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Publié le 1er février 2022 dans Le Figaro
La lune de miel entre les Émirats arabes unis (EAU) et Israël perdure malgré la disparition des garants du mariage, Donald Trump et son gendre Jared Kushner, et de l’un de ses protagonistes, Benyamin Netanyahou. Dimanche, le prince héritier Mohammed Ben Zayed (MBZ) a reçu dans son palais monumental le président israélien Isaac Herzog avec un faste particulier.
L’orchestre royal a joué devant les invités la Hatikvah, l’hymne national d’Israël. Puis l’homme fort du richissime pays du Golfe et le chef de l’État hébreu se sont longuement entretenus en tête-à-tête. Les médias locaux ont largement couvert la visite et, sur les réseaux sociaux, les comptes associés au gouvernement émirati ont célébré l’événement.
Une nouvelle alliance
La visite de deux jours a bien failli être perturbée par un invité surprise, le conflit yéménite. Un missile balistique tiré par les rebelles houthistes, soutenus par Téhéran, a été intercepté dans la nuit de dimanche à lundi par les défenses antiaériennes. L’attaque est la troisième depuis le début de l’année visant les Émirats, l’une d’elles avait tué trois personnes le 17 janvier. Qualifié de «provocation» par Abu Dhabi, l’incident a donné du relief au fondement stratégique de la nouvelle alliance: la volonté commune de contenir l’Iran. Il intervient comme une piqûre de rappel alors que les Émirats s’étaient engagés dans de discrets pourparlers avec leur voisin chiite pour tenter de désamorcer des tensions persistantes. Les EAU ont retiré leurs troupes de la guerre au Yémen en 2019, mais restent un membre influent de la coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite.
Mohammed Ben Zayed a indiqué lors de sa rencontre avec Isaac Herzog que les deux partenaires partagent une approche identique des menaces posées par l’Iran. Le président israélien a, pour sa part, confirmé qu’Israël va répondre favorablement aux demandes de coopération militaire des EAU. Un soutien qui passe par la vente de matériel de défense antimissiles et de drones de combat.
Plusieurs milliards de dollars
Au-delà des symboles et de la conjoncture, la rencontre démontre l’enracinement des accords d’Abraham auxquels participent également Bahreïn, le Soudan et le Maroc, mais pas l’Arabie saoudite. En l’espace de 18 mois, les relations autrefois souterraines ont débouché sur une coopération active à ciel ouvert. La normalisation qui met en sourdine la question palestinienne se distingue des «paix froides» signées par Israël avec ses voisins arabes, l’Égypte et la Jordanie.
Elle a des prolongements spectaculaires avec l’ouverture de Dubaï à déjà 250.000 touristes israéliens en dépit des vagues de Covid. Elle pourrait aussi s’accompagner d’investissements massifs d’Abu Dhabi en Israël. Selon le site d’informations économiques Globes, Mohammed Ben Zayed serait disposé à placer plusieurs milliards de dollars dans des entreprises israéliennes dans les dix prochaines années. Il est invité par le premier ministre Naftali Bennett à se rendre à Jérusalem.