, l'émeut, la touche, la fait rire et la révolte. Et elle a des choses à vous dire...

Depuis plusieurs années, le cinéma international ne cesse de plébisciter les cinéastes iraniens. Asghar Farhadi en est l’exemple même. Cependant, certains réalisateurs n’ont pas la chance d’être autant ovationnés.

Pour leur cinéma engagé, frontal et dénonciateur du pouvoir politique et du régime iranien, grand nombre de réalisateurs iraniens ont été, pour les plus chanceux, contraint à l’exil, tandis que d’autres en détention, subissent le triste sort réservé aux prisonniers iraniens.

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Les enfants de la guerre d’Algérie. Le grand départ, par Daphna Poznanski-Benhamou (*)

 

Née à Oran, l’auteure a quitté l’Algérie en 1962 pour Marseille avant de faire son alyah. Conseillère à l’assemblée des Français de l’étranger, elle est aussi une belle plume. Son nouveau livre se compose de deux parties bien distinctes. Son témoignage personnel sur les événements dramatiques qui ont conduit à la fuite de leur pays natal des centaines de milliers de personnes, d’une part et, d’autre part, le témoignage de témoins venus de tous horizons qui racontent leur propre odyssée. « J’ai exhumé mon témoignage de la gangue dans laquelle je l’avais caché pour qu’il devienne la première partie de cet essai. La seconde partie retentit comme autant d’échos, vingt-quatre personnes qui ont accepté que je me fraye un chemin dans leurs souvenirs. »

Ce qui ressort de la première partie, c’est une langue merveilleuse digne d’une grande écrivaine. Quel talent ! Les fameux Accords d’Évian ont été, pour les Français d’Algérie, dont la communauté juive, une véritable déflagration. C’est alors qu’elle passe des vacances en famille dans le Sersou, une région de hautes terres au sud de l’Ouarsenis, que tout en dégustant les côtelettes de mouton grillées sur un kanoun et une meguina, omelette à la cervelle, que la jeune Daphna entend parler de l’insurrection menée par les fellaghas. C’est le début du drame et de l’horreur. Sa meilleure amie, Aïcha, ses frères, Ali et Yacef, enfants de l’inspecteur Boumendjel et son épouse patos, Micheline, vivent au rythme des tracts du FLN, de l’OAS, des charniers que l’on découvre et des sessions de l’eau nue (l’ONU). Au Village Nègre, c’est l’agitation. Le général De Gaulle allait-il pouvoir rétablir la situation avec son référendum sur l’autodétermination ? Ou alors, s’acheminait-on vers le choix terrible de la valise ou du cercueil ? Inexorablement, « le pays se mit à disparaître par pans entiers ». Mektoub ! Pour la famille de Daphna, il faut partir sans oublier d’emporter la mezouza. Et c’est l’exil.

Dans la seconde partie du livre, des hommes et des femmes nés en Algérie, racontent leur propre odyssée. Des Juifs, des Chrétiens, des Musulmans dont des Harkis. Tous s’accordent sur le fait qu’avant les événements, la concorde était de mise entre tous les habitants. Certains se souviennent de l’assassinat à Constantine, en juin 1961, de Raymond Leyris, grand maître du malouf, beaucoup évoquent le sentiment d’avoir été abandonnés par la France. « Quitter le pays où l’on est né et où on a grandi engendre fragilité et questionnement » dit Nicole O. née en 1950 à Alger. « L’Histoire est longue à panser ses plaies. » À découvrir.

 

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions Ramsay, 2023, 304 pages, 20 €.

 

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