Jean Pierre Allali

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Lectures de Jean-Pierre Allali - Quand le « soleil rouge » les aveuglait, par Évelyne Tschirhart

12 Juillet 2023 | 112 vue(s)
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Opinion

Depuis plusieurs années, le cinéma international ne cesse de plébisciter les cinéastes iraniens. Asghar Farhadi en est l’exemple même. Cependant, certains réalisateurs n’ont pas la chance d’être autant ovationnés.

Pour leur cinéma engagé, frontal et dénonciateur du pouvoir politique et du régime iranien, grand nombre de réalisateurs iraniens ont été, pour les plus chanceux, contraint à l’exil, tandis que d’autres en détention, subissent le triste sort réservé aux prisonniers iraniens.

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Quand le « soleil rouge » les aveuglait, par Évelyne Tschirhart (*)

 

Époustouflant ! Le nouveau livre d’Évelyne Tschirhart est tout simplement magnifique. Enseignante certifiée d’arts plastiques retraitée, l’auteure a vécu en Chine où, à l’époque de la Révolution culturelle, elle a enseigné le français. Elle sait donc de quoi elle parle et la véritable volée de bois vert qu’elle administre au régime communiste de Mao Zédong, le Grand Timonier, et de ses acolytes est amplement justifiée.

Nous sommes en 1972. Vingt-trois ans après l’émergence de la République populaire. Charles et Esther, les deux héros principaux de ce récit haletant sont juifs. Juifs et militants communistes, convaincus que la Chine du « Petit Livre Rouge » alias du « Petit Vermillon » est la quintessence même du bonheur de l’humanité. Ils déchanteront peu à peu au fil des années et finiront même par comparer certaines pratiques des adorateurs de Mao à la barbarie nazie.

Charles a trente ans. Juif d’origine roumaine, il n’a pas connu son père, mort en déportation à Auschwitz et Mauthausen après avoir été interné à Drancy. Il a été élevé par sa mère, Rosa, philosophe Après des études au lycée Condorcet, Charles, professeur certifié de lettres modernes, abandonnera son environnement familial et la Ville-Lumière pour la lointaine Chine.

Esther, Juive elle aussi, la trentaine, angliciste, venait pour travailler au sein de la presse étrangère. Elle avait rejoint la Chine après des déboires sentimentaux.

Ses grands-parents, qu’elle n’a pas connus , ont été déportés et gazés à Auschwitz. Tout comme ses deux familles, maternelle et paternelle. Ses parents, étaient des enfants cachés par l’Oeuvre de Secours aux enfants (OSE) où ils se sont rencontrés. Le père, très jeune, a rejoint la Résistance. Plus tard, il sera médecin et sa femme l’assistera. Une famille traditionaliste où son frère a effectué sa bar-mitsva. Elle a épousé Alain, un Juif éloigné de la religion, dont elle divorcera.

Dès leur arrivée à Pékin, Charles et Esther seront sous la coupe et la surveillance impitoyable de leurs guides et traducteurs : Ma, Li et les autres. Le Parti, ne laisse rien au hasard. Tout est policé. Mais qu’importe, c’est, se disent et se répètent nos héros, pour la bonne cause.

Malgré le danger, Charles tentera un flirt avec une collègue chinoise, Sue Lan, mais c’est finalement Esther qu’il épousera et dont il aura un fils, Elie, qui choisira, lui, de faire son alyah en Israël.

À Pékin, au fil des années de leur mission, Charles et Esther vont se lier d’amitié avec des étrangers de toutes origines, venus, comme eux, réaliser leur rêve d’une société idéale ; jusqu’au moment où les choses deviendront insupportables. Les démissions en chaîne seront inéluctables et le retour au pays d’origine inévitable.

Ce livre est l’occasion de parler des Juifs de Chine et, à travers des commentaires sur le fameux « Pivoine » de Pearl Buck, prix Nobel de littérature et d’évoquer les relations, pas toujours simples, entre le judaïsme et la Chine.

Divertissant et édifiant. À découvrir sans tarder ! 

 

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions Balland, 2022, 322 pages, 26 €

 

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